Dixième famille : des familles bénévoles unissent leurs forces pour soutenir une famille en difficulté dans la durée

Type d'action

• Lien social
• Liens intergénérationnels
• Inclusion
• Education
• Parentalité
• Accessibilité
• Accès à l'emploi

Département

Sur le vif

« 8 à 10 % des individus de toute société sont animés de pulsions altruistes. Le problème demeure de les organiser. » Edgar Morin, cité dans le Rapport d'activité 2010 de l'association Dixième Famille.

« C'est une démarche basée sur les bonnes volontés citoyennes, sans contrainte. L'intérêt d'utiliser les technologies d'aujourd'hui est de permettre à de plus en plus de personnes de s'engager, de fournir une petite aide sans effort. » La Chef de projet Tuteur Plus

Porteur(s) de l'action

Association Dixième Famille

Objectif(s) et bref descriptif

« L'union fait la force ». Pour démultiplier les effets du soutien bénévole auprès de personnes en grande difficulté, l'association Dixième Famille facilite, grâce à Internet, la mise en relation de neuf familles « tutrices » qui vont unir leurs forces pour aider une dixième famille. Grâce à l'outil informatique et au regroupement de bénévoles autour d'un même objectif, ce fonctionnement novateur en réseau vise à assurer un soutien efficace et dans la durée, tout en garantissant aux familles participantes une grande liberté dans le niveau d'implication. Une méthodologie qui fait ses preuve et va pousser l'association à expérimenter un nouveau projet destiné aux jeunes en difficulté engagés dans un processus d'insertion : Tuteur Plus.
Aujourd'hui, l'association a cessé son activité.

Origine(s)

Dès 1992, le futur fondateur de Dixième Famille imagine un concept de soutien scolaire à distance. Avec une petite équipe de sociologues, de pédagogues et d'informaticiens, il crée l'association « Micro Tuteur » qui permet de mettre en relation des « tuteurs » et de jeunes collégiens issus de milieux difficiles en région parisienne. Il s'agit, par un contact téléphonique régulier, d'aider les jeunes à faire leurs devoirs, mais aussi de leur fournir certains repères dont ils manquent. Déjà, un outil informatique, l'agenda partagé, facilite l'organisation du fonctionnement de l'association.

Dix ans après et forte de la réussite de cette première expérience, l'équipe imagine de faire bénéficier de cette forme de soutien en réseau les familles en difficulté dans leur ensemble. Cette fois, l'outil Internet est le principal support du nouveau concept, un choix alors ambitieux. Entre 2003 et 2004, le système « Dixième Famille » est expérimenté à Mantes-la-Jolie, dans le quartier du Val Fourré. L'idée est de mettre en relation neuf familles « tutrices » qui vont mutualiser leurs savoirs pour soutenir activement une dixième famille en grande difficulté. A l'issue de dix-huit mois d'expérimentation réussie, l'association commence à développer le concept sur d'autres territoires en France.

En 2011, alors que les réseaux de « galaxies » de dix familles sont implantés sur 95 départements, l'association se lance dans l'expérimentation d'un nouveau projet, « Tuteur Plus », visant à mobiliser un réseau de familles pour « parrainer » un jeune impliqué activement dans un processus d'insertion et se trouvant en période de transition entre le parcours déjà réalisé et la stabilisation dans une formation ou un emploi.

Description détaillée

Le principe de Dixième Famille est la mobilisation de compétences de différents bénévoles qui, ensemble, s'organisent pour soutenir une famille ou une personne en difficulté. L'originalité du concept est notamment liée à une utilisation judicieuse d'Internet et de logiciels au bénéfice de l'efficacité du réseau. En 2011, le nouveau projet Tuteur Plus propose de s'appuyer sur la force du concept pour soutenir des jeunes dans leur démarche d'insertion.

« Tous pour un » : une galaxie de familles pour démultiplier les effets de la solidarité
Neuf familles regroupent leurs forces pour en aider une dixième. Le fonctionnement du réseau d'entraide est conçu pour être à la fois simple et souple. Grâce à la plateforme Internet, une personne volontaire remplit certaines informations, en particulier les compétences qu'elle maîtrise le plus et qu'elle souhaite mettre à profit pour venir en aide à une famille ou à une personne en situation de détresse sociale. Le futur bénévole peut également mentionner les savoirs d'autres membres de sa famille. En fonction des informations fournies et des localisations géographiques, l'équipe de l'association crée une « galaxie », composée de dix familles dans l'idéal. Outre la complémentarité des compétences des familles « tutrices », le choix de la répartition cherche aussi à respecter une certaine mixité en fonction des professions, des âges, etc.

Une fois la mise en relation des familles effectuée, il faut désigner un responsable de galaxie : il sera chargé de faire le lien entre les familles, d'organiser les rencontres, de rédiger les comptes rendus qui permettent le suivi du processus. Un des bénévole se propose donc de devenir responsable et les membres de la galaxie valident son statut. En cas de litiges l'association, qui détient le profil et la situation géographique de chaque candidat, aura le dernier mot.
Les familles se réunissent régulièrement, une fois par mois en moyenne, pour élaborer une stratégie permettant à la « dixième famille » de trouver progressivement des solutions à ses problèmes. Ces temps de rencontre permettent aux bénévoles de réfléchir ensemble aux difficultés rencontrées et de prendre des décisions sur ce qui va être engagé. Par exemple, une personne avait besoin de passer le permis de conduire pour retrouver un emploi et était confrontée à un manque de maîtrise de la langue française ; la « galaxie » a effectué des recherches pour finalement découvrir qu'il est possible de passer en France le permis en langue turque.

La réunion est enfin l'occasion de se répartir les tâches, qui peuvent être des micro-actions, comme, dans l'exemple précédent, le fait d'accompagner la personne à son cours de conduite. Il est à souligner que la participation au réseau ne signifie pas, dans l'esprit de Dixième Famille, un engagement contraignant. Le regroupement de plusieurs familles bénévoles doit permettre, sans beaucoup de temps consacré par famille, de constituer un effet de levier pour remettre la famille ou la personne dans une dynamique positive. La « galaxie » de familles vise également à garantir un certain soutien dans la durée, même dans l'éventualité du départ d'un ou plusieurs bénévoles. L'association mise de toute façon sur l'« effet réseau » qui multiplie automatiquement les chances d'une personne de trouver des solutions à ses problèmes, que ce soit en matière d'emploi, de logement, de garde d'enfants ou encore de démarches administratives.

Un réseau humain soutenu par des technologies efficaces
Support du réseau, Internet permet de faciliter à la fois la mise en relation, la mutualisation des compétences, l'organisation et le suivi des galaxies. Pour assurer de manière performante ces différentes fonctions, un outil logiciel a été créé par l'association : le « Solidariciel ». Cet outil permet la définition du profil de chaque participant : le bénévole y présente ses compétences, la « dixième famille » y expose ses besoins. Le logiciel comporte également une plateforme collaborative qui permet aux membres de la galaxie d'échanger des connaissances et des réflexions. Enfin, l'outil fait également une place à d'autres parties prenantes du projet associatif : les partenaires, les institutions, les médias.

L'inscription ne pouvant se faire que via Internet, il est peu fréquent que des familles suivies n'aient pas accès à cet outil. Néanmoins, si c'est le cas, les familles-ressources peuvent s'organiser avec la dixièmefamille lors des réunions pour lui prêter leur accès à Internet ou trouver une autre solution (cyber à proximité, clé 3G...). Les neuf familles continuent cependant à communiquer entre elles via Internet. Si l'une d'entre elles non plus ne le peut pas, sa galaxie se charge de lui communiquer les informations par un autre canal.

La plateforme Internet a vocation à être simple d'utilisation, mais aussi attractive, afin de créer une dynamique d'échanges capable d'alimenter les projets par différents apports et d'encourager les bénévoles et les personnes aidées dans leur démarche. Le logiciel est donc autant un support à l'organisation qu'un mode de communication et même d'« émulation » entre les membres du réseau. Le « Solidariciel » a été conçu pour répondre à un enjeu bien particulier du bénévolat : le risque de perdre en route les bonnes volontés si elles ne sont pas de manière rapide et efficace intégrées dans le projet. L'interface permet cette intégration du bénévole, en lui proposant de façon claire une implication à géométrie variable.
Résultat, en 2011 prés de 1 100 familles bénévoles accompagnent de manière pérenne environ 500 familles, dans 94 départements de France métropolitaine.

Tuteur Plus : un nouveau projet pour généraliser le «compagnonnage citoyen»
A partir de l'été 2011, l'association expérimente un nouveau projet qui, tout en s'appuyant sur la méthodologie éprouvée par « Dixième Famille », se concentre sur le soutien aux jeunes en difficulté engagés dans un processus d'insertion sociale et professionnelle. « Tuteur Plus » s'adresse à de jeunes adultes de 18 à 25 ans, qui ont été en grande difficulté, voire en risque de marginalisation, et qui ont ensuite réalisé un parcours de formation d'environ un an dans un des centres de l'Etablissement public d'insertion de la Défense (EPIDE). Placé sous la tutelle des ministères chargés de la Défense, de l'Emploi et de la Ville, cet Etablissement public pilote le dispositif « Défense, deuxième chance » en dispensant aux jeunes accueillis, volontaires, un programme éducatif global (formation, orientation et projet professionnel, acquisition de qualités comportementales, '). A l'issue de ce parcours, les jeunes doivent parvenir à trouver un emploi ou à intégrer une formation qualifiante. L'association Dixième Famille propose alors de continuer à les suivre pendant un certain temps dans cette période de transition durant laquelle ils ne sont pas encore tout à fait stabilisés.

Avec « Tuteur Plus », le principe est le même que pour « Dixième Famille », sauf que la « galaxie » de familles a pour objectif de soutenir le jeune adulte au moment où il entre dans la vie active, de l'aider à devenir pleinement autonome. Dans cette période de la vie où les démarches à entreprendre sont multiples et où les risques de découragement sont importants, en l'absence d'un entourage familial et amical solide, la mobilisation de familles volontaires permet de développer un réseau de solidarité autour du jeune. L'échange de savoirs est là encore au c'ur du projet. Les familles-tutrices ont des compétences qui répondent aux besoins et aux attentes du jeune ; le Solidariciel permet de constituer la galaxie, avec au moins trois familles.
Pour éviter les freins liés au manque d'accès à Internet, un micro-ordinateur équipé (notebook) et un abonnement Internet sont remis à chaque jeune.

A la différence de « Dixième Famille », c'est un salarié local et permanent de l'association et non un bénévole qui assure la coordination et la motivation de la galaxie autour du jeune. Une rencontre tous les quarante-cinq jours environ permet aux familles et au jeune d'échanger, de chercher collectivement des solutions sur des sujets de tout type : logement, dossiers administratifs type CAF, recherche d'emploi, loisirs et vie sociale...

Dans le cadre de Tuteur Plus, la grande nouveauté s'appelle « Diablog »*. Il s'agit d'un blog, propre à chaque galaxie, qui permet à ses membres de communiquer de manière active, afin de multiplier les conseils, les encouragements, les réflexions, à travers des mails, des messages instantanés (chat), des articles que peuvent écrire les jeunes sur l'évolution de leur parcours' Une application pour smartphone est en cours de conception. L'objectif de cet outil très interactif est de faciliter encore plus les échanges entre les familles-tutrices et le jeune adulte. Il s'agit de progressivement démontrer qu'une petite aide régulière, sous forme d'un conseil par exemple, peut être très simple, alors que la conjonction de ces petites aides est susceptible d'apporter un soutien décisif à la personne qui les reçoit.

Le deuxième objectif de ce blog est de permettre une évaluation de ce nouveau type de réseau solidaire. En effet, l'idée est de susciter la réflexion à l'intérieur de la galaxie et d'évaluer collectivement les impacts des différentes actions menées, d'identifier notamment celles qui permettent de renforcer les compétences du jeune. En outre, une évaluation externe du projet est prévue, tant par des professionnels associés (pédopsychiatres et sociologues) que par tous les citoyens intéressés qui, via un blog public alimenté par les blogs des galaxies, pourront s'informer sur les parcours des jeunes et émettre des avis sur les actions entreprises et les progrès réalisés. Un rapport qualitatif et quantitatif devait être issu de ces différents canaux d'évaluation et, dans la logique d'une démarche d'expérimentation rigoureuse, la généralisation du processus à l'ensemble du territoire aurait dû être décidée au vu des résultats de cette évaluation.

Mais aujourd'hui, l'association a cessé son activité.

Bilan

• En 2011 : Environ 1100 familles bénévoles accompagnent de manière pérenne environ 500 familles, dans 94 départements (France métropolitaine).
• Tuteur Plus : 10 jeunes accompagnés depuis le lancement de la démarche entre juillet et octobre 2011.

Partenaire(s)

Commission européenne (FSE), Conseil régional d'Ile-de-France, Ville de Mantes-la-Jolie en 2003-2004.

Fondation de France et fondations d'entreprise : Stéria, AG2R, La Mondiale, Vinci, AXA, Aviva, Veolia, Safran, EDF, Baudoux, Caisse d'Epargne...

Moyens

Financiers
Le budget annuel de l'association tourne autour de 200 000 euros (dont budget prévisionnel Tuteur Plus 130 000 euros, charges 20 000 euros salaires 50 000 euros).

Humains
3 ETP (animation du réseau national et de l'antenne nationale), 2 stagiaires, environ 1 100 familles bénévoles accompagnatrices sur tout le territoire.

Matériels
1 réseau informatique performant (Solidariciel), des bases de données répertoriant les savoirs et les actes solidaires, 1 site Internet.