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Autonomie

Pays de Mormal, ami des aînés : les seniors, moteur d’une société inclusive

Type d'action

  • Accessibilité
  • Aidants
  • Aînés
  • Développement durable
  • Développement social
  • Habitat
  • Inclusion
  • Lien social
  • Liens intergénérationnels
  • Loisirs
  • Partenariat / transversalité
  • Prévention
  • Soutien à domicile

Département

Nord (59)

Sur le vif

« Seul, au niveau d’une petite commune rurale, on ne dispose pas des moyens suffisants pour mettre en place des actions structurantes. Si on pense en termes de territoire en revanche et qu’on mutualise les forces, on peut penser des projets de façon globale. », Denis Lefebvre, Vice-Président de la communauté de communes de Mormal et gériatre.

« On ressent qu’on est vraiment dans une démarche participative. On peut s’exprimer librement, les idées ne viennent pas de la hiérarchie mais de la base, les élus et les professionnels décident avec les aînés. », Marie-Thérèse, membre de l’Assemblée des séniors et de deux groupes thématiques.

Porteur(s) de l'action

Communauté de communes du pays de Mormal

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de favoriser le « mieux vieillir » des aînés et de construire avec eux une politique dédiée, la communauté de communes du pays de Mormal est la première intercommunalité à s’être engagée dans une démarche de « Ville amie des aînés ». En partant des expériences des aînés, cette démarche participative et partenariale, réunissant aînés, élus et agents, permet la co-construction d’actions liées aux différentes sphères de la vie (mobilité, culture, habitat…). A travers cette démarche, les solutions à apporter aux problématiques engendrées par le vieillissement sont abordées de façon globale et l’idée même de vieillissement est interrogée et non cloisonnée. Le portage, qui laisse une place autant à l’intercommunalité qu’aux communes, permet de développer des actions qu’il n’était pas possible de mettre en place au sein des communes seules et ainsi de mailler au mieux ce territoire étendu et rural.  L’aspect participatif est renforcé par une Assemblée des seniors, mise en place sous l’impulsion d’aînés engagés afin d’assurer la participation du public dans le développement des politiques publiques qui les concernent.

Origine(s)

La communauté de communes de Mormal, située dans le département du Nord, regroupe, depuis 2014, 53 communes rurales sur lesquelles vivent environ 50 000 habitants. Le vice-président en charge de l’action sociale, également gériatre, constate un isolement croissant des seniors et la difficulté de chaque petite commune à développer des actions pour y remédier. En découvrant le réseau « Villes amies des aînés »1, il y voit la perspective de développer une politique globale permettant le mieux vivre des personnes de plus de 60 ans par une approche participative et transversale.

La communauté de communes adhère donc en 2016 à la démarche et la transpose en « Communauté Amie des Ainés (CADA) », car il s’agit de la première intercommunalité à entrer dans le réseau.  Comme l’OMS le prône, la démarche se déroule en plusieurs phases : un temps de co-construction d’un état des lieux du territoire, qui aboutit à un plan d’action ; puis la déclinaison de ce plan d’action. L’intercommunalité organise dans un premier temps des focus groups avec des personnes de plus de 55 ans pour entendre leurs souhaits et besoins et recueillir des propositions d’actions qui pourraient être mises en place. Des échanges avec des acteurs du secteur sont ensuite mis en place pour réfléchir à comment ces actions pourraient effectivement être mises en place. Au total ce sont 51 élus du territoire, 141 ainés (audités par 20 bénévoles formés par le chef de projet CADA missionné à l’époque), 7 aidants et 57 représentants des fournisseurs de services issus du secteur public, privé et associatif qui sont ainsi entendus. Ce diagnostic participatif permet de confirmer que le territoire connait un vieillissement de sa population, qu’il existe de forts besoins en services adaptés et en information et qu’une partie des habitants âgés est en situation d’isolement non choisi.

Un plan d’action est élaboré puis présenté aux partenaires (conseil départemental, groupes de protection sociale…) et adopté en conseil communautaire. Sept groupes de travail thématiques regroupant élus, professionnels et seniors sont ainsi mis en place de 2017 à 2019 pour travailler à la réalisation des 39 actions retenues. Pour formaliser les partenariats (financiers, opérationnels) et leurs engagements, une charte communautaire des solidarités envers les aînés (sur le modèle des chartes proposées par la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole ; A. Lagneau, « La démarche des « chartes territoriales de solidarité » pour un développement sanitaire et social des territoires ruraux », Retraite et société, 2017, consultable ici) est signée en avril 2017. Les engagements sont les suivants : permettre aux aînés de vivre « chez eux » le plus longtemps possible ; faciliter leurs déplacements ; leur offrir la possibilité d’une vie sociale épanouie ; préserver leur santé ; améliorer leur information ; favoriser les politiques « aînés » des autres acteurs du territoire.

Ce cycle 2016-2021 (prolongé de 2019 à 2021 en raison de la crise sanitaire) débouche sur la réalisation de nombreuses actions et permet à la communauté de communes d’être parmi les territoires labellisés « Ami des aînés » au niveau Or (le RFVAA a créé une démarche de labellisation pour permettre une plus grande visibilité et valorisation des politiques publiques innovantes construites avec et pour les aînés, plus d’info). De 2021 à 2022, un nouveau temps d’état des lieux s’engage, composé d’une enquête par questionnaire, de focus groups et d’audits techniques. Il aboutit à un plan d’action pour le deuxième cycle 2022-2025. Une nouvelle charte est signée en octobre 2022 pour renouveler les engagements des partenaires.

Description détaillée

Une démarche ascendante : les aînés au centre

L’objectif principal de la démarche est de penser non pas pour les aînés mais avec eux. Dès le départ, la démarche a démarré en recueillant la parole des seniors et en s’appuyant sur celle-ci pour construire des projets destinés à l’amélioration de leur vie quotidienne. Les actions mises en place proviennent des formulations émises par les aînés. Elles sont travaillées au sein de groupes thématiques où des aînés sont toujours présents.

De plus, un trio d’aînés particulièrement actif dans le développement de la démarche a porté la création d’une Assemblée des seniors afin de pérenniser la dimension participative tout au long de la démarche. Cette Assemblée est ouverte à toute personne de plus de 55 ans du territoire (150 membres début 2023) et se réunit deux à trois fois par an. Ce groupe non défini politiquement et statutairement permet d’informer et d’échanger sur l’avancée de la démarche et des actions. Des personnes relais (une trentaine) font le lien entre l’Assemblée et la population des communes, ce qui permet aussi de donner plus de corps à l’échelon de l’intercommunalité sur lequel les regards sont parfois mitigés au sein de la population. Le trio de départ constitue les coordinateurs de l’Assemblée et sont également présents dans le comité de pilotage et dans le comité technique de la CADA. Une chargée de mission a de plus été recrutée par l’intercommunalité en 2018 pour coordonner l’ensemble des instances et sujets de la démarche et veiller à ce que chacun y ait sa place.

Un partenariat pour toujours associer idées et actions concrètes

Les groupes de travail thématiques sont animés par des élus de communes du Pays de Mormal et sont constitués de membres de l’Assemblée des seniors, et de partenaires. Une complémentarité est ainsi permise : les aînés sont libres de s’exprimer et de donner leur avis ; les professionnels s’inspirent de cette parole et éclairent les modalités techniques ; les élus portent des décisions concertées. Ces groupes réunissent une dizaine de membres une fois par mois environ, ce qui demande aux participants une implication plutôt souple mais sur plusieurs années.

Sept groupes ont donc travaillé au plan d’action 2016-2021 ayant débouché sur de nombreuses actions :

  • Groupe information et communication : force d’écriture et de réflexion, le groupe a réalisé de nombreux guides (sur la communication avec les aînés, contre les arnaques, « seniors et alors ? » …). Des ateliers d’initiation au numérique ont également été développés.
  • Groupe habitat : douze études d’opportunités ont été menées, des projets d’habitats alternatifs ont été accompagnés et des ateliers d’adaptation de l’habitat ont été proposés (en collaboration avec Soliha et certains EHPAD notamment).
  • Groupe mobilité : une plateforme de mobilité « déplacez-vous » a été créée permettant la mise en relation avec des salariés associatifs, donnant la possibilité de réserver un transport à prix accessible soit en ligne soit par appel téléphonique.
  • Groupe santé/aidants : une quinzaine d’ateliers (accueillant chacun une vingtaine de participants) ont été ouverts une fois par semaine sur l’ensemble du territoire, avec l’appui notamment de la conférence des financeurs, pour proposer notamment de l’activité physique adaptée collective ou individuelle. D’autre part, de nombreux aînés découvrent la démarche CADA via ces ateliers.
  • Groupe lutte contre l’isolement : un réseau « Je vous visite » a été développé, avec notamment le support des services à domicile du territoire, par lequel des bénévoles partagent des temps de convivialité avec des personnes demandeuses.
  • Groupe culture : un agenda culturel a été mis en place avec horaires et tarifs adaptés.
  • Groupe personnes handicapées vieillissantes : actions de sensibilisation.

Le nouveau cycle 2022-2025 continue de porter de nombreux projets, en s’enrichissant des premières années. L’année 2022 a principalement été consacrée à l’état des lieux et à la constitution du plan de travail. Les groupes débutés en 2023 connaissent quelques évolutions : les groupes habitat, information et communication, culture et mobilité continuent et accentuent le développement de leurs actions ; le groupe santé/aidants se décline en un groupe prévention et un groupe aidants/aidés ; un groupe animation sociale apparait en reprenant le thème de la lutte contre l’isolement, en valorisant davantage l’action bénévole et intergénérationnelle. Les actions qui seront portées à partir de 2023 devraient donc poursuivre le même objectif de réponse aux besoins des seniors en favorisant les interactions avec le territoire et l’ensemble des habitants.

Une démarche réflexive sur la participation sociale des séniors

Le lancement de la démarche a été accompagné par un sociologue, spécialiste des démarches « amies des aînés », qui a toujours incité à veiller à ce que l’implication des seniors soit réelle et durable dans la définition des politiques les concernant et dans la mise en œuvre des actions.

De 2019 à 2021, une recherche-action a été menée par deux sociologues de l’Université Catholique de Lille sur la participation des seniors (financée par la MSA et la CARSAT), ce qui a permis de déboucher sur des préconisations. Cette étude, portée également de façon participative avec les aînés, met en lumière le caractère expérimental et souple de la démarche. La vision large du vieillissement, le portage institutionnel mais partenarial et un maillage territorial équilibré entre communes et intercommunalité sont des atouts importants qui favorisent la participation. Il ressort néanmoins aussi des difficultés à faire connaitre la démarche et à mobiliser davantage d’aînés du territoire, en particulier des personnes peu impliquées dans la vie associative et collective.

La crise sanitaire de la Covid-19 a également rendu d’autant plus visible la fragilité du public aîné dans le bénévolat, et a mis un frein à l’ensemble de la dynamique, avec notamment des difficultés notables à relancer l’Assemblée des seniors. Parmi les perspectives, une attention est donc portée à renforcer une « participation inclusive », soit développer la participation de tous. Les leviers soulevés vont être en priorité liés à la communication : favoriser le fait qu’elle soit multimodale, multicanale et personnalisée ; créer un groupe « messagers » pour développer une démarche proactive et motivante afin de trouver des bénévoles (personnes-relais, membres actifs de la démarche, bénévoles pour des actions…) et renforcer le maillage du territoire. La démarche CADA est large et complexe, elle recouvre une multitude d’actions et d’instances. Cela a une double conséquence : une certaine méfiance et méconnaissance ; mais une possibilité de rejoindre la démarche de multiples façons.

Bilan

Points positifs

  • 150 seniors participants à l’Assemblée et 25 actions mises en place à l’issue du premier cycle ;
  • La démarche est ascendante et partenariale : les actions destinées aux aînés sont pensées et décidées avec eux ; il existe une interdépendance entre les acteurs et un fort soutien politique et institutionnel qui donnent de la légitimité aux actions ;
  • La démarche est globale : le vieillissement n’est pas seulement perçu dans ses fragilités mais dans sa totalité, les actions sont ainsi pensées pour répondre à l’ensemble des sujets de la vie ;
  • La démarche est réflexive : les actions sont pensées en réponse à un diagnostic, l’accompagnement par les chercheurs soutient la mise en lumière des fragilités et des leçons sont tirées entre le premier et le deuxième cycle ;
  • L’articulation entre intercommunalité et communes favorise le maillage territorial.

Les points d’attention

  • Les fragilités du public âgé doivent être prises en compte dans le support de la démarche. Cette dernière nécessite de pouvoir reposer sur de nombreux aînés car ces fragilités entrainent un turn-over et une implication sujette aux aléas. De même, le renouvellement des élus peut provoquer des difficultés à trouver de nouveaux membres et doit être pris en compte ;
  • Comme pour toute démarche participative, il est plus difficile de toucher des participants et bénévoles peu familiers à la vie associative et collective. L’étendue du territoire peut être une difficulté supplémentaire pour faire connaitre et comprendre la démarche auprès de l’ensemble des aînés ;
  • La focale « aînés » peut circonscrire la démarche en cloisonnant les actions au public cible et freiner le développement social global qu’elle peut produire. Néanmoins une attention à ancrer davantage les actions dans la vie de la « cité » est développée dans le deuxième cycle (à travers une dimension davantage intergénérationnelle, une participation aux instances de travail des projets communaux…).

Partenaire(s)

Les 53 communes de l’intercommunalité du pays de Mormal, le conseil départemental, l’agence régional de santé, la Mutualité sociale agricole, le Clic du pays de Mormal, la Carsat, Malakoff Humanis, AG2R la Mondiale, associations, centres culturels…

Moyens

  • Humains :
    Chargée de mission CADA (création de poste) : 1 ETP
    Référentes sociales (animation et suivi de groupes de travail) : 0.40 ETP + 0.20 ETP
     
  • Financiers : budget de l’intercommunalité dédié « personnes âgées » 2023 : 115 340€. Les financements de partenaires interviennent de manière occasionnelle/spécifique sur des actions (ex : ingénierie sur l’habitat, co-financement sur la plateforme de mobilité…). Veille permanente des appels à projets proposés pour rechercher co-financements pour les actions.
     
  • Matériels : Mise à disposition de salles, communication…

 

 

1. Le Réseau Francophone des Villes Amies des Aînés (RFVAA) promeut au niveau francophone la démarche Villes Amies des Aînés (VADA) initiée par l’Organisation Mondiale de Santé depuis 2010. L’objectif est de créer un réseau international de villes engagées dans l’amélioration du bien-être de leurs habitants âgés en favorisant un mode de travail transversal, la citoyenneté des âgés ainsi que la lutte contre l'âgisme. Plus d’info

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