A Paris, un peu d'Aire pour les familles en difficultés

Type d'action

• Prévention
• Parentalité
• Protection de l’enfance

Département

Sur le vif

« à Aire de famille, on n'est pas surveillé, mais on veille sur nous. » citation d'un papa.

Porteur(s) de l'action

Association Aire de famille

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de venir en aide aux futurs parents en situation de grande précarité, le centre parental de l'association Aire de famille accueille les couples qui attendent leur premier bébé. Contrairement aux centres maternels qui n'accueillent que les mamans et leurs bébés,  Aire de famille apporte une réponse innovante en accompagnant le couple et en le soutenant dans son rôle de premier protecteur de l'enfant. Les parents sont d'abord accueillis dans des studios relais puis, à la naissance du bébé, intègrent un appartement qui sera loué en bail glissant jusqu'aux trois ans de l'enfant.

Origine(s)

Conformément au Code de l'Action sociale et des familles, les femmes enceintes en situation de grande précarité psychologique et matérielle sont prises en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Les futures mamans qui connaissent des problèmes de  logement sont hébergées en centre maternel dont les hommes sont exclus. En 1994, la chef de service d'un centre maternel constate que l'entrée dans sa structure fragilise souvent le couple lorsque le papa est encore présent et pose également la question du logement à l'issue du séjour. Elle imagine dès lors un dispositif permettant de protéger et d'accompagner la triade père, mère, enfant. L'idée du centre parental suscite l'adhésion, mais se heurte aussi à d'importants obstacles : l'état et le Département de Paris se sont, pendant plusieurs années, renvoyé la balle puisque le projet concerne à la fois des enfants de moins de trois ans et pose également la question de l'hébergement  du père. Une rencontre avec la ministre de la famille de l'époque permet, via un courrier adressé à la DASS et au Département de Paris, de débloquer la situation. La petite association Aire de famille et son projet de centre parental obtient le 19 septembre 2002 un avis favorable à l'unanimité de la Commission régionale de l'organisation sanitaire et sociale (CROSS). Les deux années suivantes, les autorisations de mise en place sont signées, avec des engagements financiers de l'état et du Département. Ce dernier finance 60% du budget de fonctionnement au titre de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), l'état prenant à sa charge les 40% restants sur une ligne budgétaire pauvreté-précarité. Le centre parental ouvre ses portes le 15 mars 2004. 

Description détaillée

Le centre parental Aire de famille accueille de jeunes couples dont l'un des deux est parisien et dont la jeune femme est enceinte d'un premier enfant. Il est conventionné pour un suivi de 15 couples et 12 enfants, et s'inscrit dans le cadre des structures expérimentales de la loi 2002.2. L'attribution d'un lieu de vie est le fondement de la démarche. Un hébergement de quelques mois est  d'abord proposé en studio-relais. Le résiduel de la redevance est payé par les résidents. L'accompagnement des familles s'effectue en extérieur (à domicile ou pour différentes démarches) ou dans les bureaux de l'association Aire de famille, un local de 185 m² conçu comme un lieu d'accueil et de rencontre, entre les parents et les enfants. Lorsque la situation familiale le permet, l'hébergement passe du studio-relais à un appartement en bail glissant, situé dans le 19e arrondissement. La famille bénéficie alors de l'Aide personnalisée au logement (APL), le différentiel du loyer étant en principe à la charge du locataire. Pour bénéficier d'un réseau de logements à mettre à disposition des familles accueillies le centre conventionne avec les bailleurs: Adoma pour les studio-relais, les 3F et Paris-Habitat pour les appartements.

L'équipe pluridisciplinaire, composée de deux éducateurs spécialisés, d'une assistante sociale, d'un éducateur de jeune enfant, d'un psychologue et d'un pédiatre non salarié, propose un accompagnement de la personne dans sa globalité fondé sur l'engagement réciproque des jeunes parents et de l'équipe.  Signé conjointement, le contrat d'engagement est un outil spécifique à usage interne qui clarifie le projet du centre parental et le partenariat entre les professionnels et les familles. Il précise les attentes réciproques, les objectifs à atteindre, la fréquence, les temps et les lieux de rencontre.
Celui-ci balaye également l'ensemble des volets susceptibles de venir en aide aux jeunes couples : administratif, aide à la conjugalité, à la parentalité, au logement, à la santé, à la gestion du budget, à l'orientation professionnelle, à l'emploi, aux relations avec la famille, à l'intégration dans le quartier. Chaque couple est suivi par un référent qui organise les rendez-vous à l'association, les visites à domicile et l'accompagnement pour des démarches extérieures. Concernant la naissance et les premiers soins de l'enfant, le référent qui accompagne le couple durant la grossesse est en lien avec la sage-femme, le praticien en haptonomie, le personnel de la maternité, puis la PMI. Concernant l'accompagnement professionnel et social des jeunes, l'association travaille avec les partenaires du quartier : mission locale, centre d'initiatives pour l'emploi des jeunes, associations.

C'est la cellule ADEMIE (Aide départementale envers les mères isolées avec enfants) qui centralise et transmet les demandes des candidats à Aire de famille.  Mais au-delà des critères administratifs, après avoir présenté précisément le centre parental aux futurs résidents, l'équipe est vigilante à un certains nombres d'éléments qui marquent les parcours de vie des candidats : les parents ont-ils le désir d'élever leur enfant ensemble' Veulent-ils être accompagnés' Un des deux parents a-t-il été placé' A-t-il été victime de maltraitance' Ces critères sont autant d'indicateurs qui permettent de penser que lors du séjour à Aire de famille, les parents pourront consolider leur lien et par la suite, s'insérer au mieux dans la société.
Au moment de la  mise en place du centre parental, les problèmes liés à l'accès aux crèches constituaient un véritable frein au processus d'insertion. Depuis,  un gros travail de partenariat a été réalisé et permet un accueil de qualité des bébés et de leurs parents dans les crèches et haltes garderie associatives du quartier.

Bilan

• Depuis son ouverture le centre parental a accompagné 39 familles.
• Soixante-huit pour cent d'entre elles sont sédentarisées sur un quartier après le glissement du bail à leur profit.
• Les enfants sont ouverts sur le monde, tous ont pu être scolarisés à leur 3 ans et s'adaptent bien.
• à l'issue du séjour aucun enfant n'a fait l'objet de mesure de protection ou de placement en dehors du milieu familial.
• Les jeunes parents profitent de la sécurité que leur apporte leur séjour pour faire des formations qualifiantes et obtenir des diplômes reconnus.
• Les retissages des liens avec la famille élargie, dans la distance et avec prudence, permettent d'inscrire l'enfant dans ses deux lignées.
• Même en cas de séparation, les deux parents sont restés investis auprès de leur enfant.
• Leur objectif est de ne pas répéter sur leur enfant ce qu'ils ont eux-mêmes subi.

Partenaire(s)

Maternités, missions locales, ASE, PMI, Assistantes sociales de secteurs, CAF, PJJ, Associations, Clubs de prévention, Dispensaires, Services d'addictologie, Centres de formation, Entreprises d'insertion, Crèches, Haltes garderie, Médecins de quartier...

Moyens

Humains : 7,65 ETP

Financiers
Budget prévisionnel 2010
Total des charges brutes : 583 963 euros
Participation résidents : 67 635 euros
Prix de journée : 33,68 euros
Part Aide sociale à l'enfance : 20,21 euros
Part de l'état :13,47 euros

Matériels
Un espace agréable d'accueil pour favoriser la rencontre de 185m², avec deux salons d'entretiens confortables.
Un ordinateur connecté à Internet à la disposition des résidents.
Une petite cuisine pour confectionner des repas.
Un espace enfant avec des jouets.
Des couleurs, un piano, des photos d'art des familles.


 >>Consulter l'article du Journal des acteurs sociaux