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Enfance & Famille

Môm'artre : l'art pour tous après l'école grâce à une garde d'enfants solidaire qui répond aux contraintes des parents

Type d'action

  • Lien social
  • Inclusion
  • Education
  • Loisirs

Département

Paris (75)

Sur le vif

« Beaucoup d'enfants se révèlent chez nous, alors qu'ils sont en grande difficulté à l'école ».
« Les parent savent qu'à Mom'artre on peut se dire les choses : nous ne sommes pas l'école, nous ne sommes pas une institution, ce qui nous permet d'établir une situation de confiance ». La directrice de Môm'artre

Porteur(s) de l'action

Association Môm'artre

Objectif(s) et bref descriptif

Pour répondre aux difficultés des familles monoparentales et/ou à faibles revenus désirant faire garder leurs enfants après l'école jusqu'à leur retour du travail, Môm'artre propose un accueil jusqu'à 20h et durant les vacances scolaires. Au-delà des traditionnels goûters et de l'aide au devoir, ce mode de garde aux tarifs solidaires contribue à l'épanouissement des enfants à travers de nombreux ateliers artistiques encadrés par des artistes professionnels. Considérant la mixité sociale comme un enjeu pédagogique majeur, l'association met par ailleurs un point d'honneur à accueillir des enfants d'écoles primaires issus de tous les milieux sociaux.

Origine(s)

A l'origine du projet : la volonté d'une mère célibataire. A la fin des années 90, suite à une séparation qui l'oblige à élever seule ses enfants, la future directrice de Mom'artre se trouve confrontée à la difficulté de mêler travail et garde d'enfant. Elle constate alors que le déficit de solutions abordables et adaptées après l'école est un problème récurent chez les familles monoparentales et/ou à faibles revenus. Une problématique d'autant plus prégnante à Paris où 75% des femmes travaillent (un taux supérieur à la moyenne nationale) et où les familles monoparentales représentent un tiers des foyers ; des femmes dans 80% des cas. Seules solutions proposées : l'étude surveillée à l'école entre 16h30 et 18h, qui n'apporte malheureusement aucune valeur ajoutée, ou bien les services à la personne, trop onéreux pour de faibles revenus.
Germe alors l'idée de démocratiser une garde d'enfants de qualité pour élèves de primaire, adaptée aux besoins des enfants et aux contraintes des parents. C'est avec cet objectif que Mom'artre voit le jour à la rentrée 2001 au c'ur du 18ème arrondissement de Paris. Théâtre, peinture, sculpture, musique, danse, écriture..., le principe est simple : proposer des ateliers artistiques aux enfants, en plus des traditionnels goûters et aide au devoir. Animés par des artistes professionnels, ceux-ci ont pour objectif de favoriser l'accessibilité à la pratique artistique et culturelle dans un cadre ludique.
Au départ, les financements sont faibles car le projet doit faire ses preuves. Les premières contributions, perçues en 2001, financent uniquement les travaux dans les locaux: la fondation Vivendi verse 120 000 francs et la Caisse d'Allocations familiales 130 000 francs. A cette époque, c'est donc la solidarité qui prévaut : aucun salarié, les artistes sont bénévoles et vivent en résidence d'artistes. Seule la directrice perçoit un smic à mi-temps.
Cependant, à partir de février 2002, le soutien financier de la Région Ile-de-France qui finance un emploi jeune (15 000'/an) permet de rémunérer un second salarié au smic à temps plein. En 2003, la ville de Paris apporte à son, tour sa contribution avec 28 000 euros par an.
En septembre 2009, un second lieu d'accueil ouvre ses portes dans le 20ème arrondissement, rue Ganne, suivi à la rentrée 2011 par un troisième site dans le même arrondissement, rue Pelleport.

Description détaillée

Agréée Entreprise solidaire*, l'association qui dispose des agréments « Accueil collectif de mineur » et « Jeunesse éducation populaire » (délivrés par la direction départementale de la jeunesse et des sports, actuelle direction régionale de la jeunesse et des sports et de la cohésion sociale) a fait le choix de mettre l'accent sur l'art qu'elle considère comme une discipline peu démocratisée et dont l'enseignement à l'école n'est pas toujours à la hauteur, ne laissant que peu de place à la notion de projet. L'idée est donc d'ouvrir l'accès à l'art à tous en mettant les enfants au contact direct d'artistes. Le but : utiliser l'art comme un vecteur de développement et de réussite, au même titre que le sport, et permettre à des enfants en difficulté à l'école de s'épanouir et de trouver un moyen d'expression grâce à cette discipline.

Le fonctionnement

  • 16h30, à la sortie d'une école primaire desservie par l'une des antennes de l'association, le rituel est toujours le même : un artiste animateur salarié ainsi qu'un bénévole viennent chercher les enfants inscrits à Môm'artre avant de se diriger vers les locaux de l'association situés au coeur du quartier. Les élèves d'écoles primaires âgés de 6 à 11 ans sont pris en charge de 16h30 à 20h00, deux soirs par semaine en moyenne. A ses débuts, l'association accueillait chaque enfant du lundi au vendredi. Mais, dès 2003, face à la demande croissante et à la nécessité de disposer d'une marge pour les situations d'urgence, elle décide de réduire ce temps à deux jours en moyenne (ainsi que le mercredi).

    Chaque soirée s'articule entre le goûter, les devoirs, des plages de détente et des ateliers artistiques. Toutes les semaines, trois ateliers thématiques encadrés par des artistes professionnels sont proposés aux enfants. Avec vernissage les veilles de vacances scolaires devant les parents et les voisins.
    Chaque antenne de Môm'artre dessert de trois à quatre écoles de son quartier et accueille jusqu'à 150 enfants à l'année pour 36 places quotidiennes (24 places pour l'antenne Pelleport). Les enfants viennent en moyenne deux soirs par semaine et une demi-journée le mercredi.
     
  • Le mercredi, chaque antenne Môm'Artre accueille, pour une demi-journée ou une journée complète, les enfants âgés de 6 à 11 ans, résidant à proximité. Trois à cinq ateliers différents sont alors animés par des artistes pendant 6 à 8 semaines. Les thématiques sont proposées par les artistes et des sorties culturelles en lien avec la thématique du moment sont programmées chaque mois. Les ateliers et les sorties sont ponctués de temps de détente et de jeux. Les enfants déjeunent ensemble sur place.
     
  • Durant les vacances scolaires, des stages sont également ouverts à tous les enfants du quartier âgés de 6 à 11 ans, sans exception. Les journées de la semaine de vacances sont organisées comme pour les mercredis mais répondent à un thème commun, sous forme de stage, et s'articulent autour de différentes activités en lien avec cette thématique.

Plus qu'un simple système de garde sur des horaires élargis, Môm'artre sert de relais entre l'institution scolaire et les parents. Travaillant en partenariat avec les écoles primaires qu'elle dessert, elle établi des contacts réguliers avec les assistantes sociales scolaires qui lui envoient parfois des familles. La sortie des classes est en outre l'occasion pour les artistes-animateurs et les bénévoles d'échanger avec les professeurs sur les difficultés et problématiques propres à chaque enfant.

Pour faire le lien avec les parents, chaque soir l'un des trois artistes-animateurs de chaque antenne devient « animateur papillon ». Son rôle : être en support des trois groupes d'atelier et accueillir les parents, car ceux-ci sont obligés de venir eux-mêmes récupérer leurs enfants. Par ce biais, l'« animateur papillon » peut leur transmettre non seulement des informations sur les activités à venir, mais surtout sur leurs enfants. Ces contacts très fréquents permettent d'établir une relation de confiance et de faciliter les échanges liés aux difficultés des enfants. L'association ne suscitant pas, par ailleurs, la méfiance que peut parfois susciter l'école auprès des parents.

Animer la vie de quartier
Attachées à être des lieux de proximité, les antennes de Môm'artre proposent également gratuitement :

  • Des ateliers de soutien scolaire, le samedi matin de 10H à 12H.
  • Des cours d'alphabétisation pour adultes en soirée et matinée dispensés par l'association Atout Cours.
  • Un accompagnement des femmes vers un retour à l'emploi grâce à l'intervention de l'association Projets 19.
  • Les antenne ouvrent également leurs portes les soirs et le samedi matin pour des activités artistiques ou sportives : gym douce, yoga, mosaïque, peinture, dessin, chorale, création graphique, théâtre..., pour lesquels une adhésion annuelle de 10 euros est demandée.


Mixité et tarif solidaire
L'association propose une tarification solidaire, qui varie selon les revenus (de 0,10 centimes à 8 euros de l'heure). Pour ce faire, elle a construit sa propre grille de quotient familial, différente de celle de la Caf. Lors de l'entretien d'inscription, les professionnels de Môm'artre étudient la situation budgétaire et les contraintes de chaque famille pour appliquer une tarification adaptée. Pour les familles les plus aisées, le tarif horaire maximum est basé sur le prix d'une baby-sitter.

Mais hors de question de faire de Môm'artre un lieu d'accueil pour les seuls enfants issus de familles aux faibles revenus. L'un des objectifs prioritaire de l'association est au contraire de garantir, chaque jour, la mixité au sein de chacune de ses antennes. Pour parvenir à cet équilibre, chaque antenne reçoit donc des enfants issus d'écoles qui accueillent des publics de milieux sociaux différents. Un critère qui nécessite une étude du territoire préalable à l'implantation de chaque antenne dans le but de permettre son installation dans des zones où cette mixité est possible. Ainsi, l'association ne s'installera pas dans un quartier où toutes les écoles sont en Zone d'éducation prioritaire (Zep) ou inversement, dans un quartier où toutes les écoles sont privées.
Deux raisons expliquent ce choix :

  • Une raison économique : l'argent apporté par les parents constituent 35% du budget de l'association qui ne peut donc pas se permettre d'accueillir uniquement des enfants de parents aux faibles revenus.
  • Cette mixité est au coeur des valeurs de l'association qui la considère comme une source de richesse importante, favorable a la construction des enfants et en a donc fait un véritable enjeu pédagogique.

La demande pour ce type d'accueil adapté aux problématiques citadines étant très forte, Môm'artre ne peut accueillir tous les candidats. Elle donne donc la priorité aux familles déjà en place : 90% d'entre elles se réinscrivent. Pour les nouvelles familles, l'association sélectionne les situations prioritaires : familles monoparentales, familles aux faibles revenus, parents qui travaillent loin. Le tout en recherchant un difficile équilibre entre mixité sociale, écoles de provenance et âge des enfants. Pour faciliter cette tâche ardue, l'association a créé un outil de simulation lui permettant de piloter l'activité et les jours de présence de chaque enfant en fonction de ces exigences.

Un projet qui essaime
Fort de son succès, le Réseau Môm'artre essaime. A Paris d'abord, où deux nouvelles antennes vont bientôt voir le jour : prés de la Gare de Lyon dans le 12ème arrondissement en Janvier 2011 et à Porte de Vanve dans le 14ème arrondissement à Pâques. En province également : une antenne ouvrira en janvier 2011 à Nantes, suivie d'une autre à Arles au mois d'avril.
Pour accompagner les nouveaux porteurs de projets, les responsables du réseau se déplacent régulièrement sur site. Ils ont par ailleurs créé des Fiches process pour permettre aux responsables d'antenne de gérer leur activité au quotidien (Comment demander l'agrément pour les vacances ' Comment déclarer un stagiaire Bafa ' Comment signer une convention avec les artistes '...)

Mais il reste encore plusieurs défis à relever pour une plus grande mutualisation du projet:

  • Trouver un modèle économique duplicable et qui dépende moins de la volonté de la municipalité où s'installe le projet (du type : 1/3 par la facturation aux familles, 1/3 de financements publics et 1/3 de financements provenant des entreprises et fondations).
  • Convaincre l'état de créer un financement de type prestation de service avec un paiement à l'heure sur le modèle de la Prestation de service unique (PSU) de la CAF, ce qui revient à ne pas se contenter de financer uniquement la petite enfance (les moins de 3 ans) mais d'aller au-delà, jusqu'à la fin du primaire, en prévention des problèmes du collège et lycée.
  • Associer les employeurs au financement des places pour qu'ils apportent aussi à leurs salariés et principalement aux mères seules une solution de conciliation des temps.
  • Trouver des espaces où implanter le projet hors des coûts prohibitifs du marché de l'immobilier, en partageant des locaux par exemple.

Bilan

  • Offrir une solution répondant aux contraintes liées aux transports, aux horaires de travail et au budget des diverses -typologies- de familles.
  • Participer au développement des enfants en leur proposant un espace artistique qui valorise l'expression de chacun en dehors du cadre scolaire et familial.
  • Améliorer la qualité de vie en ville en recréant du lien social.
  • Favoriser la mixité sociale.
     
  • Môm'artre accueille 30% de familles monoparentales : taux identique à celui constaté parmi les habitants de la ville de Paris.
  • Chaque année, 90% des enfants sont réinscrits par leurs parents pour l'année suivante.

Partenaire(s)

Financiers
Ville de Paris, Préfecture de Paris, Région Ile de France, CAF, Fonds Social Européén, Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale et différentes fondations d'entreprise (Ag2r la Mondiale, Ashoka, Fondation Fnac Eveil et Jeux, Fondation 29 Haussmann, Fondation HSBC, Fondation de France, Fondation Groupe Chèque Déjeuner, Fondation K'd'Urgences, Fondation Macif ,Fondation Orange, Fondation Porticus Fondation PPR, Fondation de Rothschild, Fondation SFR, Fondation Solidarité SNCF, Fondation Vinci, France Active, Print Platinium).

Partenaires associatifs et culturels
Association Soleil (collectif d'artistes venant du Mali), Ateliers Berthier , Ateliers Francoeur
(l'association organise des ateliers de théâtre et des stages de cinéma et d'éveil musical), Atout Cours (spécialisée dans l'alphabétisation et le français langue étrangère, l'association dispense des cours à Môm'rue Ganne), Bouge Ton Quartier, Centre Louis Lumière (centre d'animation qui accueille les enfants de Môm'artre pour des spectacles), Club des Réglisses (club de prévention et de protection de l'enfance), Compagnie Du Pausilippe (association de lecteurs publics et conteurs qui intervient ponctuellement à Môm'artre rue Ganne), Conseil de quartier Gambetta, Coopérative Clara (coopérative de liaison des activités et des ressources artistiques), Espace 1789 (lieu de création et de diffusion artistique à St-Ouen qui accueille régulièrement les enfants de Môm'artre), Extra Muros (association valorisant et détournant des objets de récupération), Human Dance (école de danse Butô), Les jardins du Ruisseau (jardins partagés et à visée pédagogique à l'attention des enfants du quartier de Môm'artre 18), Les petits débrouillards (mouvement associatif qui propose aux enfants et aux jeunes, des activités scientifiques et techniques basées sur le jeu, la découverte et le questionnement), Mains d'oeuvres (lieu de création et de diffusion de toutes disciplines artistiques), Pièces Montées (Association de lecteurs publics et conteurs), Projets19 (une équipe intervient chaque semaine à Môm'rue Ganne auprès de femmes en insertion professionnelle), La Py qui chante au coin du Bua, Théâtre de l'Est Parisien, Théâtre aux Mains Nues (Association de lecteurs publics et conteurs), Théâtre de la Villette, Tous Témoins (Association de lecteurs publics et conteurs)'

Moyens

Humains
Chaque antenne est gérée par une équipe de quatre personnes salariées : un responsable d'antenne et trois artistes animateurs obligatoirement détenteurs du BAFA (Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur en accueils collectifs de mineurs). Au total : deux temps pleins et deux contrats de 26 heures hebdomadaires.
Chaque soir un artiste extérieur s'ajoute à l'équipe.
Attachées à la vie locale, les antennes accueillent également des bénévoles du quartier. Retraités et étudiants participent au goûter, aux sorties familiales, accompagnent les enfants dans leurs devoirs et animent des cours d'alphabétisation. Ils sont en moyenne deux par antenne chaque soir.

Financiers
Le budget d'une antenne de 4 salariés est de 190 000 euros par an.
S'il y a bien une difficulté à souligner sur le projet, c'est celle de trouver des financements pérennes. Aussi, pour boucler son budget et pour plus de sécurité l'association a fait le choix de multiplier les sources de financement :

  • Les familles : 35% du budget.
  • La ville de Paris : 15% du budget.
  • Les emplois aidés, statut sous lequel sont embauchés les salariés : 15% du budget.
  • La Caf qui reverse une prestation de service : un peu moins de 10% du budget.
  • Différents financements d'Etat (Plan de réussite éducative, Contrat local d'accompagnement à la scolarité, programme Ville, vie, vacances) : 15% du budget.
  • Différentes fondations d'entreprise : 10% du budget.

Matériels
Chaque antenne nécessite un local de 120 à 150 mètres carré et peut accueillir de 24 à 36 enfants.


* L'entreprise solidaire est une entreprise non cotée dont :

  • Soit un tiers des salariés sont en contrat d'insertion par l'activité économique, en contrat de travail aidé, en contrat de professionnalisation dans le cadre de convention de groupements d'employeurs, bénéficie de l'accompagnement personnalisé pour l'accès à l'emploi ou sont reconnus travailleurs handicapés.
  • Soit l'entreprise est constituée sous forme d'association, de coopérative, de mutuelle, d'institution de prévoyance ou de société dont les dirigeants sont élus par les salariés, les adhérents ou les sociétaires, et, la moyenne des rémunérations des cinq salariés ou dirigeants les mieux rémunérés n'excède pas cinq fois le SMIC.

Contact

MAINGUENE Chantal

Directrice

Réseau Môm'artre

Adresse : 2 rue de la Barrière Blanche
75018
Paris
France

Tél. : 01 42 28 82 27

Courriel : reseau@momartre.com

Site web : www.momartre.com/

*Mention légale : Le contenu de cette fiche relève de la seule responsabilité de l'Agence Apriles et ne peut en aucun cas être considéré comme reflètant la position des partenaires soutenant le projet Apriles.