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Insertion

Nous habitons avec une personne sans domicile fixe

Type d'action

  • Lien social
  • Inclusion
  • Habitat
  • Accès à l'emploi

Département

France entière

Sur le vif

« Le problème des gens à la rue c'est l'exclusion, et donc la solitude. La famille c'est le rempart de la pauvreté. Quand on est dans une famille solide on a toujours un parent qui va vous tendre la main. Ces personnes sont à la rue parce qu'elles n'ont plus de famille. Là l'idée c'est de lui dire voilà tu n'es plus seule. On leur propose ces colocations et on vit ensemble, tout simplement. » Le co-fondateur de Lazare.

Porteur(s) de l'action

Association Lazare

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de permettre à des personnes sans domicile fixe ou en grande précarité de retrouver une place dans la société, l'Association Lazare propose des colocations à Paris, Nantes et Lyon avec des étudiants, des jeunes actifs ou encore des couples avec des enfants. Cette action permet de faire cohabiter des personnes aux origines et aux parcours très différents, assurant une mixité sociale et solidaire. La promotion du vivre ensemble est rendue possible grâce à quelques principes simples: chacun est traité sur un pied d'égalité et chacun est responsable au sein d'un système qui s'auto-organise. Ainsi, les personnes en perte de lien social ne sont pas enfermées dans un rôle d'accueilli et d'assistance...

Origine(s)

Selon la Fondation Abbé Pierre, 3,6 million de personnes sont mal logées ou n'ont pas de lieux de vie. Pour pallier à cette situation, des initiatives innovantes sont développées, comme celle de l'Association pour l'Amitié (APA), créée en 2006. A l'origine de cette institution, Trois jeunes, ainsi que trois SDF. Inspirés par l'action de grandes figures de l'humanitaire chrétien, et notamment celle de Parent B Theresa, ces jeunes actifs décident de se mettre en colocation avec trois SDF qui ont monté avec eux le projet. Ils s'installent alors dans un appartement du 4ème arrondissement de Paris. Ils vivent ainsi 2 ans, et décident d'étendre le projet dans la capitale, afin que d'autres personnes puissent vivre cette expérience. Par l'intermédiaire de dons de grandes Fondations, de collaboration avec des bailleurs, ou même de dons provenant de particuliers, le nombre de colocataires passe de 6 à 24, de 24 à 50, pour atteindre à Paris près de 90 personnes aujourd'hui. En 2010, l'association Lazare est fondée dans l'objectif de s'étendre dans le reste de la France. A l'heure actuelle, cinq appartements à Lyon et quatre appartements à Nantes accueillent 30 personnes et de nouvelles habitations sont en projet à Toulouse et à Toulon. La colocation ne finit pas de s'agrandir.

Description détaillée

L'admission
Les colocations n'ont pas pour dessein de suppléer les services sociaux. Il s'agit bien d'aider les habitants à retrouver une existence normale, en vivant avec des gens sans difficulté particulière, dans un cadre ordinaire. Pour cela, des critères ont été fixés afin que chacun puisse vivre la colocation dans une ambiance sereine. Les personnes connaissant de trop grandes dépendances par rapport à l'alcool, à la drogue ou ayant des troubles psychiques trop lourds, ne peuvent intégrer l'appartement. L'hébergement n'est soumis à aucune durée et est adapté selon les besoin de la personne. Ce sont les assistants sociaux(AS) des collectivités de la région, ou encore d'associations, toutes rencontrées et informées du projet, qui proposent de nouveaux locataires suivant ces critères. Les futurs habitants s'engagent à continuer d'être suivis afin d'être aidés sur les plans social et psychologique. L'AS s'engage aussi à accompagner la personne vers d'autres dispositifs si la colocation se passe mal. Ce genre de situations reste cependant marginal.

Le règlement de la colocation
Comme dans chaque famille, des règles sont mises en place afin d'assurer le bon fonctionnement de la vie en communauté. Ces principes ont été fixés de façon collégiale, au fur et à mesure de la colocation. Le règlement est simple afin qu'il soit facile à mémoriser. Il est basé sur quatre grands principes :

  • Pas d'alcool, de cannabis, ou de substances illicites dans les appartements, parce que cela engendre de la violence et que ça nuit au bon fonctionnement de la colocation. Les personnes, si elles le souhaitent, sont orientées vers des alcoologues ou des addictologues.
  • Les violences verbale et physique sont interdites
  • Chacun à un service à rendre à la communauté dans la mesure de ses capacités. Dans les grands centres de réinsertion, les plus petites responsabilités de la vie quotidienne, comme faire à manger ou faire le ménage, sont effectuées par des professionnels. Or, pour que les personnes puissent retrouver leur place, il est important qu'elles acquièrent de l'autonomie.
  • Un soir par semaine toute la colocation se retrouve pour partager un dîner et un temps est réservé pour parler de la vie ensemble, mais aussi pour s'exprimer sur des problèmes plus personnels. C'est un moment important puisque c'est à cette occasion que les conflits sont apaisés et où on désamorce les difficultés.


La gestion des appartements
Les appartements sont mis à disposition par des bailleurs privés ou par les collectivités, sous la forme de dotations temporaires d'usufruit, ou encore à titre gracieux, ou avec un loyer modeste. L'association prends en charge les travaux de rénovations. Ces réhabilitations sont rendues possibles par des dons de Fondations ou de particuliers et sont effectuées pour une petite partie par les futurs locataires et des bénévoles. Cette approche permet de responsabiliser et de valoriser les futurs habitants, qui sont trop souvent entrés dans une logique de dépréciation, l'un des enjeux de l'association étant qu'ils changent de regard sur eux.
Chacun paye une participation, que ce soit les anciens sans domicile fixe ou les volontaires, c'est-à-dire ceux qui partagent la colocation. Les bénéficiaires donnent 150 euros, prélevés sur les 460 euros du RSA, ainsi que le montant de l'APL, ce qui fait environ 300 euros. Cela permet d'apprendre à gérer un budget. Les volontaires payent 300 euros. S'ajoutent 70 euros par personne pour la nourriture et les achats de la vie quotidienne (ampoules, produits d'entretien, jeux de société').
Les hommes et les femmes ne cohabitent pas au sein de la même colocation, et chacun vit chez soi. En effet, dans beaucoup de cas les femmes ont été considérées comme des femmes objet, rendant le contact parfois difficile avec les hommes à leur arrivée.

Le fonctionnement de la vie collective
L'organisation de l'ensemble est basée sur un système de pyramide inversée, dans une dynamique Botom-Up (ascendante): les six à dix personnes vivant dans les appartements nomment un responsable par logement. Ces derniers se constituent en pôles regroupant trois appartements en moyenne. Ils se retrouvent une fois par semaine pour améliorer la colocation et parler des problèmes rencontrés. Chaque pôle nomme un délégué chargé de rencontrer ses pairs pour trouver des solutions aux problèmes évoqués et pour faire remonter les suggestions. Les problèmes soulevés sont ensuite discutés au sein d'un conseil d'administration. Pour Lyon et Nantes, les échelles sont plus réduites du fait du plus petit nombre de locataires.
Afin que les colocations se passent le mieux possible, des formations courtes sont données aux volontaires. Elles sont réparties entre quatre soirées sur quatre semaines, l'objectif étant de ne pas formater, mais de donner des réflexes, un mode de fonctionnement et des contacts.
Les thèmes abordés sont :

  • Comment vit-on en colocation ' Lors de ces soirées sont abordées les règles d'hygiène, de sécurité, ainsi que le règlement au sein de la maisonnée.
  • « Communication non violente, comment gérer quand on rencontre de la violence ' », est le deuxième thème évoqué. Pour le bon déroulement de la colocation il est important que chacun puisse vivre sans tension et que tout le monde puisse trouver sa place.
  • Une formation porte également sur les services sociaux et médicaux. Le but est de rassurer les futurs volontaires sur comment gérer les addictions, comment repérer les maladies, les problèmes psychiatriques et comment et où les orienter.
  • Enfin, lors d'une dernière soirée, l'accent est mis sur comment donner de l'autonomie et comment faire attention les uns aux autres.

Ces sessions permettent de définir les grands principes de la colocation, et doivent aider à constituer un collectif où chacun a sa place. Rappelant les enjeux de responsabilisation et de vivre ensemble, ces sessions aident aussi les personnes en difficulté à se mobiliser dans la recherche d'une activité ou d'un travail.

La colocation ce n'est pas qu'entre quatre murs : les actions et les projets

  • Tous les dimanches des repas sont organisés dans le 4ème arrondissement de Paris, par des volontaires avec et à destination des sans domicile fixe. Ces moments de partage sont aussi l'occasion pour des mal-logés de se sentir utiles en faisant le service ou en préparant le déjeuner. Ces repas donnent l'opportunité aux nouveaux colocataires de commencer leur démarche de réinsertion. En effet, cela leur permet de se rendre compte qu'ils sont capables de tenir leurs engagements et d'envisager de postuler pour un travail.
  • Des séjours sont organisés entre les colocataires et des amis de l'extérieur afin de partager d'autres moments, et de nouer de nouvelles formes d'amitié. C'est aussi l'occasion pour certaines personnes de découvrir pour la première fois la mer ou la montagne et de changer le quotidien.
  • De nouvelles colocations à Toulouse, Lille, Rennes' sont proposées sur le site de Lazare, et devraient ouvrir prochainement

Bilan

  • Plus de 50 personnes sans domicile fixe ou en situation précaire accueillies à l'heure actuelle à Paris avec l'APA et 30 en région.
  • Plus de 100 personnes accueillies entre 2006 et 2013
  • Des colocataires retrouvent parfois un travail, une activité et un logement
  • Des projets d'appartements à Toulouse et à Lille, Bordeaux.

Partenaire(s)

  • Fondations
  • Particuliers
  • Travailleurs sociaux, CCAS, Cg, associations
  • Agences immobilières

Moyens

  • 12 appartements à Paris
  • 5 appartements à Lyon
  • 4 appartements à Nantes
  • 600 000 euros de travaux effectués pour les appartements à Paris
  • 300 000 euros de travaux à Lyon
  • Recherche de 800 000 de travaux pour la nouvelle maison à Nantes

Contact

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