Jeunes guides en banlieue

Type d'action

• Développement social
• Lien social
• Inclusion
• Habitat
• Accès à l'emploi
• Loisirs

Département

Sur le vif

« Un quartier sans histoire, ça n'existe pas, c'est génial de pouvoir raconter aux visiteurs toutes ces anecdotes, ces tranches de vie que seuls les habitants d'ici peuvent connaître », Saoula, guide salariée du CAUE 94

Porteur(s) de l'action

Conseil d'Architecture de l'Urbanisme et de l'Environnement en Banlieue du Val de Marne

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de valoriser les habitants et le cadre de vie des quartiers en difficulté, le CAUE du Val de Marne forme et embauche des jeunes habitants en tant que guide lors les visites architecturales et urbaines qu'il organise dans les cités. Rémunérés comme pour les intervenants professionnels, le projet permet  aux bénéficiaires de réviser leur appréciation sur la qualité de leur environnement urbain et de réapprécier la qualité des usagers de ces lieux dont ils font partie avec leurs familles, voisins et amis. L'expérience, pouvant honorablement figurer dans un CV facilite par ailleurs leur insertion par la suite dans le monde du travail.

Origine(s)

Les Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement sont des organismes départementaux créés à l'initiative des Conseils généraux dans le cadre de la loi sur l'architecture de 1977. Investis d'une mission de conseil et de sensibilisation à la qualité architecturale et urbaine auprès de publics divers, les CAUE sont présidés par un élu local.  Les actions grand public du CAUE 94 sont menées dans le cadre de manifestations nationales telles que « les journées du Patrimoine » ou « Rendez-vous aux jardins ». Le conseil organise aussi des actions comme des cycles de conférences ou des promenades urbaines menées en partenariat avec d'autres structures s'adressant à des publics spécifiques : le Centre Pompidou, le Rectorat de Créteil et l'Inspection Académique.
Ces opérations permettent de toucher des tranches d'âges très variées, par exemple les scolaires ou les retraités, le corps enseignant ou les professionnels de l'architecture et de l'urbanisme. Elles sont aussi l'occasion de faire découvrir ou redécouvrir un patrimoine bâti ou paysager dont l'intérêt est ignoré par les riverains. Par exemple, des visites urbaines ont souvent été organisées dans de grands ensembles urbains d'une époque récente, pour aborder des thèmes tels que le mouvement moderne des années 1925-1930, ou le logement social des années 1950 ou 1970.
Ces visites sont habituellement commentées par des intervenants spécialisés, des architectes, urbanistes ou paysagistes du CAUE en utilisant les compétences internes à la structure, mais aussi en missionnant des intervenants extérieurs apportant un autre regard, qui peuvent être, par exemple, des historiens du jardin ou des spécialistes en sociologie urbaine.
Le regard extérieur porté par les intervenants sur ces micro-sociétés que sont les cités ne permet pas, malgré toute leur compétence et leur bonne volonté, d'avoir une connaissance du vécu dans ces quartiers qui peut relativiser l'appréciation portée sur la qualité de certaines réalisations. Il y manque l'impact du témoignage. Par ailleurs, l'image de ces groupes menés par des spécialistes dans des territoires qui leur sont culturellement étrangers, circulant sous l''il interrogateur des riverains à qui le discours ne s'adresse pas, montre que la dimension sociale de ces actions reste à parfaire. En 2007, le CAUE 94 a l'idée de faire participer à ce projet les jeunes des quartiers en leur demandant d'y ajouter un valeur ajoutée: leur vécu dans la cité.

Description détaillée

Il s'agit donc de donner à une quinzaine de jeunes la capacité de mener des visites urbaines dans les quartiers dont ils sont issus, ces derniers pouvant être des ensembles particulièrement intéressants du point de vue de l'architecture, de la composition urbaine ou du paysage.  Dans les municipalités des partenariats sont conclus pour interpeller les acteurs du social, de la culture et de la politique de la ville afin d'identifier sur chacun des sites des jeunes des  quartiers.
Chacun d'entre eux bénéficie d'une formation de 6 jours rémunérée et dispensée par le CAUE à raison de trois sessions de 2 journées, compatibles avec leurs activités scolaires ou professionnelles. La formation porte sur une initiation à l'architecture, son vocabulaire, son histoire ainsi que l'évolution urbaine. Une partie de la formation se déroule sur le terrain, pour permettre aux intervenants amateurs d'élaborer un discours crédible sur l'architecture du lieu de la visite. Cet apport culturel est enrichi par des commentaires plus personnels inspirés des expériences de vie à l'intérieur de la cité.
Sur le terrain chaque visite est également rémunérée, comme pour un intervenant professionnel, et fait à chaque fois l'objet d'un contrat de travail. L'intervention est menée par trois  ou quatre jeunes (environ 18-30 ans) vivant ou ayant vécu sur les lieux. Ils assurent des visites sur le thème du patrimoine, soutenus et accompagnés par un architecte du CAUE, tout en témoignant du vécu et des habitudes de vies dans cet environnement qu'ils connaissent mieux que quiconque, et du regard qu'ils portent aujourd'hui sur ces ensembles. Ces visites sont au nombre de trois par sites et s'adressent à un public local quand elles sont organisées par les centres sociaux locaux, les centre de loisirs, ou les écoles du quartier, à l'occasion des partenariats initiés par la structure. Le public est plus large et extérieur au quartier et même au département à l'occasion des manifestations régionales et nationales comme "Vivre les Villes" ou les journées du Patrimoine".
Ces visites ont d'ailleurs la possibilité de se développer au-delà du contrat signé avec les jeunes guides puisqu'ils sont souvent sollicités par la suite par des réseaux associatifs et institutionnels.
Le projet permet  aux bénéficiaires de réviser leur appréciation sur la qualité de leurs environnements urbains et leurs lieux d'habitation en termes de construction et d'usages. Le fait de requalifier à leurs yeux leurs espaces de vie leur permet de réapprécier la qualité des usagers de ces lieux dont ils font partie avec leurs familles, voisins et amis.
Leur rôle actif dans la réalisation de ce projet les valorise d'autant plus qu'il les positionne « du côté du savoir» dans cette démarche. Par ailleurs, l'implication de ces jeunes dans ces visites guidées et commentées, véritable projet pédagogique professionnel, leur permet d'acquérir une expérience pouvant honorablement figurer dans un CV : c'est une action culturelle rémunérée encadrée par un organisme reconnu dans le département qui peut faciliter une insertion dans le monde du travail. Enfin, les différentes séances de préparation entre jeunes de cités différentes ayant souvent les mêmes difficultés vont leur permettre d'aller à la rencontre d'autres milieux, en fréquentant les visites des autres sites choisis et par  conséquent produire un renforcement du lien social.

Bilan

• Pour les visiteurs: Aux éléments d'histoire et d'architecture se rajoute une plus-value essentielle: la connaissance du vécu dans la cité.
• Pour les jeunes guides: Depuis 2007, une quinzaine de jeunes par an ont bénéficié du projet dans une demi-douzaine de sites soit une petite cinquantaine de personnes.  L'expérience, valorisante pour eux-même, leur proche et le quartier constitue souvent une première expérience professionnelle facilitant leur insertion dans le monde du travail.

Partenaire(s)

Préfecture (politique de la ville)
Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile de France ( Drac)
Les villes de Créteil,  Maisons-Alfort,  Champigny, Villejuif,  L'Haÿ-les-Roses

Moyens

Financier
11 000 euros, de budget,  soit 4 000 euros octroyés par la Préfecture au titre de la politique de la ville, le reste étant fournit par la Drac et certaines des villes bénéficiaires sous forme de subvention au CAUE 94. L'essentiel des dépenses est constitué par les frais de personnels.

Humain: une quinzaine de jeunes par an

 >>Consulter l'article du journal des acteurs sociaux