Une laverie de quartier qui ne brasse pas que du linge

Type d'action

• Développement social
• Lien social
• Inclusion
• Accessibilité
• Pratiques professionnelles
• Santé

Département

Sur le vif

« C'est un endroit dans lequel on vient laver son linge, au sens propre comme au sens figuré. » Le directeur de la régie des quartiers Saint-Jean

Porteur(s) de l'action

Association « Régie des Quartiers Saint-Jean »

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de créer un lieu de rencontre, de socialisation et de brassage des populations, la régie des quartiers Saint-Jean a créé une laverie associative autour de la combinaison de trois services : pressing, lavomatique et lavoir d'antan. Au-delà de la simple offre de service, il s'agit d'un espace de mixité, d'échanges et d'apprentissages au sein duquel les personnes profitent du temps de lavage pour rencontrer du monde, papoter ou participer à de multiples activités, la laverie retrouvant ainsi sa fonction des lavoirs d'antan, haut lieu de socialisation des femmes sorties de leur foyer, où les langues se déliaient et les liens se créaient naturellement.

Origine(s)

Construite entre 1950 et 1970, la cité des « Prés Saint-Jean» est classée politique de la ville. Elle compte  7 400 habitants ce qui en fait le quartier le plus important de Chalon-sur-Saône. Objet d'un programme de rénovation urbaine, ce territoire se caractérise par une faible présence de commerces et services de proximité. En outre, à la suite de la fermeture du seul lavomatique du quartier en 2007, les travailleurs sociaux font part de leur difficulté à assurer humainement et matériellement l'entretien du linge des personnes en difficultés. Le même besoin est souligné pour les personnes sous tutelle ou hospitalisées n'ayant aucune famille sur place pouvant laver leurs vêtements.

Le Grand Chalon lance un appel à projet CUCS fin 2008. Très présente dans le quartier en étant au contact des habitants de multiples façons - missions de nettoyage, d'entretien d'espaces verts, de second oeuvre du bâtiment, de manutention ou encore de conciergerie - la régie de quartier Saint-Jean propose alors de rouvrir une laverie permettant ainsi de répondre à un vrai besoin de service tout en effectuant un travail de pédagogie autour de l'hygiène. Une laverie associative existe depuis sept ans au Creusot, portée là aussi par une régie de quartier, avec laquelle celle de Saint-Jean se met en lien pour monter ce projet.

Après une procédure de trois à quatre mois pour sélectionner le projet, celui-ci est présenté au financeur, puis à un comité technique, avant de constituer un comité de pilotage. La décision finale de validation du projet intervient en mars 2009. Après une phase de mise en place du projet et de travaux, la laverie associative ouvre ses portes au public moins d'un an après le 4 janvier 2010.

Description détaillée

Entretenir son linge à moindre coût : une porte d'entrée unique via une offre de service pour un brassage des populations
Le choix a été fait d'implanter la seule laverie du quartier sur l'axe principal conduisant à la zone industrielle de telle sorte que le public lambda puisse s'y arrêter. La laverie associative n'a pas de public cible, il suffit d'avoir du linge à laver ou l'envie de participer aux activités proposées pour y entrer.

Pour avoir accès à la laverie, il faut néanmoins être adhérent de la régie de quartier moyennant un euro par an. De l'attrait des gros tambours des machines permettant aux familles de laver leurs grosses pièces (couettes, couvertures...), aux personnes à faibles ressources qui peuvent entretenir leur linge à moindre coût, l'idée conductrice de cette laverie est de s'adresser au plus grand nombre à travers un service de proximité permettant à chacun de trouver une réponse à ses propres besoins.

Et pendant l'attente... le lavoir,  un rôle sanitaire, mais aussi social...
Une animatrice-médiatrice en contrat aidé est présente sur place pour accueillir les clients, les conseiller, les aider éventuellement à utiliser le matériel et mettre en place des activités. Rechercher un travail, avoir accès à un poste informatique et Internet, trouver une écoute, lire ou encore discuter autour d'un café, la laverie est avant tout un lieu de vie et de rencontre dans lequel l'attente est propice aux échanges tant avec l'animatrice qu'avec les autres usagers.

Si le public vient principalement pour l'utilisation de la laverie, certains ne viennent quant à eux que pour les activités proposées. En effet, nombre d'activités - ateliers mosaïque, peinture, scrapbooking mais aussi des sorties esthétiques - sont régulièrement organisées, l'objectif étant de sortir les gens de chez eux. Une journée phare d'ateliers a lieu tous les quinze jours ou une fois par semaine pendant les vacances scolaires. Via cette offre de service, ces activités sont ainsi plus faciles d'accès car ne nécessitant pas de s'intégrer à un groupe préconstitué.

Une gestion de proximité à travers la présence des acteurs sur le quartier...
Au-delà du service pratique que fournit la laverie en terme d'hygiène et de santé pour le public précaire, dans un quartier où il n'y pas de lieu dédié type PIMMS (Point d'information et de médiation multi services) facilitant l'accès aux structures, la laverie est particulièrement appréciée par le Grand Chalon dans la mesure où elle constitue un point d'appui permettant d'assurer une gestion de proximité.

La laverie est ainsi mise à disposition de la Caf, des centres sociaux ou autres associations pour réaliser des ateliers autour de l'hygiène corporelle ou vestimentaire. Par ailleurs, c'est aussi l'occasion de mettre en lien les personnes, dans le cas où elles en font la demande ou si une situation alarmante est détectée par l'animatrice avec les travailleurs sociaux du département ou de la ville. à l'inverse, ces derniers peuvent aussi s'appuyer sur ce lieu ressource pour orienter les personnes qu'elles accompagnent qui bénéficieront de tarifs préférentiels.

Un bilan prometteur ?
Six mois après l'ouverture en juin 2010, 90% des 120 personnes adhérentes de la régie viennent occasionnellement à la laverie, 5% viennent régulièrement pour utiliser le service laverie et 5% pour les activités proposées.

La communication à l'inauguration de la laverie a mis l'accent sur l'accompagnement social au détriment de l'idée de brassage des populations à travers la mise à disposition d'un service au plus grand nombre, ce qui a pu freiner le démarrage, d'autant que la communication ne se fait que par le bouche à oreille, toute publicité étant interdite dans la mesure où la régie n'est pas assujettie à la TVA.

Les deux tiers des adhérents de la régie étant habitants du quartier, celle-ci souhaite faire connaître le lieu en dehors du territoire pour accueillir un public large.

Les hommes restent par ailleurs un public encore difficile à atteindre, celui de la laverie étant presque exclusivement 100% féminin. Une opération spéciale à destination de ces derniers a été organisée pour la Journée des femmes le 8 mars dernier durant laquelle toutes les machines étaient gratuites pour les hommes. Un seul  a fait le déplacement...

Le taux de fréquentation et de participation aux activités est quant-à-lui satisfaisant avec des groupes comptant huit à dix personnes par atelier.

La régie de quartier note enfin que nombre de remontées positives des usagers portent sur le coté relationnel, la création de lien social et un contact aux autres qui n'existe pas dans une laverie ordinaire.

Bilan

• Création de lien social
• Service de laverie pour les personnes à faibles ressources comme pour les personnes ayant besoin de faire de grosses lessives
• Lieu relais pour assurer une présence des acteurs publics sur le territoire
• Ateliers santé/hygiène
• écoute et aide pour ceux qui en font la demande
• (Possibilité de faire le lien avec les acteurs si besoin de prise en charge sociale)

Partenaire(s)

Investissement financé par
L'OPAC (Office public d'aménagement et de construction)
Conseil régional
Caisse d'épargne
Fondation Schneider

Fonctionnement pour la première année financé par
Conseil régional
Grand Chalon
Ville de chalon
Acse

Moyens

Humains
Un poste temps plein (contrat aidé)

Financiers :

• 57 000 euros d'investissement
• 35 000 euros de budget annuel de fonctionnement