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Autonomie

Jardin d’enfants spécialisé hors les murs : des pratiques professionnelles partenariales et inclusives

Type d'action

  • Accessibilité
  • Aidants
  • Education
  • Etablissement
  • Handicap
  • Inclusion
  • Lien social
  • Parentalité
  • Partenariat / transversalité
  • Pratiques professionnelles
  • Prévention

Département

Loir-et-Cher (41)

Sur le vif

« L’inclusion ne se décrète pas, elle se travaille », directrice de la structure Tom Pouce.

« Quand j’ai découvert l’existence du JES, j’ai vraiment eu envie de venir y travailler. Accueillir un enfant en situation de handicap en crèche, ce n’est pas forcément inclusif. L’organisation ici permet de travailler au plus près des besoins des enfants. C’est stimulant et plutôt novateur », éducatrice de jeunes enfants détachée de l’ADAPEI 41 au sein de la structure Tom Pouce

« Mon enfant découvre ici l’inclusion et l’ouverture vers les autres, sa socialisation est essentielle. Il faudrait qu’un accueil de ce type soit possible partout. Les professionnelles qui s’occupent de lui sont comme ses deuxièmes mamans », mère d’un petit garçon de deux ans, porteur de trisomie 21, accueilli dans la structure Tom Pouce.

Porteur(s) de l'action

ADAPEI 41, École maternelle Foch, structure multi-accueil « Tom Pouce » de Blois, structure multi-accueil « La T'rottinette » de Vendôme.

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de permettre l’accueil d’enfants porteurs de handicap dans des Établissements d’accueil du jeune enfant et à l’école, un jardin d’enfants spécialisé hors les murs porté par l’ADAPEI 41 s’est installé dans des établissements du milieu ordinaire. Son fonctionnement permet le suivi individualisé des enfants dans des structures collectives publiques. L’organisation retenue permet une réelle inclusion des enfants tout en respectant leurs besoins spécifiques. Une action qui profite aux professionnels, par l’adaptation des pratiques, ainsi qu’à l’ensemble des enfants accueillis : l’adaptation de la structure aux besoins des enfants a un impact positif sur l’ambiance quotidienne et l’approche pédagogique permet d’habituer les enfants à la différence.

Origine(s)

Depuis 2009, un partenariat relie l’ADAPEI du Loir-et-Cher à plusieurs lieux d’accueil collectifs publics de la petite enfance pour mettre à disposition du personnel spécifiquement dédié à l’accompagnement des enfants en situation de handicap dans les établissements afin d’adapter les modalités d’accueil et favoriser la mixité des publics. A l’initiative de l’association, cette démarche de jardin d’enfants spécialisé (JES) démarre d’abord au sein l'Ecole maternelle Foch de Blois où 10 enfants en situation de handicap de 4 à 6 sont accueillis. Puis des liens sont créés avec les multi-accueil « La T'rottinette » de Vendôme et « Tom Pouce » de Blois, où sont accueillis dans chacune quatre enfants en situation de handicap de moins de 6 ans.

Les jardins d’enfants spécialisés sont rarement inclus dans des structures externes au handicap, publiques de surcroît. Et lorsque les structures relevant du milieu dit ordinaire accueillent des enfants présentant un handicap, les dispositifs permettent difficilement de s’adapter à leurs besoins. Le choix de ce dispositif est de donner le temps et la disponibilité d’ajuster la réponse à l’enfant, et donc de proposer un suivi individualisé au sein d’un accueil collectif.

Le dispositif JES bénéficie d’un financement de l’Agence régionale de santé. Le partenariat avec les structures repose sur une convention tripartite entre l’ADAPEI 41, les collectivités et la Caisse d’allocation familiale. Les modalités d’accueil par les professionnel.le.s du JES sont modulées selon les contraintes et choix de chaque lieu et les ressources en personnel de l’ADAPEI. L’ADAPEI détache en 2023 l’équivalent de 4,3 temps plein d’aide médico-psychologique et 2,85 temps plein d’éducateur jeunes enfants répartis sur les trois structures, ainsi qu’un équivalent temps plein d’éducateur spécialisé, un mi-temps de psychomotricien et 0,8 équivalent temps plein de psychologue mutualisés sur les trois structures.

Les dossiers des enfants accueillis par les professionnelles du JES au sein des structures doivent avoir été étudiés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et avoir fait l’objet d’une notification JES. Au sein des crèches, les enfants sont âgés de moins de quatre ans mais peuvent sous dérogation être accueillis jusqu’à leurs six ans. Un reste à charge existe pour les parents, minoré par l’existence du handicap qui entraine une aide bonifiée de la CAF plus élevée et qui peut également être modulée selon le niveau des revenus.

La présente fiche se centrera sur la crèche multi-accueil Tom Pouce.

Description détaillée

Une organisation adaptée pour accueillir des enfants à besoins particuliers 

La structure municipale Tom Pouce dispose de 22 places au total, dont quatre dédiées aux enfants orientés par le JES qui présentent un retard global de développement. La direction de la crèche est assurée depuis 2022 par une infirmière-puéricultrice, précédemment responsable d’une crèche de taille plus importante sans disposition particulière vis-à-vis du handicap. L’équipe est constituée de trois auxiliaires de puériculture, 1 agent titulaire de CAP petite enfance, 1 agent technique salariés de la ville, ainsi qu’une éducatrice jeunes enfants et une aide médico-psychologique, salariées du JES. Ces dernières n’ont pas des contrats à temps complet, par conséquent les enfants relevant du JES ne peuvent être accueillis que sur leurs amplitudes d’horaires de travail. Les professionnelles du JES peuvent assurer l’accueil de quatre enfants en simultané, deux chacune. En 2023, six enfants relevant du JES étaient ainsi accueillis par la structure Tom Pouce. 

Les enfants en situation de handicap ont une référente du JES afin de les sécuriser, surtout au début. L’accueil se fait progressivement, au rythme de l’enfant, grâce à la disponibilité permise par ce partenariat. Par exemple, l’accueil d’un enfant porteur de trisomie 21 a nécessité un temps de familiarisation de plus de deux mois, durant lesquels il ne restait que deux heures dans la structure et pleurait en continu. Cela nécessite donc d’accepter de prendre ce temps pour que l’enfant s’adapte aux conditions. Selon le handicap de l’enfant, ses besoins et ceux de ses parents, le temps de présence au sein de la structure peut être ajusté, tout en prenant en compte la disponibilité des référentes des enfants.  Le lien d’attachement qui se construit peut parfois être fort mais l’objectif est qu’ils puissent progressivement aller vers l’ensemble des professionnelles et des enfants. Au quotidien, tout le monde gravite ainsi ensemble dans l’objectif d’assurer les besoins de tous les enfants.

Photo de la salle de sieste. Une demie douzaine de lits alignés. Deux d'entre eux ont des barreaux.

Du mobilier est adapté aux besoins spécifiques liés au handicap : des sièges coque, table à langer, jouets… Les enfants circulent librement et les conditions d’accueil sont facilement ajustables, par exemple l’endroit et le moment où un enfant fait sa sieste. En revanche, les soins ne sont pas assurés par l’équipe de la crèche mais lors de leurs consultations au Centre d'Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP). 

Un double statut enfance et handicap qui nécessite coordination et partenariat

Les salariées de la ville et de l’ADAPEI ne relèvent pas des mêmes conventions de travail et par conséquent ont des modalités de travail différentes (horaires, congés…). Les professionnelles du JES sont néanmoins sous la responsabilité fonctionnelle de la responsable de la structure. Cette dernière participe aux réunions du JES deux fois par mois. Cela nécessite au préalable qu’un partenariat de qualité se soit construit entre les institutions, en raison du partage de compétences, petite enfance pour la ville et la CAF, handicap pour la MDPH et l’ARS.

Par ailleurs, pour parvenir à une synergie d’équipe et à un projet pédagogique commun, il est nécessaire de s’appuyer sur du temps de coordination et d’échange. Quatre réunions pédagogiques par an permettent de travailler les projets de la crèche, ainsi que des temps plus informels pour échanger sur le fonctionnement. Malgré tout, la dynamique peut être difficile à mettre en place et repose sur l’envie et l’investissement des professionnelles. L’équipe est constituée de personnes venues travailler dans la structure par choix, intéressées par le dispositif mis en place. 

Les référentes JES n’ont pas systématiquement eu une formation spécifique au handicap, la formation est implicite par les missions qui leur sont confiées et par les échanges entre équipes. Le temps dont disposent les référentes du JES pour accompagner les enfants en situation de handicap leur permettent d’observer et de comprendre les besoins pour lever les barrières et s’adapter selon les contraintes.

Un projet pédagogique commun qui fait évoluer les pratiques professionnelles 

La présente synergie d’équipe permet d’enrichir les pratiques et bénéficie autant aux enfants présentant un handicap qu’à ceux qui n’en présentent pas. L’accueil des enfants avec un handicap nécessite de prendre le temps et de s’adapter à leurs besoins. Cette perspective s’est diffusée à l’échelle globale de la structure et a entrainé une évolution des logiques professionnelles, en identifiant davantage les besoins de tout enfant et sans attendre de lui qu’il se plie à l’organisation de la structure. Les professionnelles notent une différence notable dans l’ambiance quotidienne : une quasi-absence de cris et de conflits. Si les enfants peuvent être plus attentifs au handicap en grandissant et parfois légèrement craintifs, le rôle de médiation réalisé par les encadrantes est essentiel pour rassurer et désamorcer les appréhensions. Cette approche pédagogique permet d’habituer les enfants à la différence.

La taille de la structure est aussi un élément clé de réussite de cet accueil inclusif. Les conditions sont plus souples lorsque le nombre d’enfants n’est pas trop élevé, l’adaptation étant plus facile à mettre en œuvre. Par ailleurs, les places réservées au JES ne sont pas toujours complètement remplies, souvent lié à la fatigabilité de certains enfants. 

Un soutien aux familles qui favorise l’autonomie

La garde de leur enfant en situation de handicap au sein d’une structure multi-accueil représente pour les parents un relais autant dans la garde que dans la parentalité. En effet, en plus du répit pour les parents et de la disponibilité donnée pour éventuellement reprendre une activité, l’accueil dans la structure permet de donner davantage de possibilités à l’enfant d’être stimulé et peut améliorer, selon les situations, son autonomie, sa socialisation, son développement. Cela implique qu’une relation de confiance puisse être créée entre les parents et les professionnel.le.s afin que la continuité soit optimale, ce qui n’est pas toujours évident, en particulier face à des difficultés de langage rencontrées par des parents étrangers. Les parents doivent aussi trouver leur place dans le dispositif et peuvent être intimidés initialement. Quant aux parents des autres enfants accueillis, certains remarquent la présence d’enfants en situation de handicap et d’autres non, en revanche rares sont ceux à exprimer de l’appréhension.

De plus, pour que l’enfant soit accueilli au JES, cela présuppose que le diagnostic du handicap ait été posé, accepté par les parents, notifié par la MDPH et qu’une place soit libre. De forts liens sont faits entre le CAMSP et le JES pour l’orientation des enfants. Néanmoins, les enfants arrivent souvent tard au JES, réduisant le temps disponible pour travailler leur autonomie. Souvent, une hospitalisation vient accélérer le processus de diagnostic et d’orientation. Un des enjeux pour de nombreuses situations est de pouvoir repérer et accompagner avant l’entrée à l’école, où les écarts et les difficultés sont plus importants. Ce dernier point rejoint la principale crainte des parents, à savoir la suite après le JES, la continuité du parcours de leur enfant qui n’est pour le moment pas assuré. 

Bilan

Points positifs

  • Un décloisonnement entre secteur public de la petite enfance et accompagnement spécifique du handicap, qui permet un suivi individualisé au sein d’un accueil collectif ;  

  • Une acculturation des pratiques professionnelles et une coopération qui fait évoluer la vision pédagogique et profite aux enfants avec handicap ou non ;

  • Une stimulation au plus tôt pour favoriser l’autonomie et la socialisation de l’enfant en situation du handicap, et qui habitue les enfants à la différence ;

  • Des parents soulagés dans leur quotidien et qui peuvent trouver un appui pédagogique.

Points d’attention

  • Une adhésion des équipes impérative et une configuration favorable par la taille de la structure ;

  • Des différences de réglementations qui imposent de la coopération institutionnelle, un surplus de gestion logistique et une éventuelle médiation à assurer dans les équipes ;

  • Des temps et modalités structurelles qui ne permettent pas d’assurer l’accueil de toutes les pathologies ;

  • Un accueil qui s’arrête à six ans et qui ne préfigure pas de la continuité du parcours de l’enfant par la suite.

Partenaire(s)

ADAPEI 41, CAF 41, Ville de Blois, Ville de Vendôme, ARS, CAMSP.

Moyens

Humains : mis à disposition par l’ADAPEI sur les 3 sites

  • 4,3 ETP d’Aide Médico-Psychologique

  • 2,85 ETP d’Educateur Jeunes Enfants

  • 1 ETP Educateur Spécialisé

  • 0,5 ETP psychomotricien

  • 0,7 ETP psychologue

Pour la structure Tom Pouce : 1 EJE (31h/semaine) et 1 AMP (28h/semaine)

Financiers :  Financement par l’ARS et participation de la CAF. Budget matériels éducatifs et projets pédagogiques du JES : 5360€ pour 2023 dont 1170€ dédiés à l a structure Tom Pouce.

Matériels : Matériels spécifiques apportés par les enfants (sièges coques, fauteuils roulants). Matériels achetés en fonction des besoins et au cas par cas, financés par le JES ou le multi-accueil.

Contact

Stéphanie Martin

Directrice

EAJE Tom Pouce

Adresse : 10 allée de Villejoint 41000 BLOIS

Tél. : 02 54 42 97 70

Courriel : stephanie.martin@blois.fr

*Mention légale : Le contenu de cette fiche relève de la seule responsabilité de l'Agence Apriles et ne peut en aucun cas être considéré comme reflètant la position des partenaires soutenant le projet Apriles.