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Gouvernance & Territoires

A Peyrelevade, accueil des réfugiés rime avec développement

Type d'action

  • Développement social
  • Handicap
  • Habitat
  • Etablissement
  • Accessibilité

Département

Corrèze (19)

Sur le vif

« Le gros avantage de Peyrelevade est que le projet porté par la municipalité est accepté par la population locale et les associations qui veulent travailler avec nous, ce qui peut être très enrichissant ». La chef de service du CADA.

Porteur(s) de l'action

Mairie de Peyrelevade

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de redynamiser le bourg et de ne pas laisser vacant les locaux de l’ancienne maison de retraite, la mairie de Peyrelevade, village rural de 800 habitants frappé de plein fouet par la désertification, a décidé d’ouvrir un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA). Monté patiemment et en lien avec la population, par ailleurs largement mise à contribution pour favoriser l’intégration des demandeurs d’asile, ce projet est non seulement facteur de développement local grâce à ses retombées socio-économiques mais il contribue aussi à favoriser le vivre ensemble et à changer le regard porté sur les réfugiés.

Origine(s)

Située dans le Limousin, sur le plateau de Millevaches, Peyrelevade est un petit village de 800 habitants victime, comme beaucoup, de l’exode rural. Depuis 2011 l’Etablissement d’hébergement pour personnes âgées a déménagé pour des locaux plus modernes, laissant les anciens bâtiments inoccupés. Ces derniers ont été acquis par l’équipe municipale, qui faute de pouvoir financer la destruction ou l’entretien de bâtiments vides, souhaiterait les reconvertir dans un projet à la fois peu coûteux en investissements et facteur de développement territorial.
Après avoir un temps envisagé d'y installer des logements locatifs, projet qui ne pourra être mené à bout, le maire entend parler d’un appel à projet lancé par le ministère de l’intérieur pour créer 4.000 places supplémentaires d’accueil temporaire de demandeurs d’asile. Germe alors l’idée d’ouvrir un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), une solution qui constituerait une “opération blanche” pour la commune. Le centre serait effectivement financé par des subventions et par le loyer que verserait l'association gestionnaire. De plus, en faisant ce choix Peyrelevade perpétuerait sa longue tradition d’accueil : dans les années 80 et 90, le village avait déjà accueilli des réfugiés Cambodgiens et Kurdes. Les habitants en gardent un souvenir positif et continuent d’avoir des contacts avec ceux qui se sont installés dans la région, notamment à Limoges ou à Brive.
Afin d’étayer leur choix, une visite est organisée à Montmarault, dans l’Allier. Le maire et ses adjoints y visitent le centre d’accueil qui y est également implanté et rencontrent leurs pairs. Ce voyage, ainsi qu’un déplacement à Chambon-le-Château en Lozère, vont achever de les convaincre. Nombreux sont les facteurs qui confirment que la commune pourrait y trouver un véritable intérêt en termes de développement local : l’occupation des bâtiments et donc la perception d’un loyer, la création d’emplois, la scolarisation des enfants, les retombés socio-économiques pour le commerce local et celles en matière de dynamisation de la vie du village (participation aux animations, à la vie associative…). Quant aux possibles aspects négatifs, l’équipe municipale est également rassurée par les témoignages des différents élus rencontrés.
Si La décision d’ouvrir un CADA dans les locaux de l’ancienne maison de retraite est acquise auprès des élus, le maire souhaite également recueillir l’avis des habitants. Le conseil municipal organise donc plusieurs réunions publiques d’information. En août 2013, plus d’une centaine d’habitants participent alors à la présentation du projet et de ses avantages. La majorité d’entre eux soutien l’idée, même si quelques personnes, notamment des propriétaires de maisons secondaires (40% des habitants de la commune), soulèvent des interrogations et manifestent leur inquiétude.



Près de deux ans s’écoulent entre la première visite à Montmarault et l’ouverture du CADA, durant lesquels les élus conduisent un travail de sensibilisation auprès des habitants qui s’avère payant. En août 2014, soutenu par la plupart de ses administrés le maire dépose un dossier pour répondre à l’appel à projet. Cette démarche bien qu’ inhabituelle pour une commune, est validé en octobre de la même année.
Les travaux peuvent alors démarrer. Pour préparer le chantier, le maire invite par voie de courrier les habitants volontaires à venir l’aider à débarrasser les locaux de l’ancienne maison de retraite. Ils sont alors quelques dizaines à répondre présent pour participer à cette ébauche de Journée Citoyenne. Pour mener à bien les travaux de rénovation, terminés début 2015, la commune emprunte 1,2 millions d’euros, qui sera remboursé par les aides de l’Etat et les loyers perçus. En avril 2015, le CADA ouvre ses portes aux premiers demandeurs d’asile.

Description détaillée

La rénovation de ce bâtiment délaissé à l’entrée du bourg permet de proposer sur 2.350 m2 et trois niveaux, 26 appartements avec cuisine et une buanderie collective à chaque étage. La diversité des logements proposés permet d’accueillir des familles, des personnes isolées mais également des personnes à mobilité réduite. Tous sont équipés de lits, d’un frigo et d’une salle de bain. L’association Forum réfugiés Cosi, choisie par Peyrelevade, gère le centre qui accueille 60 hommes, femmes et enfants de 19 nationalités. C’est ici qu’ils attendent, 18 mois en moyenne, qu’on leur accorde ou non le statut de réfugié.

Revitaliser la commune tout en favorisant l’intégration des demandeurs d’asile
L’impact socio-économique lié à l’ouverture du CADA s’est rapidement fait sentir sur la commune. La présence des réfugiés a en effet permis de maintenir plusieurs équipements locaux ou services publics, comme le bureau de poste qui a vu depuis leur arrivée sa fréquentation bondir de 30%. 



La scolarisation de leurs enfants a également conduit au maintien d’une classe menacée de fermeture. Des emplois ont été créés, celui de l’institutrice mais également ceux des 5 personnes, embauchés localement pour gérer le CADA. Enfin, le commerce local et la vie du village ont été redynamisés.
Les réfugiés sont en effet nombreux à s’investir dans les associations locales, fautes de pouvoir légalement travailler le temps que l’administration régularise leur situation. C’est le cas de cet Ukrainien de Crimée : avant de fuir les conflits, il était décorateur de cinéma. A présent, il réalise bénévolement ceux du spectacle de l’école, ou le char du défilé du 15 août. L’équipe de foot vit elle aussi une seconde jeunesse. La mairie s’efforce d’ailleurs de mettre les réfugiés en lien avec les associations en fonction de leur savoir faire. Un moyen de lutter contre leur isolement (même si le CADA dispose d’un véhicule de service pour aider ses usagers à se déplacer) et de leur permettre de s’occuper tout en se rendant utile.

Mobiliser les associations
La population participe également activement à l'accueil et l’intégration de ces nouveaux arrivants : une association, « Les amis du CADA », est officiellement créée debut 2015 , à l’initiative d’une quarantaine d’habitants désireux de s’impliquer aux côtés de la mairie et de l’association gestionnaire, membres du conseil d’administration. Son objectif est de favoriser en lien étroit avec Forum réfugiés COSI, l’intégration des 60 nouveaux arrivants, au travers d’échanges entre les habitants et les résidents du CADA. Ils sont invités à partager des activités ou des d’évènements, tels de l’aide à l’apprentissage de la langue française, du soutien scolaire, des ateliers de cuisine, du covoiturage… .
Le CADA n’occupant que 60% des locaux, le conseil municipal imagine par ailleurs un projet complémentaire pour les 40% restant. L’idée est d’y regrouper des associations locales pour créer des passerelles et favoriser les liens avec les résidents du CADA. Les bureaux de l’association énergie pour demain, une bibliothèque, une salle des fêtes, une nouvelle association liée au planning familial ainsi que quatre petits logements meublés pour le personnel remplaçant de la maison de retraite ou de la Fondation Chirac (près de 200 personnes au total travaillent sur les deux structures) y prennent place. Une conditions est toutefois posée par la mairie à leur implantation : qu’ils fassent preuve de bienveillance à l’égard des résidents du CADA. Des financements du Conseil départemental, de la Région, de l’Etat et du Fonds social européen permettent de faire les travaux pour mener à bien ce projet. Le pôle associatif a ouvert ses portes le 12 octobre 2015.


Une tradition d'accueil à l'épreuve - Magazine du plateau n°225, juin 2015 from Tele Millevaches on Vimeo.

Bilan

  • La revitalisation du village avec la création d’emplois, la conservation d’une classe qui devait fermer, la préservation de la poste, la redynamisation des associations locales, les retombées économiques (modestes) sur le commerce local.
  • Mobilisation de la population pour favoriser l’intégration des demandeurs d’asile.
  • Création de liens entre habitants et réfugiés.
  • Changement du regard porté sur les demandeurs d’asile.

Partenaire(s)

Forum réfugiés COSI, association « Les amis du CADA », Conseil Départemental.

Moyens

Financiers
L’accueil des réfugiés et la mobilisation des habitants ne représente qu’un coût limité pour la commune : le temps passé et le peu de matériel prêté. Ce sont les services de l’Etat et des associations qui se chargent de l’essentiel de l’effort.
L’investissement de 1,2 millions d’euros visant à rénover le bâtiment accueillant le CADA est entièrement remboursé par les aides de l’Etat et les loyers perçus.

Humains
3,5 ETP, embauchés par l’Association Forum réfugiés Cosi assurent l’accompagnement médico-social des demandeurs d’asile : une chef de service, deux travailleurs sociaux, un agent social hôtelier et une secrétaire qui ont eu une formation de l’association Forum. Tous ont été recrutés localement.
L’intégration des résidents est quant à elle assurée par des bénévoles du village et des associations locales.

Contact

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