A Pierre Bénite : ensemble pour la réussite des élèves
Type d'action
- Lien social
- Inclusion
- Parentalité
Département
Rhône (69)Sur le vif
« Cette action a permis d'impliquer réellement les parents dans l'accompagnement des élèves, tant au niveau de la réflexion que dans la mise en place de protocoles. Grâce à un environnement local de grande qualité, et notamment des enseignants militants, la participation des habitants et la dynamique ascendante ont pu être déterminantes dans le projet », le directeur de l'association de la Maison des Roches.
Porteur(s) de l'action
Association de la Maison des Roches (centre social de Pierre Bénite)
Objectif(s) et bref descriptif
Pour favoriser une meilleure collaboration entre les familles des quartiers populaires, les professionnels socio-éducatifs et l'école, le centre social Maison des Roches organise à Pierre Bénite des rencontres sur les questions d'éducation. Temps d'échanges entre pairs, mais aussi entre parents et professionnels, la démarche a vocation à articuler de manière étroite la réflexion et l'action. Il s'agit de favoriser une meilleure connaissance des pratiques et des représentations pour tenter d'améliorer, à travers la mise en oeuvre commune de projets, le dispositif éducatif et notamment l'accompagnement des élèves les plus en difficulté.
Origine(s)
Depuis le milieu des années 1990, dans la région de Lyon, un groupe de mères de famille s'engage, avec le collectif « Paroles de femmes », dans une démarche de réflexion visant à redynamiser la démocratie et la citoyenneté dans les quartiers populaires. Elles-mêmes confrontées directement à des difficultés d'éducation et de scolarité de leurs enfants, ces mamans s'intéressent particulièrement au thème du lien entre l'école et les familles dans les quartiers. Avec l'université populaire des parents, une recherche visant à croiser les regards entre parents, professionnels de l'Education Nationale et universitaires est réalisée à partir de 2005 sur le thème « enfants décrocheurs, enfants décrochés ». En 2008, ce travail est valorisé à Paris, lors d'une présentation à Sciences Po devant un public de 500 personnes.
A la même époque, à Pierre Bénite, ville de l'agglomération lyonnaise dont la moitié du territoire est en quartier politique de la ville, le centre social Maison des Roches organise des soirées débats sur les questions de parentalité. Ces dernières ne remportant qu'un succès limité, le centre social décide de s'inspirer de l'expérience très concluante de croisement des savoirs sur l'éducation et d'initier un nouveau travail d'enquête avec quatre des mères de famille du collectif « Paroles de femmes ». Entre juin 2008 et juin 2009, grâce à un partenariat étroit avec la Ville, une enquête est menée auprès des parents de la commune et, notamment, ceux des enfants confrontés à des difficultés scolaires et éducatives. Les résultats de l'enquête, centrée sur les besoins des parents, révèlent certaines difficultés dans les relations entre les populations du quartier et l'école.
Sur la base de cette enquête, trois groupes de réflexion réunissent régulièrement des parents d'un côté, des professionnels de l'Education Nationale de l'autre et enfin des professionnels socio-éducatifs. En juin 2009, un atelier collectif réunit les trois groupes dans un temps de restitution et d'échange productif. A la suite de cette expérience, le centre social décide de perpétuer ce type de rencontres - entre pairs dans un premier temps, dans le cadre d'un croisement des savoirs dans un deuxième temps - afin d'aller plus loin en se donnant les moyens d'articuler la réflexion et l'amélioration des pratiques.
Description détaillée
La démarche de « réflexion-action » développée par le centre social et ses partenaires se concentre sur les difficultés rencontrées par les enfants et par les adultes qui les accompagnent (parents, enseignants, éducateurs...) au cours de la scolarité. La démarche cherche à valoriser trois aspects. Tout d'abord, le croisement des savoirs peut faciliter une meilleure compréhension entre les différents acteurs impliqués dans la scolarité des enfants. Ensuite, l'articulation de la réflexion et de l'action permet une appropriation commune des outils mis en oeuvre, pour une responsabilisation de chacun dans l'amélioration des pratiques. Enfin, de manière plus globale, la démarche offre un nouveau cadre de rencontre entre les professionnels de l'Education Nationale et les parents.
Pérenniser une démarche de réflexion porteuse d'une meilleure compréhension entre les acteurs
Entre 2009 et 2010, les trois groupes de réflexion entre pairs (parents, professionnels socio-éducatifs, professionnels de l'Education Nationale) travaillent sur deux thématiques : l'exclusion de l'école d'une part, l'enfant qui ne fait pas ses devoirs à la maison d'autre part. A l'issue d'une dizaine de rencontres par groupe, l'ensemble des participants sont réunis en juin 2010 pour un forum visant à croiser les réflexions. Ce temps d'échange collectif aboutit à la formulation de 14 propositions concrètes, comme « préparer le passage du primaire au collège », « une rencontre régulière et dans la durée entre parents et enseignants » ou encore « valoriser chaque enfant ».
Les groupes de réflexion ont par la suite travaillé sur le thème de l'affectif. Chaque année, environ trois Forums sont organisés. Le premier vise en général à échanger sur le programme des travaux de l'année. Un deuxième forum permet de faire un premier point sur les réflexions engagées. Enfin, le dernier forum de l'année est l'occasion d'effectuer une restitution des travaux et d'échanger sur des actions qu'il serait pertinent de mener. Selon les périodes de l'année, ces temps de rencontre réunissent entre 35 et 90 personnes.
La mise en oeuvre de projets : rendre les parents acteurs du changement
Suite au forum de juin 2010, deux propositions de l'assemblée sont choisies afin d'approfondir la réflexion et de permettre la mise en oeuvre concrète de projets.
Le premier sujet concerne l'exclusion scolaire temporaire de collégiens. Le groupe projet constitué est composé d'enseignants et du principal du collège, de personnes du centre social, dont les « femmes passerelles », et de la coordinatrice du programme réussite éducative (PRE, Ville de Pierre Bénite). Le groupe met au point un protocole expérimental visant à accueillir les jeunes exclus du collège plus d'une journée (de 1 à 5 jours) au centre social et à leur proposer un programme précis. A travers plusieurs rencontres (avec des professeurs, des femmes passerelles, des professionnels socio-éducatifs...), l'objectif est de permettre au jeune de comprendre le sens de la sanction reçue, tout en évitant la rupture de rythme que pourrait susciter le temps de l'exclusion.
Les femmes passerelles assurent le lien avec les parents d'élèves, notamment dans le cadre des groupes de réflexion, afin que ces derniers participent effectivement à la définition du protocole. Dans le cadre de ce protocole, les familles sont reçues à deux reprises par le centre social et la coordinatrice du PRE. Au début de l'accueil du jeune exclu, un contrat d'accompagnement est passé entre l'enfant, les parents, le PRE, le centre social et le collège, qui s'engagent à respecter certains points. A la fin de la période, les parents sont de nouveau reçus pour un bilan au cours duquel les aspects positifs de l'expérience sont mis en avant. Le dispositif, financé dans le cadre du PRE, a vocation à faire le lien avec un accompagnement à plus long terme si besoin, dans le cadre des activités du centre social (avec le contrat local d'accompagnement et de scolarité) ou encore d'actions s'inscrivant dans un parcours réussite éducative.
Le deuxième sujet approfondi s'appuie sur un constat : les dispositifs d'accompagnement socio-éducatif des enfants sont nombreux et difficilement lisibles, pour les publics et même parfois pour les professionnels. Un groupe composé de différents types de professionnels (associations, écoles, ...) s'est donc penché sur la réalisation d'un fascicule présentant les différentes actions d'accompagnement. Un temps d'échange au sein d'un groupe plus large, avec notamment des parents, a permis d'affiner ce travail. La plaquette a été présentée lors d'un forum fin mai 2011.
Pouvoir parler de l'école ailleurs qu'à l'école
La démarche dans son ensemble offre une opportunité pour les parents de communiquer sur des sujets difficiles, puisque relatifs aux difficultés de leurs enfants. Le fait de faire partie de groupes plus larges, d'un groupe de parents mais aussi d'un groupe de parents et de professionnels travaillant sur les questions d'éducation, offre un cadre plus serein et donc plus propice à l'implication des parents. Les rencontres effectuées à l'école sont forcément ponctuelles et souvent directement liées à une difficulté concrète, voire à une situation de crise. La démarche de « réflexion-action » permet aux parents de s'engager sur un temps plus long sur ces sujets, de mieux connaître les professionnels susceptibles de les aider et de prendre du recul, par la confrontation avec d'autres familles, en resituant les problématiques de leurs enfants dans une perspective plus globale.
Bien que le travail d'implication des parents ne soit pas facile, la poursuite des ateliers dans le temps et la mise en oeuvre de projets semblent constituer progressivement des repères importants pour les familles. Le rôle des « femmes passerelles », désormais salariées du centre social, est décisif pour continuer à développer un lien qui ne va pas de soi. Tout en maintenant des groupes dédiés aux questions d'éducation, le centre social souhaite également développer les interventions des femmes passerelles dans d'autres contextes (centre de loisirs, théâtre forum'), afin de permettre à davantage de familles de contribuer à la réflexion sur l'éducation.
Bilan
- Implication lors des ateliers et des forums
- 36 parents différents, une dizaine par atelier en moyenne.
- 46 professionnels différents : 13 de l'Education Nationale, 33 socio-éducatifs.
- Jusqu'à 80 personnes réunies lors des forums.
- Construction progressive d'un partenariat et d'un lien de confiance entre les parents issus des quartiers en difficulté, l'Education Nationale et les professionnels socio-éducatifs.
Partenaire(s)
Portage administratif par le centre social Maison des Roches.
Comité de pilotage : co-animé par la Ville de Pierre Bénite et le centre social. Participants : Etat, conseil général du Rhône, CUCS, Education Nationale (inspecteur, collège, écoles), Mission régionale d'information sur l'exclusion (MRIE) Rhône-Alpes, MJC.
Comité de suivi et comité d'animation : co-pilotage centre social et CUCS. Participants : coordinatrice du programme réussite éducative, prestataire.
Moyens
Financiers
Budget 2010 de 30 700 euros. Financements : 42% Etat (politique de la ville), 26% Ville de Pierre Bénite, 22% conseil général du Rhône, 10% enveloppe REAPP (Réseaux d'Ecoute, d'Appui et d'Accompagnement des Parents).
Humains
Au niveau du centre social : directeur (comité de suivi, animation et copilotage), 1 référente famille et 4 femmes passerelles. Intervention régulière d'un prestataire pendant 2 ans (appui au pilotage du projet et à l'animation des groupes).
Contact
CHARLET Gregory
Centre Social Maison des Roches
Adresse : Avenue de Haute Roche
69493
Pierre Bénite
France
Tél. : 04 78 86 91 89
Courriel : direction.maisondesroches@orange.fr
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