Aller au contenu principal
Enfance & Famille

Protection de l'enfance : Le parrainage, une réponse à l'isolement des jeunes majeurs

Type d'action

  • Lien social
  • Education
  • Protection de l’enfance
  • Accessibilité
  • Accès à l'emploi
  • Partenariat / transversalité

Département

Finistère (29)

Sur le vif

« En tant que chargée de mission à France bénévolat, je perçois plus que jamais la nécessité de continuer dans cette voie du développement du lien social et des solidarités intergénérationnelles. Il faut remonter ses manches et reconnaître avec humilité que l’on ne peut faire seul mais que l’on doit faire ensemble » Marie-Renée de Keroulas, chargée de mission France bénévolat.

« Je suis satisfaite de ce dispositif car il m’a permis de rencontrer une personne qui s’avère s’intéresser à moi et me porte de l’intérêt en m’écoutant et en me donnant des conseils ». Une jeune parrainée

Porteur(s) de l'action

ADEPAPE du Finistère (Association Départementale d’Entraide des Personnes Accueillies en Protection de l’Enfance)

Objectif(s) et bref descriptif

Afin d’assurer un accompagnement de qualité auprès des jeunes majeurs pris en charges par l’ASE, mais également une fois sortis du dispositif de protection de l’enfance, l’ADEPAPE du Finistère a mis en place un dispositif de parrainage en lien avec le Conseil départemental du Finistère et l’association France Bénévolat. Il s’agit d’aider ces jeunes âgées de 18 à 25 ans, sans référents familiaux, à construire leur projet de vie en leur apportant une écoute bienveillante et une aide adaptée, en s’appuyant sur des bénévoles proposant une relation humaine privilégiée. Un accompagnement bien utile, notamment pour les jeunes adultes sorties du dispositif à leurs 21 ans et se retrouvant souvent livrés à eux-mêmes, isolés, sans famille ou adultes sur qui s’appuyer.

Origine(s)

Le Conseil départemental du Finistère dans le cadre de ses missions de protection de l’enfance souhaite assurer un accompagnement de qualité auprès des jeunes majeurs.
Au 1er semestre 2010, un groupe de travail aborde cette question lors des travaux préparatoires au 4ème schéma enfance famille jeunesse : « Comment améliorer l’accompagnement des 16-25 ans ? ». Il émet alors trois propositions pour faciliter une prise en compte globale de ce public : refondre et étendre les contrats jeunes majeurs ; lutter contre les clivages entre dispositifs et contre les effets de seuil ; favoriser la prise en compte de la santé.
Depuis la mise en œuvre du 4ème schéma enfance famille jeunesse (2011-2015), le dispositif des contrats jeunes majeurs a été revu dans un objectif de clarification et d’harmonisation des pratiques, et en vue de renforcer la démarche d’accès à l’autonomie et à l’insertion des jeunes.
Parmi les étapes de révision de ce dispositif figure la question de la continuité des parcours et du besoin d’accompagnement au-delà des 21 ans, date butoir du dispositif des contrats jeunes majeurs. Car en effet, on constate que la fin du dispositif à 21 ans encourage les jeunes de la protection de l’enfance à s’orienter vers des formations ou études de courte durée. Il s’agit pour les éducateurs de s’assurer qu’à 21 ans, les jeunes soient en capacité de travailler et disposent d’une formation qualifiante. Il est donc probable que certains jeunes s’auto censurent ou se trouvent freinés dans leurs projets alors qu’ils auraient les capacités à s’engager dans des parcours de formation ou d’étude plus longs. Ils ne bénéficient donc pas des mêmes chances que les jeunes finistériens disposant d’un soutien familial.

Suite à cette réflexion, un groupe de travail se réunit en 2013 et propose de s’appuyer sur les ressources de l’Association Départementale d’Entraide des Personnes Accueillies en Protection de l’Enfance (ADEPAPE) pour proposer deux nouvelles modalités d’aides aux jeunes : le parrainage et l’aide aux études pour les jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance entre 18 et 25 ans et pour les jeunes ayant au moins deux ans de contrat jeune majeur dans le Finistère. L’association a toute légitimité à faire ce travail puisqu’elle participe déjà à l’effort d’insertion sociale des personnes admises ou ayant été admises dans le service de l’Aide sociale à l’enfance, elle accueille des jeunes qui sont Pupilles de l’Etat ou qui ont été admis dans les services de la Protection de l’Enfance avant leur majorité, et elle les accompagne dans leurs démarches professionnelles, administratives.
L’ADEPAPE fait de ce dispositif une priorité éducative et prend en compte une priorité nationale : favoriser l’insertion des jeunes en encourageant les associations à travailler ensemble, de manière coopérative. C’est donc avec cet objectif qu’un document de cadrage est écrit en collaboration avec l’association France Bénévolat, qui devient partenaire de l’action avec comme but de trouver les bénévoles. Après ce travail préparatoire en 2013 et 2014, l’action débute en septembre 2014.

Description détaillée

Le parrainage, qu’est-ce que c’est ?



Le parrainage consiste en l’accompagnement de jeunes entre 18 et 25 ans par des adultes bénévoles. Les jeunes concernés ont entre 18 et 25 ans et ont connu un parcours à l’aide sociale à l’enfance, et/ou ont bénéficié pendant au moins deux ans consécutifs d’un contrat jeune majeur avec le Conseil départemental du Finistère. En 2014, les jeunes ayant bénéficié d’un parrainage étudient en BTS, en Licence, et en Master pour l’un d’entre eux. Les parrains ou marraines sont des personnes retraitées (17%) ou encore en activités (83%) souhaitant partager leur expérience, soutenir un jeune et s’engager dans une démarche bénévole et associative.
En les mettant en lien avec un adulte « référent », le parrainage vise à répondre à une problématique propre aux jeunes majeurs. En effet, entre 18 et 21 ans, à leur sortie du dispositif de Protection de l’enfance ces jeunes, dépourvus d’appui familial et confrontés à la disparition programmée de leurs adultes de référence (éducateurs, assistants familiaux, psychologues...), se retrouvent livrés à eux même. Pourtant, avec leur parcours de vie, leurs difficultés, ces jeunes ont besoin d’être épaulés, de nouer des relations pérennes avec des adultes. Ce besoin ne peut pas être comblé par des professionnels de l’aide sociale à l’enfance, à cause de problème de distanciation, d’éthique, et d’investissement personnel et émotionnel. Mettre ces jeunes en lien avec un parrain, dans une relation suivie, permet donc de leur proposer un accompagnement et un cadre dans lequel ils pourront gagner en confiance en eux, en compétences et prendre le temps de réfléchir à leur avenir citoyen et professionnel. Le but étant de les aider à construire leur projet de vie en leur apportant une écoute bienveillante, des conseils et des points de repères essentiels à la compréhension de la société actuelle.

Le jeune qui souhaite avoir un parrain doit simplement faire une demande auprès de l’ADEPAPE en remplissant une fiche avec ses coordonnées et la raison qui le pousse à faire cette demande. L’ADEPAPE fait alors remonter la demande à France Bénévolat qui s’occupe de trouver un parrain pour le jeune, en favorisant la proximité géographique entre l’un et l’autre.
Les jeunes peuvent être orientés par un travailleur social, ou bien par le biais des réunions d’informations collectives que l’ADEPAPE organise trois à quatre fois par an un peu partout dans le Département. Le bouche à oreille entre les jeunes permet également de faire passer l’information.
La durée du parrainage est décidée conjointement entre le parrain et le jeune, avec possibilité de renouvellement ou d’arrêt. Une charte d’engagement réciproque est signée permettant de garantir au jeune et au parrain le respect des principes du parrainage. Chacun respecte des engagements basés sur le respect, l’échange et la confidentialité. L’ADEPAPE veille au bon déroulement du parrainage et reste en appui, pour le jeune et l’association de rattachement du parrain.

De la souplesse pour permettre une relation « naturelle »



Pour le moment, le cadre de ce dispositif est assez souple. Il est formalisé par la signature de la charte d’engagement réciproque, mais une réelle liberté est laissée aux binômes parrains-jeunes qui choisissent ensemble les thématiques qu’ils souhaitent aborder, les lieux et la fréquence de leurs rencontres… Cette souplesse est très appréciée par les jeunes majeurs comme par les parrains car elle permet de ne pas institutionnaliser la relation et de laisser les échanges se faire naturellement. « Pour être à l’écoute on ne peut pas être dans un cadre trop rigide, c’est en fonction des envies et des besoins », souligne l’un des parrains.
On ne peut donc pas réduire uniquement ce dispositif à un parrainage visant à combler des besoins éducatifs, ni à une aide pour faciliter l’insertion professionnelle. Il s’agit plutôt d’un accompagnement adapté à de jeunes adultes isolés sans appui familial solide, qui répond à leurs besoins en privilégiant la relation humaine, une relation qui s’inscrit dans la « vraie vie »
Cette relation apporte des bénéfices aux jeunes comme aux parrains. Les premiers se sentent épaulés, ils savent qu’ils peuvent compter sur leur parrain pour une aide dans les démarches administratives, un soutien moral, de l’aide dans la recherche de travail, une ouverture d’esprit… Ce qui les aide à être plus sereins. Pour les seconds, cet engagement permet de créer des liens intergénérationnels forts, amène une ouverture d’esprit, leur permet de partager des moments de bonheur…

Les points de vigilance
Il est important de bien repérer le public sur le territoire et ses attentes afin de répondre au mieux en proposant un parrain proche géographiquement, car si l’association est basée à Quimper les jeunes suivis viennent de l’ensemble du département.
Il est également nécessaire de porter une grande attention au choix des parrains, à leur mise en relation avec les jeunes et à leur suivi. Un travail préalable de préparation du projet est souhaitable pour faire partager objectifs et valeurs par tous. Dans le Finistère, ce travail préparatoire a permis d’écrire le document de cadrage présentant le dispositif de parrainage, le rôle de chacun des partenaires. En effet un comité de pilotage a permis de réunir le département, l’ADEPAPE, France bénévolat et de jeunes bénéficiaires de l’ADEPAPE, pour écrire ce document. Les jeunes ont été très actifs en faisant un travail sur les mots utilisés pour que le texte soit accessible et compris par tous. Ils ont également aidé à définir les critères pour l’évaluation de l’action.
Une question se pose à l’association, comment mobiliser les parrains qui ne suivent pas de jeunes ? Car pour la première année de mise en œuvre du dispositif, il y’avait plus de bénévoles volontaires pour être parrains que de jeunes. France bénévolat et l’ADEPAPE réfléchissent donc à la meilleure façon de communiquer sur ce dispositif pour le rendre attractif auprès des jeunes.
L’accompagnement des binômes parrains/jeunes est aussi un sujet sur lequel les deux associations souhaitent travailler par la suite. Pour qu’un réel lien de confiance se mette en place, l’accompagnement ne doit pas être une intrusion dans cette relation. Il doit simplement être là si le parrain a besoin de conseils, ou prendre le relais en cas de besoin. France bénévolat pense travailler ce point avec des structures extérieures comme l’Union Nationale des Acteurs de Parrainage de Proximité (UNAPP) en proposant par exemple des temps de formation, ou de l’analyse de pratiques pour ceux qui le souhaitent. Ce travail interassociatif pourrait se faire avec Parentel, une association du Finistère, qui offre des services en vue d’ouvrir des espaces de parole et d’action aux membres de la famille et aux professionnels concernés par la question de la parentalité, des relations parents/enfants et des liens familiaux.
Au-delà du lien entre jeunes et adultes retraités ou en activité, il s’agit aussi de s’interroger plus largement sur la question de l’engagement bénévole, comment rendre les jeunes majeurs et les parrains à être plus actifs/acteurs dans ce dispositif, montrer la plus value et les bénéfices de l’engagement bénévole.

Bilan

  • Les premiers témoignages des jeunes et des parrains sont positifs. Sur 55 jeunes de 18 à 25 ans, suivis à l’ADEPAPE, on comptabilise 11 parrainages au 31 décembre 2014.
  • Le parrainage permet de donner des repères aux jeunes adultes sorties du dispositif qui se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes, isolés, sans famille ou adultes sur qui s’appuyer.
  • Les jeunes soulignent les apports du parrainage : aide dans les démarches administratives, soutien moral, aide dans la recherche du travail, nouvelle rencontre, ouverture d’esprit.
  • Pour les parrains ces apports sont : ouverture d’esprit, rencontre intergénérationelle, encourager et partager des moments de bonheur.

Partenaire(s)

Le Conseil départemental du Finistère est le commanditaire. L’ADEPAPE est le porteur de l’action et France Bénévolat est le partenaire principal qui apporte les bénévoles.

Moyens

Financiers
Le parrainage repose sur le bénévolat. Il n’y a aucune contribution financière. Par contre pour l’aide aux études, le Conseil départemental subventionne.

Humains
25 personnes se sont portées volontaires pour parrainer un jeune qui en fait la demande.

Contact

*Mention légale : Le contenu de cette fiche relève de la seule responsabilité de l'Agence Apriles et ne peut en aucun cas être considéré comme reflètant la position des partenaires soutenant le projet Apriles.