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Autonomie

A Lyon, une maison intergénérationnelle pour étudiants, retraités, jeunes travailleurs et mères isolées

Type d'action

  • Lien social
  • Liens intergénérationnels
  • Inclusion
  • Aînés
  • Habitat
  • Pratiques professionnelles

Département

Rhône (69)

Porteur(s) de l'action

Habitat et Humanisme Rhône

Objectif(s) et bref descriptif

Pour répondre aux difficultés de logement des publics étudiants et des mères célibataires d'une part et aux problématiques d'isolement, notamment des personnes âgées, d'autre part, l'association Habitat et Humanisme a créé en plein centre ville de Lyon un immeuble intergénérationnel accueillant étudiants, jeunes travailleurs, personnes âgées et jeunes mamans fragiles socialement.

Origine(s)

Depuis plusieurs années, Habitat & Humanisme Rhône développe des immeubles de logements à vocation sociale afin de faciliter l'accès des familles et des personnes seules, en difficulté, à un logement décent et à faible loyer. Pour favoriser l'intégration sociale, la Foncière d'Habitat et Humanisme achète et rénove des logements et des immeubles situés dans des quartiers à grande mixité sociale, au sein (pour ne pas dire au centre) des agglomérations. A Lyon, l'association a développé trois centres d'hébergement d'urgence notamment pour les femmes en difficulté et cinq maisons relais pour le logement des personnes en grande précarité sociale.
En 2007, Habitat et Humanisme fait le constat d'un manque criant de logements pour les jeunes professionnels et les étudiants à revenus modestes notamment dans le 7e arrondissement, quartier universitaire du centre ville lyonnais. Les moins de trente ans sont de plus en plus nombreux à solliciter l'organisme qui gère dans l'arrondissement plus de 120 logements et deux sites d'habitat d'urgence. Parallèlement, la direction des Hospices civils de Lyon, s'inquiète auprès de l'association de la situation de plus en plus fréquemment constatée, de jeunes mamans qui, après leur accouchement, prolongent leur hospitalisation faute de disposer d'un logement ou d'un simple hébergement. Selon les données de l'établissement, les jeunes mères se trouvant sans domicile lors de leur sortie de maternité représentent une centaine de situation par an.
Soixante pour cent d'entre elles seraient éligibles à l'allocation personnalisée au logement mais la majorité d'entre elles sont sans domicile et vivent en squatte, en hébergement ou en foyer d'urgence' Enfin, cinquante cinq pour cent d'entre elles sont isolées, célibataires séparées ou veuves. Aussi, face à la maternité de l'Hôtel Dieu et à proximité de l'Hôpital St Luc-St Joseph, l'association était en recherche d'un immeuble qui est finalement trouvé au 35 rue Cavenne à Lyon 7e.
Fort de ces constats, le projet social du 35 rue Cavenne est de réunir les trois types de publics "en besoin", jeunes mamans, étudiants et jeunes professionnels et d'intégrer dans une optique intergénérationnelle et d'entraide des personnes de plus de 60 ans non dépendantes. Au mois de juin 2007, le projet est confié à un directeur qui a pour mission de constituer l'équipe qui gèrera la maison et accompagnera les publics et d'organiser le fonctionnement de la résidence sociale Cavenne et son intégration dans le quartier. En février 2008, la Maison Christophe Mérieux ouvre ses portes.

Description détaillée

Composée de 52 logements répartis sur six étages, la Maison Christophe Mérieux unit deux "structures" avec pour objectif partagé l'insertion sociale et professionnelle dans une optique intergénérationnelle :
- d'une part, un foyer de jeunes travailleurs pour les moins de trente avec une capacité d'accueil de 17 jeunes travailleurs, 12 jeunes mères et 12 étudiants ;
- et d'autre part, une résidence sociale pour six personnes âgées de plus de 60 ans non dépendantes ;
- enfin, une fraternité de 4 s'urs franciscaine réside dans la Maison.

Pour répondre au besoin de chaque public cible, l'immeuble offre sur les six étages des logements allant du T1 de 14m2 au quatre pièces de 86m2 (pour la fraternité), en passant par des T1' de 20m2, et des T1 bis de 30m2 (pour les jeunes mamans). Les loyers s'échelonnent de 350' à 650 ' tout compris, eau, électricité, charges'
Afin de permettre l'autonomie et l'intimité, les 51 logements meublés sont tous équipés d'une kitchenette, placard, salle de bain avec douche, lavabo et WC. Des kits d'installation (ustensiles de cuisine, petit électroménager) sont mis à disposition des résidents arrivants.
Initialement, le projet prévoyait de séparer les trois catégories de personnes selon les étages par crainte des nuisances possibles engendrées par les différents modes de vie : les tout petits pouvant déranger les étudiants ou les plus âgés, le mode de vie "nocturne" des étudiants déranger les jeunes mères et vice-versa. Au final le directeur du projet a choisi de faire le pari de la mixité des publics pour favoriser et encourager le vivre-ensemble.

Outre, offrir un logement adapté aux personnes fragiles socialement et économiquement, la Maison Christophe Mérieux a pour vocation d'offrir un accompagnement social en s'attachant à développer le vivre-ensemble entre ses pensionnaires. Ainsi, le rez-de-chaussée offre des parties pour la vie commune : un salon avec télévision, une salle à manger avec une cuisine outillée d'équipement pour la cuisine collective et une salle pour les mères et leurs jeunes enfants, équipée pour qu'ils puissent déambuler en toute sécurité, une laverie. Au rez-de-chaussée, se situent également les bureaux d'accueil des services administratifs et sociaux de la maison. Le personnel du centre est composé d'un directeur (0,75 ETP) et de son adjoint (0,5 ETP) et de deux chargées de mission sociale (2 ETP) : une assistante sociale et une éducatrice spécialisée. A cette équipe s'ajoute une référente bénévole en charge de coordonner l'action des bénévoles intervenant dans l'animation de la maison.

Accompagner un projet de vie par le logement
La Maison Christophe Mérieux se veut un centre d'hébergement temporaire qui a vocation à accompagner ses résidents dans un projet social de réinsertion ou plus largement dans leur projet de vie. Toute demande de logement au sein du centre passe par une commission d'attribution qui tous les mardis réunit les deux travailleurs sociaux, le directeur et son adjoint, la bénévole référente et le président de la commission logement d'Habitat et Humanisme. La commission se prononce d'abord sur une pré-attribution vérifiant que la personne correspond aux critères d'éligibilité : disposer d'un revenu régulier (même RSA) et pouvoir bénéficier de l'aide personnalisée au logement (APL), avoir moins de trente ans et être inscrit dans un projet professionnel pour les jeunes travailleurs et les mères. Les jeunes mères doivent également être inscrites dans le dispositif Accueil Mère enfant du Conseil général du Rhône, être enceintes d'au moins sept mois ou avoir un enfant de moins de trois ans. Les personnes âgées doivent avoir plus de 60 ans et être autonomes dans leur vie quotidienne. Une fois la pré-sélection effectuée et si un logement est disponible, un des chargés de mission sociale de la Maison rencontre la personne demandeuse et émet auprès de la commission, un avis social évaluant les besoins, la nature de la demande et la capacité d'accueil et d'accompagnement de l'établissement. La commission statue alors sur l'attribution ou non du logement. Pour les personnes âgées de plus de 60 ans, le "recrutement" peut s'avérer plus long, un travail de fond plus important étant à mener pour s'assurer qu'elles sont vraiment autonomes et que le projet de vie leur corresponde.

Selon les publics, les demandes de logement ont différentes origines issues des partenaires avec lesquels la maison est en lien : réseau des Foyers de jeunes travailleurs, secteur de l'hébergement, Mairie et CCAS, Conseil général, associations locales d'aide au logement'
Les dossiers des jeunes mamans sont traités en lien étroit avec la commission AME du service PMI du Conseil général à laquelle participe tous les mois une des chargées de mission sociale de la Maison.
Dès lors que sa demande est acceptée, le résident signe une convention d'occupation temporaire du logement. Il remplit avec le soutien de la responsable de la gestion locative adaptée une demande d'aide au logement et peut bénéficier d'accompagnement concernant le dépôt de garantie. Après un temps d'installation de un à deux mois, les résidents se voient proposer un entretien "social" avec les chargés de mission sociale de la Maison. A l'exception des étudiants pour qui c'est facultatif, chaque locataire signe un contrat d'accompagnement social qui engage les deux parties sur des objectifs déterminés. Le principe est de dresser un diagnostic social et de définir les différentes étapes qui amèneront le résident à une autonomie et lui permettront de quitter la Maison. De fait, la durée de maintien dans les logements est provisoire : deux ans pour les jeunes travailleurs ; jusqu'aux trois ans de l'enfant pour les jeunes mères. Seul le séjour des personnes âgées n'est pas limité dans le temps mais un accompagnement social leur est également proposé en vue d'étudier leur projet de vie dans et au-delà (peut-être) de la Maison. Les travailleurs sociaux rencontrent ainsi régulièrement chaque résident selon le rythme jugé nécessaire à l'accompagnement (hebdomadaire, bimensuel, mensuel).

Une vie collective animée par les travailleurs sociaux, les bénévoles et des franciscaines
Au-delà de l'accompagnement individuel les travailleurs sociaux sont impliqués dans l'animation de la vie collective de la maison. Ainsi, ils mènent des actions socio-éducatives collectives ponctuelles ou régulières qui permettent aux résidents de s'informer, de s'inscrire dans une démarche collective, et participent de son insertion sociale : atelier recherche de logement, atelier d'écriture, atelier Bébé bouquine, atelier Théâtre, Tournois sportifs, information santé notamment Atelier Santé Ville. De plus, du lundi au vendredi (à l'exception du mardi), l'équipe sociale est présente dans les murs en soirée jusqu'à 22h30. Ces "permanences" permettent ainsi de créer des liens "informels" avec les résidents hors des temps de suivi individuels et également de réguler la vie commune.

Outre l'accompagnement social "traditionnel", la maison Christophe Mérieux entend susciter une vie commune et favoriser le vivre ensemble entre les résidents, pour éviter l'isolement social et créer des liens d'entraide notamment. Cette vie collective est prise en charge en grande partie par une équipe d'une dizaine de bénévoles coordonnée par une bénévole référente qui est impliquée dans chaque temps de la Maison et fait le lien notamment avec l'équipe permanente. La place importante accordée aux volontaires fait partie de la marque de fabrique de tout projet Habitat et Humanisme en général et de la résidence Mérieux en particulier. Issus du quartier mais aussi de Lyon et ses entourages, les bénévoles sont principalement présents en soirée, à partir de 18h00, lorsque les résidents se retrouvent au rez-de-chaussée de l'immeuble dans les parties communes. Ils peuvent également intervenir pour "donner des coups de main" pour le transport, participer au petit entretien des locaux, ou encore effectuer des gardes d'enfants. En lien avec les travailleurs sociaux, les bénévoles ont instauré des moments conviviaux pour les résidents :
- les thés du mardi permettent aux résidents de se retrouver et d'échanger chaque semaine. Principalement investi par les mères et les personnes âgées, c'est aussi un lieu de passage important des jeunes travailleurs et des étudiants qui viennent y prendre des nouvelles de la maison.
- de la même façon un repas mensuel est proposé aux résidents qui participent à sa préparation aidés de l'équipe accompagnante. La participation des salariés permet un autre cadre de relation pour les résidents.
- Chaque mercredi des bénévoles proposent un atelier bricolage afin de permettre aux résidents de découvrir des techniques et astuces pour aménager son chez soi. - Des jeux sont également proposés le soir afin de créer un espace convivial et ludique et mettre en valeur la participation de chacun.
- Enfin, des sorties cultures et ludiques sont organisées afin de renforcer la cohésion du groupe, (r)éveiller la curiosité de chacun et favoriser la découverte de Lyon et de ses environs. Aux côtés des bénévoles et des permanents de la maison, une fraternité de s'urs franciscaines à la retraite, composée de quatre religieuses, assure une permanence auprès des résidents. Véritables piliers du vivre ensemble de la maison, leur logement est toujours un lieu d'accueil pour l'échange et le dialogue. Elles sont présentes tous les soirs à partir de 18h00 pour participer à la vie commune avec les résidents et assurent une continuité en l'absence de l'équipe salariée les dimanches notamment.

Une ambiance familiale qui rassure
En 2009, le succès de la Maison Christophe Mérieux est avéré par une liste d'attente permanente au niveau de la commission d'intégration. De l'avis des professionnels et des bénévoles, le vivre ensemble est une valeur ajoutée forte de la maison. Une entraide et des liens forts se sont créés entre les jeunes mamans et les personnes âgées (qui offrent fréquemment leur soutien en terme de garde) et entre les jeunes et les personnes âgées (qui n'hésitent pas à les épauler pour des courses, menus travaux'). Cependant, si le lien entre les mères et les plus de 60 ans et leur participation à la vie collective s'est fait naturellement, l'implication des étudiants et jeunes professionnels est, elle, plus difficile. Ils ont moins de temps à y consacrer et moins "d'intérêt" immédiat à y prendre.
Concernant l'accueil, l'ambiance "cocooning" peut se révéler un "piège" pour l'accompagnement à l'autonomie des jeunes mamans. Les travailleuses sociales constatent que certaines ont du mal à quitter les lieux ce qui se manifeste par des exigences exagérées en terme de qualité du logement de sortie.
Enfin, la Maison a fait le constat d'une diminution des candidatures des personnes de plus de 60 ans en 2009. Le projet "collectif" semble moins séduisant pour les personnes âgées en général auquel il faut ajouter la taille des logements (aux alentours de 24m2) souvent considérée comme insuffisante par les candidats.

Bilan

  • Logement des personnes de faibles ressources
  • Réinsertion des jeunes mamans seules en précarité sociale
  • Création de liens intergénérationnels
  • Favorise le vivre-ensemble

Partenaire(s)

Conseil général du Rhône AME
Conseil général du Rhône PMI
Caf
Fonjep
Union régionale pour l'habitat des jeunes
Culture du C'ur
UFJT(Union des Foyers de jeunes travailleurs)
CLLAJ de Lyon
Conseil général du Rhône
Fédération des Etudiants Lyonnais
Unicité
Hospices Civils de Lyon
Service politique de la ville de Lyon

Moyens

Financiers

  • Le projet porte sur l'exploitation d'une résidence sociale de 51 logements et est financé par les redevances. Par les APL, la Caf participe à la prise en charge d'une part des redevances.
  • Le Conseil général au titre de la PMI subventionne l'accueil de 12 jeunes mamans.
  • La Caf subventionne 38 lits au titre du financement de Foyer de Jeunes travailleurs.
  • Le Fonds de coopération de la Jeunesse et l'Education Populaire (F.O.N.J.E.P) subventionne également la structure à hauteur d'un poste de responsable.

Humains

  • 5 salariés pour 3,25 ETP
  • Une dizaine de bénévoles pour animer la vie collective
  • Quatre franciscaines


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