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Gouvernance & Territoires

La politique culturelle au service du développement social

Type d'action

  • Développement social
  • Inclusion
  • Accessibilité
  • Loisirs
  • Partenariat / transversalité

Département

Rhône (69)

Sur le vif

« Mettre la culture au coeur du développement social urbain grâce à un projet partagé où chaque acteur de la culture et du social apporte ce qu'il a de meilleur, dans le respect de ses missions. Un projet dans lequel on tente de trouver la manière dont on veut rêver ensemble un territoire. »

Porteur(s) de l'action

Ville de Lyon

Objectif(s) et bref descriptif

Pour favoriser l'accès à la culture pour tous, y compris les personnes les plus fragiles et les habitants des quartiers en difficulté, le Maire de Lyon décide de créer, en partenariat avec la région et l'Etat une Mission de Coopération Culturelle. Via l'organisation d'un réseau large d'acteurs (grandes institutions culturelles, acteurs sociaux, acteurs culturels de quartier, artistes), cette organisation inter-services situe sa mission à l'interface de la culture et du social, du thématique et du territorial, pour faire converger de multiples compétences autour d'objectifs partagés.

Origine(s)

A la fin des années 1990 et pour préparer le nouveau contrat de ville 2000-2006, un travail de bilan des actions initiées dans le cadre de la politique de la ville est mené avec les habitants et les acteurs des quartiers. Il met en lumière la forte capacité de mobilisation de tous les projets de type culturel (travaux sur la mémoire des personnes, des familles, des quartiers, événements festifs, accompagnement des pratiques culturelles des jeunes : hip hop, cultures urbaines'). Mais il révèle aussi les frustrations liées à l'absence de valorisation de ce qui a été produit. Les divers intervenants (habitants, artistes, animateurs, professionnels du social ou de la culture') font part de leurs difficultés à définir leur place respective et de la faiblesse des moyens techniques et financiers qui leur sont donnés.

Un constat financier est alors posé : la politique culturelle de Lyon représente 20% du budget de la ville, soit 100 millions d'euros. Sur ces 100 millions, 98% sont affectés au fonctionnement des 20 grandes institutions culturelles qui font le prestige national et européen de la ville (Opéra, Conservatoire de Région, théâtre, etc') et seulement 0,3% sont affectés aux projets développés dans les quartiers ayant pour objectif le lien social et la mobilisation des habitants.

Parallèlement, les trois élus respectivement chargés de la culture, de la politique de la ville, et de l'événementiel estiment que l'approche par quartiers de la politique de la ville et le cloisonnement des politiques publiques contribuent à l'enfermement des quartiers et nourrit le repli sur soi. Ils estiment que la culture constitue un facteur important de transformation des relations entre les gens, au même titre que les actions de soutien social, urbain et éducatif, et qu'elle doit pouvoir contribuer à la mobilité et à la circulation des projets.
Dès lors, le choix est fait d'interroger de manière systématique la place des habitants dans les politiques culturelles menées. La notion de coopération culturelle est née.

Description détaillée

Elle se concrétise fin 2005 par la création d'une Mission de coopération culturelle, organisation rattachée à la direction culturelle et en lien fonctionnel avec la délégation au développement territorial de la ville de Lyon, mais également co-financée et co-mandatée par l'état et la région.

Mobilisation du droit commun
En 2006, un nouveau diagnostic partagé, associant élus, professionnels, habitants, associations, permet de redéfinir un projet culturel pour la ville et les quartiers de Lyon. Sur cette base, la Mission de coopération culturelle assure notamment la mise en 'uvre du volet culturel du Contrat urbain de cohésion sociale (CUCS), des politiques transversales culturelles traitant des questions de développement urbain et social en général, et d'une « Charte de coopération culturelle ». Elle met ainsi en oeuvre les projets à deux échelles territoriales :

  • Les quartiers de la géographie prioritaire du CUCS de Lyon1 (le CUCS ayant à Lyon un volet culture)
  • Le territoire communal pour des thématiques prioritaires transversales.

La Charte de coopération culturelle illustre le principe de mobilisation du droit commun qui sous-tend la démarche. Sa vocation est d'impliquer chacune des 20 grandes institutions culturelles concentrant le plus de moyens dans le développement social, tout en respectant leur c'ur de mission. Par le biais de cette charte, chaque institution s'engage à mettre en oeuvre une série d'actions favorisant la culture pour tous, y compris les personnes en difficultés, la participation des habitants et le lien social.

Les institutions culturelles mobilisées pour le social
Ainsi à titre d'exemple, les archives municipales de Lyon se sont engagées :

  • Dans le cadre de la politique de la ville,
  • Sur la thématique « mémoires et trajectoires » à travers notamment l'élaboration et la diffusion d'un « Guide du collecteur de mémoire » (avec informations techniques et juridiques), l'accompagnement des porteurs de projet, la conservation et la valorisation des productions'
  • Sur des territoires en particulier : elles se sont engagées à mener des actions spécifiques sur deux quartiers prioritaires de la politique de la ville.
  • D'une manière générale, sur les thèmes « culture et handicap » (découverte des Archives pour des associations de déficients visuels, participation à la mise en place d'un pôle national de conservation des archives privées des familles en situation de handicap) et « culture à l'hôpital » (valorisation des archives historiques des Hospices civiles de Lyon, travail en direction des patients et du personnel soignant).

De la même manière, l'Opéra, la Bibliothèque municipale, le Musée d'art contemporain, l'Orchestre national de Lyon, les musées et théâtres divers et autres institutions signataires s'engagent sur des logiques thématiques et territoriales, intégrées ou non au CUCS (diversité culturelle, mémoires et trajectoires, cultures urbaines, pratiques culturelles des habitants, culture et insertion, cultures numériques, art et rénovation urbaine sont autant de thématiques inscrites dans le CUCS, mais on trouve aussi « culture et handicap », « culture en prison », « culture et personnes âgées » etc.) Chaque équipement culturel désigne un référent « coopération culturelle » chargé de mettre en place les actions et les engagements pris par son institution.

Nouvelle fonction, nouveau mode de fonctionnement
Ainsi 93 engagements ont été pris, permettant aux institutions de produire un service nouveau tout en restant dans leur coeur de mission, donc à moyens constants. Loin des oppositions classiques en la matière (rayonnement culturel/logique de proximité, universalisme de l'art/prise en compte de la diversité, liberté de l'artiste/service public...) cette charte propose ainsi de prendre en compte les habitants dans la démarche de création et de diffusion artistique.
Cette charte, comme l'ensemble de la mission de coopération culturelle, repose sur une volonté forte : celle de faire converger les compétences des uns et des autres autour d'objectifs partagés. Elles s'appuient sur la contribution de cinq pôles ayant des rôles et savoir-faire bien définis :

  • Un pôle regroupant les acteurs de proximité, capables de faire remonter la parole des habitants et de porter le projet de développement dans chaque quartier (celui-ci devant être clairement identifié et posé).
  • Un pôle regroupant les artistes et acteurs culturels, ayant des compétences diverses et pouvant contribuer à leur manière et dans le respect de leur identité au développement social.
  • Un pôle décisionnel fort en interne : tous les projets sont validés par les trois élus à la culture, à la politique de la ville et à l'événementiel, et d'autres élus interviennent en fonction des projets
  • Un pôle décisionnel partenarial fort également (associant la commune, l'état, la région).
  • Un pôle technique et administratif sachant écouter, « traduire », accompagner, mettre de la transversalité...
     

Bilan

  • Lutte contre la logique de concentration et d'élitisme culturel.
  • Les diagnostics récurrents font tous ressortir l'intérêt de la culture comme vecteur de lien social, de participation, d'épanouissement et de valorisation des habitants.
  • L'existence d'un projet culturel clair pour chaque quartier permet de donner du sens aux diverses interventions (résidences d'artistes') et participe au désenclavement du quartier (par exemple le quartier de La Guillotière, quartier historique d'immigration de Lyon, s'est développé ces dernières années à travers la valorisation des différentes cultures et c'est sur cette base que sont aujourd'hui travaillés les échanges avec les autres quartiers).
  • La Charte de coopération ne reçoit pas de financement spécifique. Il s'agit d'une politique de mobilisation du droit commun, avec redéploiement en interne d'une partie du budget de chaque institution. En 2008, le budget alloué aux projets culturels dans les quartiers s'élève à 0,45% du budget culturel de la ville, contre 0,3%, ce qui représente une augmentation de 50%. L'effort global est donc réel, même si dans les faits les institutions signataires ne s'impliquent pas toutes au même degré.

Partenaire(s)

Ville de Lyon
CUCS
Région Rhône-Alpes

Moyens

Humains
La mission est constituée de quatre personnes dont un chef de Mission et deux agents de développement. Les référents des institutions culturelles participent au fonctionnement de la mission. Les membres de la Mission sont partie intégrante des équipes de maîtrise d''uvre territoriales.

1. Le Cucs de Lyon est une déclinaison du Cucs de la Communauté urbaine de Lyon (Courly).

Contact

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