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Absolutely Fabiola

Présidente fondatrice de l’association "Vieillir au village" - Drôme
Portrait

Présidente fondatrice de l’association "Vieillir au village", formatrice, infirmière, ancienne adjointe à l’action sociale de Puy-Saint-Martin (26) et actuelle suppléante au Conseil général de la Drôme, Fabiola De Falco est incontestablement une femme d’action. Son dynamisme et sa volonté ne riment cependant pas avec précipitation. A cheval sur la méthode, Fabiola sait aussi s’arrêter, parfois, pour prendre le temps de la réflexion. Portrait d’une bâtisseuse de liens.

Comme son nom ne l’indique pas, Fabiola de Falco a grandi dans le nord de la France. Fille d’un immigré italien qu’elle a vu travailler dur toute sa vie, elle reçoit une éducation religieuse, "on m’a transmis le souci d’autrui", et tient de son père un goût prononcé pour l’action : "Il n’avait pas été à l’école, il s’est débrouillé tout seul. A présent, dès que je pense pouvoir faire quelque chose, je le fais, c’est comme ça".

L’action, elle s’y initie en 1990, lorsque nouvellement arrivée dans la Drôme DE d'infirmière en poche, elle commence à travailler. Libérale, elle exerce sa nouvelle profession à domicile, essentiellement auprès d’une population âgée. Dans les petits villages de montagne, elle rencontre de nombreux aînés et, de fil en aiguille, se rend compte des difficultés du grand âge: "A l’heure où les solidarités naturelles se désagrègent, il ne s’agit plus seulement de problèmes de santé. La solitude, le manque d’attention, de présence et de chaleur humaine constitue une grande souffrance pour les aînés", explique-t-elle. "Quand on est seul, il est difficile de se sentir quelqu’un... "

C’est avec cette sensibilité pour bagage qu'elle s'engage en 1995 dans l’équipe municipale de son village. Adjointe au social du maire de Puy-Saint-Martin, et Vice-présidente du Centre communal d’action sociale, elle dispose dès lors de la légitimité pour agir. Elle commence par élaborer un diagnostic : "Une à une, elle a été voir toutes les personnes de plus de 75 ans de la commune avec un questionnaire et une grille", se rappelle l’ancien édile de la commune. Le travail de Fabiola fait ressortir trois grands pôles : le portage des repas, l’angoisse de fin de journée et le bricolage… Très loin devant la construction de logements adaptés ! Fabiola montre par là même à l’équipe municipale que la politique en faveur des personnes âgées, ce n’est pas seulement le bâtiment…

C’est parce que "les élus changent souvent et qu’il est plus facile d’impliquer les habitants dans un cadre non institutionnel", que Fabiola décide d’agir hors municipalité. En 2001, elle crée l’association "Vieillir au village", pour maintenir le lien entre les personnes âgées et les autres habitants du village. "Vieillir est l’affaire de tous, y compris de la personne âgée… Celle-ci ne doit pas être un objet de préoccupation mais un sujet -acteur de son propre vieillissement. L’originalité de notre démarche, c’est que ce n’est pas la personne âgée qui est au centre mais la solidarité qui est au cœur de la réflexion", explique-t-elle.

Depuis huit ans, "Vieillir au village" s’attache à créer un environnement solidaire organisé en réseau dont l’épine dorsale est le bénévolat. Débutée à Puy-Saint-Martin, l’initiative s’étend aujourd’hui à trois autres bourgs. Fabiola, qui entre temps a obtenu un diplôme de gérontologie et d’ingénierie sociale à l'Université de Provence s’interroge : "Plus le volet d’activité prestations de services augmente, plus les éléments de mesure chiffrés apparaissent identifiables au regard de nos partenaires financeurs. Mais que voulons nous faire? Créer du lien ou des services ?". Elle appelle de ses vœux la création de critères de mesure de la qualité de vie : "C’est évidemment plus difficile à mettre en œuvre, mais ne serait-ce pas plus utile dans l’évaluation de nos actions ?".

Conseillère général suppléante, celle qui demeure présidente de l’association partage aujourd’hui cette question avec ses étudiants. Fabiola est devenue formatrice en soin aux vieilles personnes dans un institut Gineste-Marescotti. Elle enseigne une approche non médicamenteuse des interventions, la prévention de la maltraitance, et invite chacun à s’interroger sur le sens de ses actions : "Sans quoi, irrémédiablement, on s’éloigne du cœur des projets", conclut-elle.

Propos recueillis par Sébastien Poulet-Goffard