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Enfance & Famille

Langage et jeu à Lunéville

Type d'action

  • Education
  • Parentalité
  • Partenariat / transversalité

Département

Meurthe-et-Moselle (54)

Sur le vif

« De nombreux travaux de recherche démontrent que les enfants qui ont un langage oral pauvre (système syntaxique très limité, vocabulaire restreint) ont des difficultés à entrer dans l’écrit. Le langage ne s’acquiert pas de façon spontanée. C’est grâce aux milliers d’interactions langagières entre l’enfant et des adultes (en priorité habituellement ses parents) que l’enfant entre dans le savoir-parler. Il faut des milliers de tâtonnements pour que l’enfant puisse apprendre à parler. » L’AsFoReL

Porteur(s) de l'action

Coordination Lunévilloise Enfance Famille (CLEF), collectif composé d’institutions : Conseil départemental de Meurthe et Moselle, Ville de Lunéville, CAF, Education nationale, Etat et d’associations (MJC « Jacques-Prévert » (association support pour le poste de permanent du collectif), ASAL (Association interculturelle), Centre Social « Les Epis », Fédération Familles Rurales).

Objectif(s) et bref descriptif

Afin d’aider les enfants âgés de 4 à 6 ans à mieux maîtriser le langage oral, les associations CLEF (Coordination Lunévilloise Enfance Famille) et AsFoReL (Association de Formation et de Recherche sur le Langage) ont élaboré une méthode basée sur les jeux de société. Mené à la ludothèque d’un quartier situé en ZUS de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) à destination des enfants de deux écoles maternelles du secteur, l’action s’appuie sur des adultes (ludothécaire, enseignant, bénévoles) formés pour l’occasion. Une méthode qui porte ses fruits au dire des instituteurs de CP qui témoignent d’une amélioration du niveau de langage des enfants.

Origine(s)

Le territoire lunévillois, en Meurthe-et-Moselle, concentre un grand nombre de difficultés : chômage endémique lié à la fermeture de nombreuses entreprises, absence de mobilité et aucune activité touristique. Une situation productrice d’isolement pour les enfants et leurs familles, qui vivent avec peu d’ouverture sur le monde qui les entoure.
Face à ce constat, la Coordination lunévilloise enfance famille (CLEF) voit le jour à Lunéville en 1999. Ce collectif d’associations et d’institutions a pour objectif de développer des actions d’accompagnement et de soutien des parents dans l’exercice de leurs responsabilités. Il s’inscrit dans le dispositif REAPP, Réseau d’Ecoute, d’Aide et d’Appui à la Parentalité, mis en place à la même époque.
Rapidement, la coordination propose de nombreuses actions à destination des familles, des professionnels et bénévoles sur des sujets divers en lien avec l’enfance et la parentalité. Mais l’accent est particulièrement mis sur la lutte contre l’illettrisme et l’apprentissage du langage. Car dès sa création, la CLEF est alertée par les professionnels de la petite enfance au sujet des problèmes de langage que rencontrent de nombreux enfants, ce qui les pénalisent dans les apprentissages scolaires.

En 2009 dans le quartier de Niederbronn-Zola à Lunéville, les deux écoles maternelles, la ludothèque, les professionnels de PMI et l’association de quartier gérant la bibliothèque font connaître à la CLEF les difficultés rencontrées par les jeunes enfants dans la maîtrise du langage : certains enfants ne construisent pas de phrases, d’autres uniquement des phrases très simples, leur vocabulaire est limité et ils ne parviennent pas à communiquer leurs demandes et leurs réponses lorsqu’elles dépassent les besoins primaires.
La CLEF contacte alors une linguiste, maître de conférences à l’université de Lorraine et spécialisée dans l’acquisition du langage, qui est à l’origine d’un dispositif d’entraînement au langage en complément de l’apprentissage réalisé en famille et à l’école maternelle. Intitulé Coup de pouce LANGAGE, ce dispositif développé par l’Association de Formation et de Recherche sur le Langage (Asforel), implique professionnels et bénévoles de la petite enfance et fonctionne depuis 2006 dans une quinzaine de villes après une expérimentation couronnée de succès à Angers. C’est ce dispositif qui sera utilisé au sein des deux maternelles.

Description détaillée

Le dispositif Coup de Pouce LANGAGE vise à un « entraînement au langage », en complément de l’apprentissage du langage réalisé en famille et à l’école maternelle. Il est destiné à des enfants âgés de 3 à 6 ans, ayant une expression langagière limitée et ne recevant peu (ou pas) de soutien suffisant en langue qui leur permettrait d’aborder sereinement l’apprentissage de la lecture – écriture.
L’objectif est de rencontrer ces enfants en relation duelle autour de livres illustrés, afin qu’ils acquièrent une structuration langagière plus complexe et un vocabulaire plus diversifié. Cette action se caractérise par la mise en place d’ateliers « Mieux parler pour ensuite apprendre à lire » après l’école ou dans le cadre des aides personnalisées. Ces ateliers durent entre 15 et 20 minutes pour chaque enfant, 2 à 4 fois par semaine. Ils sont menés par des « facilitateurs de langage» qui bénéficient d’une formation de base.
La méthode vise l’apprentissage du lexique et de la syntaxe, en particulier la verbalisation de constructions de plus en plus longues et de plus en plus complexes et diversifiées. Le but est également d’impliquer les parents en les invitant à participer aux différentes activités proposées dans ce cadre.

A Lunéville, l’action intitulée « langage et jeu » est menée dans un quartier sensible de la ville, le quartier Niederbronn-Zola, entre 2009 et 2012 avec les deux écoles maternelles. La démarche est développée en partenariat avec la ludothèque « le Donjeux ». C’est donc tout naturellement que l’Asforel décide d’élaborer une nouvelle méthode basée sur le jeu, plutôt que le livre, et de l’expérimenter dans le quartier Niederbronn-Zola.
Professionnels et bénévoles de la petite enfance (professeurs des écoles de la maternelle, ATSEM (Agent Spécialisé des écoles Maternelles), ludothécaires, bénévoles des associations…) sont impliqués dans l’action. Ils bénéficient dans un premier temps d’une journée de formation, menée par la linguiste, afin de devenir « facilitateurs de langage ». Cette formation insiste en particulier sur le rôle des interactions langagières dans l’apprentissage et le principe de reformulations.
Les élèves de Moyenne et Grande Section d’école maternelle se déplacent à la ludothèque chaque semaine où plusieurs jeux (préalablement sélectionnés selon différents critères) leur sont proposés. Chaque adulte « facilitateur de langage » joue alors à trois jeux différents avec un groupe de quatre enfants, autour d’une table, pendant une heure. L’adulte explique d’abord la règle en proposant des formulations langagières adaptées. Lorsque le jeu est connu les enfants sont invités à l’expliquer. Au cours du jeu l’adulte accompagne verbalement ce que fait chaque enfant et peut inviter chaque enfant à dire ce qu’il doit faire ou ce qu’il a fait. A la fin l’adulte et les enfants expliquent qui gagne, comment et pourquoi. Lors des premières semaines, la linguiste de l’Asforel assiste aux premières sessions afin d’accompagner les « facilitateurs de langage ».

Après un trimestre, tout en poursuivant les séances à la ludothèque, les enseignants des écoles maternelles confectionnent des jeux avec les enfants de leurs classes. En adaptant des jeux déjà existants ou en en créant de nouveaux de toute pièce. Chaque groupe de quatre enfants construit un jeu et plusieurs séances seront ensuite consacrées à y jouer. Lorsqu’il est bien compris et que les enfants sont capables d’expliquer verbalement le fonctionnement du jeu, l’adulte écrit la règle sous la dictée des enfants selon des modalités spécifiques vues en formation. Les enfants réutilisent spontanément les formulations proposées par les adultes lors des séances à la ludothèque. Plusieurs séances de 20 minutes sont nécessaires pour arriver à une règle du jeu suffisamment explicite.
Les parents d’élèves sont également associés au projet de différentes façons. Ils sont invités à participer aux ateliers de jeux en tant que joueurs. Ils n’animent pas de jeu mais ils sont acteurs. Par ailleurs, une vidéo retraçant quelques séances de jeu est projetée aux parents dans l’école afin de leur expliquer cette activité et de les inciter à fréquenter la ludothèque du quartier. Les enfants peuvent également faire jouer leurs parents en les faisant participer à une fête en fin d’année scolaire durant laquelle un grand nombre de jeux sont à disposition.

Ce dispositif est conçu pour être reproductible : il a d’abord été primé en 2011 par la Fondation SNCF dans le cadre de l’appel à projet « Entre les lignes » (programme prévenir l’illettrisme) pour sa mise en œuvre locale sur Lunéville, puis il a fait l’objet d’une Opération de Mécénat Régional par la Fondation SNCF pour la période 2013-2015, opération soutenue par l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI). Dans ce cadre, l’AsFoReL a élaboré un outil d’accompagnement pour les acteurs (professionnels et bénévoles) qui souhaitent mettre en œuvre l’action dans leurs structures et propose des formations, une mallette pédagogique et un suivi sur le terrain. Par ailleurs depuis 2013 l’AsFoReL est missionnée par la Fondation SNCF et la mission régionale de Prévention et Lutte contre l’illettrisme pour mettre en œuvre dans toute la région Lorraine l’action baptisée« Jouer pour parler, parler pour jouer… Le langage en jeu ».

Bilan

  • Une première évaluation qualitative issue de l’expérimentation à Lunéville montre qu’après quelques séances de jeux, les enfants sont capables d’expliquer, avec l’aide de l’adulte, les grandes phases et la finalité du jeu. Puis, ils sont capables d’expliciter au moins une partie de la règle, en utilisant des structures langagières de plus en plus structurées et complexes.
  • Les enseignants de CP, qui n’ont pas été concernés par les formations, témoignent depuis 2 années du meilleur niveau de langage des enfants et constatent avec satisfaction avoir en classe « des enfants qui parlent » !
  • La ludothèque qui était en perte de vitesse voit depuis la mise en place de l’action sa fréquentation augmenter de façon continue et régulière.
  • Les relations des enseignants avec les parents se sont apaisées avec des parents très présents et à l’aise.
  • Les formations concernent des bénévoles intervenant dans le quartier, des professionnels de diverses origines, enseignants, ludothécaires, animateurs, ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), éducateurs de jeunes enfants…

Partenaire(s)

AsFoReL
CAF, Conseil départemental, ville de Lunéville, Etat
Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANCLI)
Fondation SNCF

Moyens

Humains
Une formatrice AsFoReL
Bénévoles, professionnels du quartier.

Financiers
Fonctionnement de la CLEF : 50 000 euros par an.
Action langage et jeu à Lunéville : environ 3 000 euros, financés par la fondation SNCF.
Action « Jouer pour parler, parler pour jouer… Le langage en jeu » en région Lorraine : 35 000 euros pour la période 2013-2015

Contact

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