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Insertion

Les Jardins de Cocagne cultivent la solidarité

Type d'action

  • Développement social
  • Développement durable
  • Inclusion
  • Accès à l'emploi

Département

France entière

Porteur(s) de l'action

Réseau national des Jardins de Cocagne

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de permettre aux personnes rencontrant des difficultés professionnelles et personnelles de retrouver un emploi et de reconstruire un projet individuel, les Jardins de Cocagne proposent des ateliers chantiers d'insertion sur leurs exploitations maraîchères biologiques.
Acteurs du développement durable et de l'économie sociale et solidaire, les associations Jardins de Cocagne poursuivent trois objectifs : lutter contre l'exclusion et la précarité, mettre en place une économie solidaire et responsable, et respecter l'environnement. La commercialisation en circuit court, directement du producteur au consommateur, s'inscrit dans un mode de consommation durable et favorise la création de liens sociaux ainsi que l'économie locale.

Origine(s)

Dans les années 80, l'exclusion qui touche les personnes ayant une culture rurale et agricole trouve peu de réponses. Un constat qui n'échappe pas à l'association Julienne Javel à Chalezeule (25) qui décide, en 1991, de diversifier ses activités d'insertion par l'économique et étendre son offre de remise au travail pour publics en difficulté, au moyen de jardins collectifs. Cette idée est issue d'un modèle suisse, proche des AMAP (associations pour le maintien de l'agriculture paysanne), créé dans les années 70 : une exploitation maraîchère constituée en coopérative au sein de laquelle les clients sont adhérents. Souhaitant privilégier un mode de consommation alternatif, directement en lien avec le producteur, les adhérents reçoivent chaque semaine un panier de fruits et légumes de saison. Un modèle auquel l'association Julienne Javel va ajouter un volet social, donnant le jour au premier Jardin de Cocagne.
Rapidement, cette initiative suscite l'intérêt dans toute la France. Particuliers, associations, collectivités sont de plus en plus nombreux à manifester leur volonté de monter le même type de projet. Dès 1994, l'association Julienne Javel va donc décider d'essaimer son projet. Très vite, les jardins se multiplient, passant de 20 à 50 entre 1996 et 1999, année au cours de laquelle les Jardins de Cocagne décident de se doter d'une structure nationale pour répondre à ce besoin de développement du concept, d'animation et de coordination de leurs actions. En juillet 1999, le Réseau Cocagne est créé.

Description détaillée

Associations loi 1901 conventionnées par l'état comme ateliers et chantiers d'insertion (ACI), les Jardins de Cocagne sont des exploitations maraîchères biologiques en lien direct avec le consommateur. On compte autant d'associations porteuses que de jardins, une grande partie d'entre elles ne portent que leur Jardin de Cocagne, mais 53% porte au moins une autre activité.
Les jardiniers qui travaillent aux Jardins de Cocagne sont des personnes en situation précaire (allocataires des minimas sociaux, personnes accueillies en CHRS ou autres structures d'accueil, sans revenus, sans domicile, chômeurs de longue durée, n'ayant jamais travaillé, etc.) recrutées en parcours d'insertion par l'association. Leur contrat est d'une durée déterminée de six mois, renouvelables plusieurs fois. La durée moyenne des contrats est de six à 12 mois. Il s'agit de contrats d'ouvrier maraîcheur de 20 à 26 heures par semaine. Orientés par les différents acteurs de l'emploi, de l'insertion et de l'action sociale, avec lesquels chaque jardin est en contact direct grâce à son statut de structure d'insertion par l'activité économique, ces salariés peuvent travailler sur les différents postes qu'offre un Jardin : préparation et cultures sous serres et « plein champ », préparation des paniers de légumes et livraison, entretien des locaux et du matériel, contacts avec les adhérents, secrétariat, gestion, postes créés par les activités complémentaires développées (marchés, vente de produits bio, magasins, animation enfants, chantiers environnement...), etc.

Encadrés par une équipe de professionnels, maraîchers et travailleurs sociaux, les jardiniers bénéficient, durant leur temps de travail, d'un accompagnement social (lutte contre les problèmes d'addiction, d'endettement) et professionnel (accompagnement individuel vers l'emploi ou la formation).
- L'encadrement technique : les maraîchers-encadrants (techniciens dans le secteur du maraîchage biologique) sont garants du respect des échéances et des contraintes de la production biologique. Véritables chefs de chantiers, ils établissent le plan de culture (le plus diversifié possible), conseillent techniquement et organisent le travail des jardiniers. Ils participent également au recrutement des jardiniers et contribuent activement au développement de leurs compétences en situation de travail.
- L'accompagnement professionnel : l'accompagnement socioprofessionnel est conduit dans chaque jardin par un travailleur social professionnel. Il mène son action en partenariat avec l'équipe d'encadrement et plus particulièrement avec les maraîchers-encadrants. Il est également l'interlocuteur et le relais des structures sociales partenaires.

En outre les Jardins proposent des formations, qualifiantes ou non, qu'on appelle ici « actions d'accompagnement ». On entend par « formation qualifiante », toute formation débouchant sur un titre ou un diplôme valable sur le marché du travail (permis de conduire véhicule lourd, CAP, BAFA). Les besoins de formation les plus fortement sollicités concernent avant tout les savoirs de base pour près d'un salarié sur 10 (remise à niveau et développement notamment des capacités de compréhension et d'expression à l'écrit et à l'oral et des capacités de raisonnement mathématique et logique). Viennent ensuite la maîtrise des outils informatiques et le renforcement du niveau d'alphabétisation; formations auxquelles participent près d'un salarié sur 20.

Enfin, les Jardins proposent par ailleurs de nombreuses actions collectives pour former leurs jardiniers : techniques de maraîchage, alimentation, développement durable, attestation de compétences, postures et sécurité au travail, secourisme, ateliers de gestion budgétaire, groupes de paroles, ateliers ou sorties culturelles etc. Par ailleurs, en fonction du contexte, des besoins des salariés, les équipes permanentes des Jardins mettent en place des actions autres que celles proposées traditionnellement.

La vente en circuit court
A travers son adhésion à l'association, l'adhérent souscrit à une « part légumes » et affirme son partage du projet social porté par le jardin. Le prix annuel de cette « part légumes »  correspond au calendrier de culture construit en début de saison. Le prix de référence des légumes est calculé en fonction des variations saisonnières du marché bio, en tenant compte de l'environnement local.
Différentes formes de paniers existent : le panier part pour une famille, le panier demi-part pour une ou deux personnes. Les adhérents ne choisissent pas le contenu du panier mais une attention particulière est donnée à la diversité : en moyenne, les paniers sont composés de cinq à six légumes différents, nombre qui varie en fonction des saisons et peut aller jusqu'à 10 en période estivale.


Les Jardins de Cocagne, c'est aussi 40 autres actions : exemples
- Cocagne Innovation :
Un label pour des innovations sociales et environnementales
Outre les paniers bio livrés aux adhérents consommateurs, de nombreux Jardins de Cocagne se diversifient et développent d'autres activités : jardins pédagogiques, plateformes de distribution, transformation et production de conserves ou entretien des espaces verts et naturels.
Le label Cocagne Innovation a été créé pour de tels projets, dont il garantit la qualité méthodologique, sociale, environnementale et économique.
C'est le cas d'Oasure, entreprise d'insertion créée par le Jardin de Cocagne de Saint-Just- Saint-Rambert dans la Loire. L'idée ' Produire et installer des roseaux filtrants capables d'épurer écologiquement les eaux usées, véritable système de lagunage naturel. Autre exemple, Solid'Action en Isère, un centre d'accueil et d'hébergement sans limitation de durée pour les personnes les plus fragilisées, à la fois lieu de vie et lieu de travail.

- Fleurs de Cocagne :
Une fleur coupée parcourt parfois plus de 3 000 kilomètres en avion avant de venir agrémenter un bouquet. Pour faire face à cette problématique, les jardins Fleurs de Cocagne, dont le premier est né en 2007 à Avignon, porté par l'association Semailles, font le pari de produire des fleurs localement, dans le respect de l'environnement et tout en favorisant l'insertion des personnes en difficulté. Sur le même modèle que les jardins maraîchers, ces chantiers d'insertion produisent, confectionnent et vendent des bouquets éthiques et écologiques. Un concept inédit en France et une alternative aux fleurs actuellement proposées sur le marché, dont 80 % sont produites à l'étranger (Hollande, Kenya) à grand renfort de pesticides, générant trafic aérien et surconsommation énergétique. Les fleurs sont vendues par abonnement ou dans les réseaux de distribution partenaires locaux.

- Planète Sésame :
Entre global et local, les restaurants et traiteurs Planète Sésame proposent une cuisine du monde préparée avec des produits issus de l'agriculture biologique, des circuits-courts ou du commerce équitable. Le principe repose sur l'idée de créer des emplois d'insertion dans les métiers de la restauration en valorisant les savoir-faire culinaires des salariées et la diversité culturelle tout en privilégiant les pratiques respectueuses de l'environnement. En 2013, sept Planète Sésame sont en activité ou en création.

- 30 000 paniers solidaires :
Les foyers les plus modestes consomment en moyenne 40 % moins de fruits et légumes que ceux aux revenus les plus élevés. évitant toute stigmatisation par un système qui leur serait uniquement réservé et fondé sur la gratuité, le programme « 30 000 paniers solidaires » distribue sans distinction un panier de légumes hebdomadaire à des personnes défavorisées.
Seule différence : le coût de l'abonnement au panier est sensiblement réduit (environ 30% du prix de vente) grâce à une prise en charge par des partenaires locaux et nationaux. Abonnés au même titre que les autres adhérents-consommateurs, les bénéficiaires s'impliquent de ce fait dans la vie associative du jardin, source de valorisation et de regain d'estime de soi. Inscrite pleinement dans la mission de lutte contre l'exclusion des Jardins de Cocagne, cette action poursuit un double objectif : faciliter l'accessibilité économique des fruits et légumes et surtout encourager à l'autonomie alimentaire et à l'équilibre nutritionnel en favorisant autour de l'alimentation toutes les actions créatrices de lien social et d'insertion.

Bilan

  • Chaque année, autour de 4000 jardiniers sont salariés en contrat d'insertion par les Jardins de Cocagne, soit une quarantaine de personnes en moyenne par jardin, dont 39% de femmes.
  • à l'issue de son parcours d'insertion, près d'un jardinier sur deux (45%) réussit à intégrer un emploi ou une formation.
  • Le réseau compte 103 jardins en activité en 2015. Ils représentent près de 6 % des Ate- liers et chantiers d’insertion (ACI) en France
  • 570 hectares de culture répartis sur tout le territoire français.
  • 810 encadrants.
  • 19 300 familles d'adhérents-consommateurs. 200 adhérents en moyenne par jardin.

Partenaire(s)

  • Pôle emploi, services sociaux des conseils généraux
  • 90% des jardins cotisent à la Mutuelle Sociale Agricole (MSA). 60% ont un partenariat avec la MSA, principalement lié à la santé et la sécurité au travail et à la prévention et l'éducation à la santé.
  • 97 % des jardins ont mis en place des actions de partenariat avec le monde de l'entreprise. Ces partenariats concernent en majorité des périodes d'immersion qui peuvent déboucher sur une relation durable avec l'entreprise. Les évaluations en milieu de travail ainsi que les visites d'entreprises sont également privilégiées car elles permettent notamment aux salariés de confirmer ou de préciser leur projet professionnel. 10 % des Jardins ont conclu des partenariats institutionnalisés notamment sous la forme de « clubs d'entreprises » : il s'agit d'un collectif réunissant des responsables d'entreprises locales soucieux de s'impliquer et d'appuyer les différents parcours d'accès à l'emploi proposés par le Jardin. Beaucoup de Jardins souhaitent à terme développer ce type de partenariat qui permet de répondre à différents enjeux commerciaux, sociaux ou financiers.
  • Financeurs : Fond social européen, Etat, collectivités territoriales, MSA, Agefiph

Moyens

En 2015, le budget moyen d’un Jardin de Cocagne est de 593 000 euros.

97% des Jardins sont locataires de leur terrain. Il s'agit dans la moitié des cas, d'une mise à disposition gratuite.

Le Jardin médian c'est :

  • 18 postes conventionnés (Les « postes conventionnés » correspondent au nombre total de places prévues chaque année dans chaque Jardins de Cocagne en tant qu'ateliers et chantiers d'insertion conventionnés par l'état)
  • 35 salariés en insertion
  • 4,5 ETP permanent
  • 3 hectares
  • 170 adhérents
  • 76 000 euros de chiffre d'affaire


 

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