Vita’Rue : des activités au service du vivre ensemble et du pouvoir d’agir

Type d'action

• Développement social
• Education
• Inclusion
• Lien social
• Liens intergénérationnels
• Loisirs
• Partenariat / transversalité
• Prévention
• Santé

Département

Sur le vif

« Le public qui vient cherche de l’échange et du bien-être, qu’il soit physique ou mental. », Anne Hengy, coprésidente de l’association Vita’Rue

« L’un de nos objectifs est d’accueillir une population la plus représentative de la population mulhousienne et, pour y tendre, un travail en continu est donc entrepris toute l’année », un bénévole de l’association.

« Nous pensons que l’inclusion d’un maximum de publics aux origines sociales et culturelles différentes est la voie à suivre pour rendre une ville apaisée. Sortir des clivages, créer des passerelles, favoriser le travail partenarial, prendre le temps de définir son projet associatif, inscrire l’action comme un moyen et non comme un but font partis des outils de mobilisation de la participation citoyenne », un responsable de l’association.

Porteur(s) de l'action

Association Elan Sportif et depuis 2018 Association Vita’Rue

Objectif(s) et bref descriptif

Afin d’améliorer le vivre ensemble, d’agir en faveur de la santé et de faciliter le pouvoir d’agir et l’engagement bénévole et citoyen à Mulhouse, l’association Vita’Rue met en œuvre depuis 2009 le festival Vita’Rue. Tous les dimanche matin de fin mai à fin juillet, l'association organise sur les berges de l'Ill des rencontres et des activités reposant sur les notions d’échange, de don/contre-don, d’accueil inconditionnel, et surtout sur la possibilité offerte à chacun de prendre part au projet d’une manière reconnue égale par tous - quels que soient son statut, ses besoins, son projet de vie, son profil –. Le succès de la manifestation permet de fidéliser et mobiliser toujours plus de bénévoles, ainsi que de développer son action à l’année depuis 2013 avec la gestion confiée par la ville d’un nouvel équipement : la Maison des Berges.

Initialement expertisée en 2013, cette action à été mise à jour en 2021.

Origine(s)

L’association Elan Sportif est créée en 2006 à Mulhouse pour aider et accompagner toutes les personnes en difficulté à travers la pratique du sport. Elle est animée par une équipe de bénévoles pluri professionnelle (éducateurs sportifs, travailleurs sociaux, magistrat, médecin…) qui intervient auprès de différents publics pour promouvoir la pratique du sport dans une visée d'accompagnement global et pluridimensionnel (moral, physique, éducatif, psychologique...).

L’équipe de l’association repère vite d'importants problèmes de santé et un fort manque de lien social. Elle constate par ailleurs qu’il n’existe pas à Mulhouse d’événement permettant de réunir régulièrement les habitants dans l’espace public et de leur permettre ainsi de tisser des liens durables. L’association voit pourtant là un enjeu essentiel, dans une ville au passé industriel marqué par de profondes fractures sociales avec d’un côté une minorité plutôt fortunée et de l’autre une population plus précaire, voir paupérisée. Autre constat : à cette époque, les associations de la ville peinent à travailler ensemble et développent chacune de leur côté des projets en direction de publics spécifiques ou sur des thématiques précises.

L’équipe réfléchit alors à la mise en place d’une action favorisant le vivre ensemble, ouverte à l’ensemble des habitants de la ville quels que soient leur âge, leur origine, leur situation sociale… et facilitant l’implication de chacun. En 2008 elle imagine donc le festival « Vita’Rue », qui apparaît comme un moyen de mobiliser les forces vives du territoire. Le principe : proposer, chaque dimanche matin de fin mai à fin juillet, des activités gratuites de différents types à destination de ses publics, mais aussi de tous les habitants, afin de favoriser mixité sociale et vivre ensemble.

Afin de concrétiser le projet, l’équipe de l’Elan sportif va à la rencontre des associations culturelles, de loisir et sportive de Mulhouse pour leur suggérer d’y prendre part en proposant des activités ouvertes à tous. Le projet séduit rapidement plusieurs associations, ainsi que la ville de Mulhouse puis l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui apportent un concours financier. Celui-ci sera complété par l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (ACSE) via le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS).

https://www.youtube.com/embed/HX1APh6I_Lw

Mise à jour

En 2018, après 10 ans d’existence et avec un projet associatif bien consolidé l’équipe décide de s’affranchir de l’association de tutelle l’Elan sportif et de créer une association propre pour ce festival : l’association Vita’Rue. Ce choix est par ailleurs guidé par la nécessité de distinguer les deux projets. Celui de l'Elan sportif qui s’est professionnalisé (salariat) et est positionné sur les thématiques d’éducation et d’insertion par le sport. Et celui de Vita’Rue basé sur la notion de développement et de consolidation du bénévolat, de l'engagement et de l'implication.

Description détaillée

Depuis 2009, chaque dimanche matin de 10h30 à 12h30, de fin mai à fin juillet, a lieu le festival des dimanches de Vita’Rue. Les berges de l’Ill à Mulhouse deviennent alors un lieu de rencontre et d’activités à destination des habitants, notamment de ceux qui ne peuvent partir en vacance. Petits et grands se retrouvent  pour participer à une vingtaine d’ateliers animés par des bénévoles de l’association l’Elan Sportif et d’autres associations de la ville. Ce festival a pour but d’agir en faveur de la mixité sociale mais également de la santé publique avec la recherche du bien-être physique, mental et social, tout en renforçant le bénévolat et en privilégiant l’expérimentation sociale.

La vingtaine d'activités proposées sont variées allant du sport, au jardinage en passant par la cuisine, l’expression artistique et les loisirs créatifs. Quelques ateliers portent des noms évocateurs comme le « boulevard des Méridiens » pour les activités physiques douces, « l’avenue Vitaminée » pour les sports dynamiques. « Au quartier des Mômes » est l’espace dédié aux touts petits, le « cours des sens » est quant à lui dévolu au jardinage ou plus largement à l’environnement, etc.

La mise en place d’instants festifs favorisant la convivialité, l’échange et le vivre ensemble est au cœur du projet. Ainsi, chaque matinée se conclue par un spectacle (démonstration de tango, mini concert avec des musiciens locaux, chants) proposé par des compagnies amateurs ou professionnelles sur la place des Songes de Mulhouse et ceux qui le souhaitent peuvent prolonger les réjouissances en partageant un pique-nique, qui est l’occasion d’une dégustation de ce que l’atelier cuisine a fait le matin même.

La place des Songes constitue ainsi le cœur géographique du projet Vita’Rue. Elle se veut un lieu convivial où sont placés des transats, où l’on peut pique-niquer et où ceux qui n’ont pas envie de participer à une action peuvent s’installer, papoter, échanger, bouquiner...

https://www.youtube.com/embed/4ZSvRJ9Hj0o

Rendre les habitants acteurs

Mais le projet ne se veut pas être un simple fournisseur de services. Ainsi, les habitants sont encouragés à devenir acteurs et force de proposition en proposant et en animant des ateliers. Une approche qui permet de mettre en valeur leurs compétences et leurs connaissances, développant ainsi leur confiance en soi.

En 2013, face au succès de Vita’Rue qui compte près de 4 000 participants par édition (chiffre cumulé de la participation durant dix dimanches consécutifs), la mairie propose à l’association de rénover et gérer une ancienne maison, laissée à l’abandon durant quinze ans, située dans le parc dans lequel ont lieu les Dimanches de Vita’Rue : « la Maison des Berges ». L’occasion pour l’association de structurer d’avantage son projet, laissant une place croissante à l’empowerment et la participation de tous les habitants dans un lieu ouvert toute l’année. Après six mois de réflexion sur les principes de fonctionnement de la maison des berges, l’association et la mairie décident de la mettre à la disposition de toute association ou groupe qui souhaitait y proposer une activité. Non seulement, les activités de Vita’Rue peuvent s’y dérouler à l'abri les jours de pluie, mais en plus, grâce à cet équipement, le projet Vita’Rue se développe avec des prolongements en soirée toute l'année durant lesquels sont proposées d’autres activités : jeux d'ambiance, de stratégie, de cartes, de dés, soirées restauration, soirées ciné-débat, etc.

Seule condition liée à la mise à disposition de cet équipement : dans le respect de l’esprit d’ouverture, des valeurs et du mode d’accueil qui ont cours lors des Dimanches, les activités proposées par chaque association doivent rester ouvertes aux publics des différentes associations de la Maison des Berges. Une charte dans ce sens est d’ailleurs signée par toute association utilisatrice.

L'animation à l'année de ce nouveau lieu permet par ailleurs de valoriser les nombreuses propositions d'engagement citoyen que l’association a enregistré durant le Festival, de nombreux habitants faisant part de leur volonté de devenir bénévole et/ou de proposer des activités. Pour faciliter davantage la participation et l’implication, l’association s’inspire du principe du don et contre don, théorisé par le sociologue Marcel Mauss. Il n’est pas nécessaire de devenir membre de l’association pour pouvoir agir et plusieurs niveaux d’engagement et de participation sont créés. Chacun peut ainsi s’engager en fonction de ses compétences et sa disponibilité. Ainsi par exemple, une personne de passage qui vient « consommer » une activité gratuite peut rendre ce qu’elle a reçu de différentes façons :  en rapportant des matières consommables nécessaires au fonctionnement de la Maison des Berges, en participant à des taches simples (mise en place, rangement…), en transmettant un savoir en animant à son tour un atelier ou en rejoignant l’équipe de bénévoles de l’association. La gratuité des activités devient un outil facilitant la participation et l’engagement bénévole. 

Fédérer les associations locales pour favoriser mixité et inclusion

L’objectif est d’accueillir une population représentative de la population mulhousienne. Aussi l’association Vita’Rue tisse quotidiennement un réseau avec les associations mulhousiennes. Le tissu associatif mulhousien très dense, avec environ 1000 associations pour 110 000 habitants, permet le développement de nombreuses collaborations avec des associations culturelles, sportives ou sociales. De nouveaux publics participent ainsi aux activités proposés à la Maison des berges et durant le festival et beaucoup s’impliquent également.

Au-delà, pour favoriser l’inclusion des publics empêchés, l’équipe de Vita’Rue rencontre régulièrement des associations comme les centres sociaux de la ville, l’Armée du Salut, le service psychiatrique de l’hôpital, l’Association des paralysés de France, les groupes d’entraide mutuelle (GEM) accueillant des publics porteurs de handicap (physique ou mental)… Objectif : expliquer le projet aux équipes et bénéficiaires et les inviter à participer. Aucune compétence ni performance n’est requise ; le projet doit s’adapter à tous les publics. Après ces rencontres, de nouveaux publics sont accueillis, accompagnés en général dans un premier temps par leurs animateurs ou éducateurs. Mais l’objectif est que ces personnes puissent venir par la suite de façon autonome. Résultat : les institutions dont sont issus ces publics proposent à leur tour des activités. Le centre de réadaptation de Mulhouse a ainsi organisé des essais de déambulation en fauteuils, les jeunes de la protection judiciaire de la jeunesse ont proposé un atelier de fabrication de meubles de rangement…

Cette approche qui permet par ailleurs de créer des synergies entre associations qui organisent entre elles des moments conviviaux, s’entraident, se prêtent du matériel, organisent et animent ensemble de nouvelles actions…

Mise à jour

2019 est l’année de la transition pour la 12^ème saison du festival et a vu se mettre en place quelques ajustements : six rendez-vous au lieu de dix pour éviter l’épuisement, des bénévoles de longue date qui sont partis, l’équipe d’organisation en partie renouvelée mais toujours aussi motivée. Le fonctionnement global reste le même et les fondamentaux sont conservés comme l’espace petite enfance, les activités de gym douce, les jeux, la marche nordique, le troc-Livres ou l’espace pique-nique avec les transats sous les arbres… Pour le reste, comme l’atelier cuisine par exemple, ce n’est plus forcément chaque dimanche.

L’association aimerait reprendre dix dimanches pour la treizième édition, mais avec plus de forces vives. Le renouvellement des bénévoles est complexe entre l’usure des uns et l’engagement des autres qui évolue vers d’autres envies, d’autres projets. Cependant, afin d’être plus efficace, l’équipe d’organisation s’est en partie renouvelée et scindée en deux : une partie se charge du contenu des dimanches et du lien avec les animateurs bénévoles, et l’autre partie s’occupe de la gestion financière, des tâches administratives et de la communication.

Autre changement, les organisateurs ont donné un thème général à l’édition 2019 de Vita’Rue, celui de la famille, avec une dominante chaque dimanche, déclinée dans les différents ateliers.

Bilan

• Les différentes actions menées dans le cadre du projet Vita’Rue permettent de créer du lien entre les habitants, et contribuent à un mieux-être, un mieux vivre ensemble.
• Les habitants ne sont pas simplement consommateurs mais deviennent acteurs et force de proposition s’impliquant dans le projet. Ce qui leur permet de mettre en valeur leurs compétences et leurs connaissances, et de développer ainsi leur confiance en soi. Partage et échange de savoirs trouvent tout leur sens dans la mise en œuvre de ce projet.
• Entre quinze et vingt activités sont proposées chaque dimanche.
• Selon le nombre et le type d’actions proposées, entre 300 et 500 personnes participent chaque dimanche, soit près de 3 000 participants pour l’édition 2019 sur 6 dimanches (contre 4 000 participants sur 12 dimanches en 2013, date de notre première expertise de cette action).
• Tous les habitants, quel que soit leur âge, sont concernés.

Partenaire(s)

La ville de Mulhouse, la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations du Haut-Rhin (DDCSPP), les associations locales comme le Groupe d'Entraide Mutuelle « La Navette », la CIE Estro : compagnie d’Art Chorégraphique et de Tango argentin, des centres sociaux, des associations culturelles et sportives ou encore Artisan du monde… Et quelques nouveaux partenaires comme Potocyclettes (réparation de vélos), Bass couture (djing et musique), Philidor (échec), le Tir Saint Etienne (tir à la carabine laser) ou les Saimiris (parkour). La mobilisation des habitants qui souhaitent encadrer des activités est toujours présente.

Moyens

Humains : 150 bénévoles mobilisés chaque année.

Financiers : le budget en 2013 s’élevait à 20 000 €. 15 500 € pour 2021. Le principal financeur est la ville de Mulhouse à hauteur de 8 000 €. Les financements politique de la ville demandant une trop lourde charge de travail. L’association espère un financement du FDVA pour 2021 (3 000 €).

Matériels : ​Vita’Rue met à disposition les moyens logistiques (barnums, tables, chaises, bancs, cuisine, matériel sportif, livres, moyens de communication...) et bien-sûr la Maison des berges. Chaque animateur se chargeant de ramener son matériel spécifique.