« Mes idées aussi », une citoyenneté libérée du handicap
Type d'action
- Accessibilité
- Handicap
- Inclusion
- Partenariat / transversalité
- Pratiques professionnelles
Département
Val-de-Marne (94)Sur le vif
« Ca fait du bien de parler ensemble sans tabou et sans moquerie du handicap, de ce qui me déplait dans ma vie quotidienne, dans la rue, dans ma famille et de réunir nos idées. J’espère qu’elles seront retenues et diffusées pour que les gens entendent ce que l’on a à dire, nous personnes handicapées ». Une participante
Porteur(s) de l'action
Conseil général du Val de Marne
Objectif(s) et bref descriptif
Afin de développer la participation de tous les citoyens à la vie publique, et en particulier celle des personnes en situation de handicap, le conseil général du Val Marne a souhaité consulter, dans le cadre d’ateliers citoyen, des personnes handicapées mentales. Cette démarche de concertation, baptisée « mes idées aussi », a été l’occasion pour ce public, riche d’une expertise d’usage, de faire partager ses idées. Elles se sont traduites par 156 propositions concrètes dont se sont saisis les services du Conseil général et dont la mise en œuvre a favorisé un travail en transversalité au sein de l’institution.
Origine(s)
Depuis plusieurs années, le Conseil général du Val-de-Marne s’est engagé dans une démarche de concertation avec les habitants de son territoire. Portée politiquement, avec un vice-président chargé de la démocratie participative, cette politique s’appuie depuis 2008 sur une charte de la participation votée par l’assemblée départementale et est mise en œuvre par les différents services. Ainsi, un axe sur la citoyenneté des personnes handicapées a été inscrit dans le troisième schéma départemental en faveur des personnes en situation de handicap. Egalement membre du réseau européen ENSA (European Network for Social Authorities) qui regroupe une vingtaine de structures privées et de collectivités, le Conseil général du Val de Marne, et plus particulièrement la Direction des services aux personnes âgées et personnes handicapées, a donc souhaité logiquement intégrer un projet lancé fin 2010 par ce réseau pour favoriser la citoyenneté des personnes handicapées mentales et psychiques. Ce projet s’articule autour de deux axes de travail : élaborer d’une part une formation pour les professionnels travaillant dans le champ du handicap pour encourager la citoyenneté active des personnes et proposer d’autre part une formation pour les personnes handicapées mentales, afin de développer leur participation active et citoyenne. Ce deuxième axe s’étant concrétisé par les ateliers citoyens "Mes idées aussi?!".
La première phase, conduite à l’attention des professionnels, s’est déroulée à partir de mai 2011. Elle a dans un premier temps pris la forme de rencontres avec les professionnels en proximité des personnes handicapées mentales, pour définir conjointement le contenu de la formation, les conditions de sa mise en œuvre et le public visé. Puis entre janvier et février 2012, au cours de cinq journées de formation, une douzaine d’animateurs et travailleurs sociaux des établissements de deux grosses associations, l’ETAI et l’AFASER, ont pu expérimenter de nouveaux outils de participation, mettre à jour leurs connaissances sur le droit de l’usager et les relation avec la famille, s’informer sur la classification internationale du handicap. Cette étape a été l’occasion de créer un climat de confiance avec les professionnels, propice à l’expérimentation du processus de concertation. C’est ainsi qu’est né « mes idées aussi ?! ».
Description détaillée
Un temps d’acculturation indispensable
Lancés en juin 2012, les ateliers citoyens ont nécessité quelques mois de préparation, menée conjointement par la Direction des services aux personnes âgées et personnes handicapées et la Mission démocratie participative pour co-construire la démarche avec les associations gestionnaires des deux établissements déjà engagés dans le projet européen. L’enjeux était non seulement de prouver qu’il était possible de favoriser l’accès de tout citoyen au débat démocratique, mais également de faire s’exprimer les personnes en situation de handicap mental sur leur vécu, leurs besoins, de faire émerger des problématiques qui n’auraient éventuellement pas été repérées et des idées nouvelles.
Des rencontres ont été organisées dans les deux établissements expérimentateurs, avec le soutien des professionnels formés, afin de sensibiliser plus d’une centaine de personnes à l’action d’un Conseil général, d’expliquer le projet et de proposer d’y participer. Un groupe de 26 volontaires, 10 femmes et 16 hommes de 19 à 76 ans, tous bénéficiaires de services financés par le Conseil général, est alors constitué. Aucun ne se désistera en cours de route, malgré les craintes initiales des éducateurs.
Parallèlement, il a fallu réfléchir à l’organisation des ateliers et mettre en place des outils adaptés à un public qui le plus souvent ne sait ni lire, ni écrire, s’exprime difficilement et peut rapidement se déconcentrer. La Mission démocratie participative recourt aux techniques d’animation privilégiant les images, les pictogrammes, le mouvement, les post-it et s’inspire de ce qui se fait en Belgique ou au Québec. La méthode du « facile à lire » est utilisée pour les ordres du jour, les comptes-rendus. Le travail se fait de préférence en petit groupe, des temps de pause sont instaurés toutes les 45 minutes et la convivialité est privilégiée, comme lors du déjeuner.
Libérer la parole
Cinq ateliers sont programmés du 18 juin au 11 juillet 2012, à raison d’un par semaine pour les trois premiers puis deux la dernière semaine, auxquels participent également l’élue en charge de la solidarité en faveur des personnes âgées et des personnes handicapées ainsi que des cadres de la Direction des services aux personnes âgées et personnes handicapées. Le premier jour est consacré à un long temps de présentation, sous forme ludique, afin d’expliquer à chacun pourquoi il est là. Il est l’occasion de co-construire les règles de dialogue (un carton rouge permet par exemple de signifier son incompréhension par rapport à une explication…) et de créer un climat de confiance.
Les deux séances de travail suivantes permettent d’établir un diagnostic, en laissant d’abord les personnes s’exprimer sur les problématiques prioritaires de leur vie quotidienne et débattre de leurs préoccupations. Puis ces priorités sont ensuite croisées avec les compétences du Conseil général pour définir les sujets qui seront travaillés, dans le cadre du mandat de concertation. Ainsi, certains sujets n’ont pas été conservés comme le mariage, la sexualité ou les enfants, mais la Vice-Présidente en charge de la solidarité a validé quatre thématiques avec pour chacune quelques questions permettant de réfléchir aux solutions que le Conseil général pourrait mettre en œuvre : se déplacer dans la ville, être aidé dans sa vie de tous les jours, se loger, les relations avec les autres.
Au cours des deux derniers ateliers, les propositions sont élaborées et viennent alimenter un avis citoyen de 156 recommandations (cliquer pour consulter le document).
Des propositions à l’action
Reste alors à faire vivre ce document et surtout à créer les conditions pour que les recommandations soient prises en compte par les directions du Conseil général pour être traduites en actions.
D’autre part, un groupe de travail est mis en place sous l’autorité de La Direction générale des services. Des référents, chefs de service ou chefs de projet, sont désignés par chacune des 17 directions concernées pour analyser les recommandations et étudier la façon dont elles peuvent être facilement mises en œuvre, en distinguant celles qui demandent plus de temps ou la prise en compte de partenariat. Pendant près d’un an, une quarantaine de collaborateurs du Conseil général vont alors travailler à intégrer ces recommandations dans la politique départementale. L’occasion pour eux d’une découverte du handicap, d’un travail en plus grande transversalité et de donner du sens à leur mission.
En juin 2013, les participants à la concertation sont de nouveau réunis en plénière, en présence du Président du Conseil général, d’élus, des Directeurs et des référents dont les services ont été impliqués, pour prendre connaissance du travail réalisé. 80% des propositions ont été retenues dont certaines intégrées dans le quatrième schéma départemental en cours de préparation. D’autres ont été prises en compte dans les Contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens signés avec les établissements. Plusieurs actions nouvelles ont également été initiées : en matière de transport (intégration des propositions au cahier des charges d’Orbival), de sensibilisation dans les collèges, d’accès à l’information… Pour les personnes en situation de handicap mental qui ne savent ni lire ni écrire, une plateforme de débat numérique est ainsi expérimentée auprès de quatre établissements du département afin d’élargir la réflexion au-delà de l’atelier et d’initier le dialogue avec les professionnels et les familles. Ces actions dépassent souvent le champ du handicap pour relever de la vie quotidienne de tous citoyens.
Mais surtout, les personnes en situation de handicap mental qui ont participé à l’atelier témoignent de l’évolution du regard que l’on porte sur elles. Et reconnaissent qu’elles aussi se sont ouvertes. Aussi le Conseil général envisage d’étendre la démarche à d’autres types de handicap.
Bilan
- Prise en compte dans l’action départementale de la parole des personnes handicapées mentales en tant que citoyens à part entière
- Amélioration de l’estime de soi des personnes en situation de handicap mental
- Sensibilisation des personnes valides aux problématiques du handicap
- Modification des pratiques professionnelles
- Développement du travail en transversalité
- Expérimentation de nouvelles méthodes de concertation
- Changement de regard sur les personnes handicapées mentales
- Evolution des relations entre le Conseil général et les établissements médico-sociaux
Partenaire(s)
Conseil général du Val de Marne, ETAI, AFASER
Moyens
Financiers
10.000 € (communication, logistique, restauration)
Humains
Selon la période du projet de 0,5 à 1 ETP : 2 personnes du Conseil général du Val-de-Marne (cheffe de projet démocratie participative Direction des Relations à la population chargée de projets européens à la Directions des Services aux Personnes âgées et aux Personnes handicapées) et appui de leurs collaboratrices, d’une stagiaire.
>Consulter l'avis citoyen et ses 156 recommandations
Contact
LARGEAU Sophie
Conseil général du Val de Marne
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94000
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Courriel : sophie.largeau@valdemarne.fr
Site web : www.valdemarne.fr
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