Dans le Nord, des week-ends pour unir parents et enfants placés

Type d'action

• Parentalité
• Protection de l’enfance
• Accessibilité

Département

Porteur(s) de l'action

Association «Espace de vie»

Objectif(s) et bref descriptif

Afin de permettre aux parents d'enfants placés d'exercer leur droit d'hébergement dans des conditions de logement adaptées, l'association «Espace de vie» organise des week-ends en gîte rural pour les familles n'ayant pas la possibilité d'accueillir leur enfant à leur domicile.
Ces week-ends sont l'occasion de resserrer les liens entre parents et enfants placés ou entre frères et soeurs, ou simplement les maintenir. Mais l'originalité de ces rencontres dites «non médiatisées» est de faire partager en famille, et entre familles, des moments de vie quotidienne ailleurs qu'à l'unité territoriale du Conseil général sous l''il des professionnels. Ces rencontres ont lieu dans un Gîte de France avec la présence de deux accueillants de l'association.

Origine(s)

C'est en partant du constat que des placements se prolongeaient parfois sans que parents et enfants aient la possibilité de vivre réellement ensemble des temps de vie familiale, que l'Association Espace de Vie a été créée en 2004.
Pour les partenaires à l'initiative de ce projet (associations locales de protection de l'enfance - ADSSEAD, AGSS DE L'UDAF, Home des Flandres - ATD quart monde, le Conseil général, un juge des enfants, un avocat ), il s'agissait alors de combler un vide en donnant la possibilité aux uns et aux autres, lorsque le droit de visite au domicile familial n'était pas autorisé ou impossible sur un plan matériel, de se retrouver, le temps d'un week-end, en un lieu où loisirs, détente et partage seraient au programme.

Description détaillée

Chaque samedi, en début d'après-midi, trois ou quatre familles dont les enfants sont placés se retrouvent à la maison «Quart-Monde» de Lille pour partir un week-end ensemble, dans un gîte à la campagne, accompagnés de deux accueillants de l'association «Espace de vie».

Les différents temps qui rythment le séjour permettent de se retrouver en famille, souvent pour la première fois depuis des années de suppression de droits d'hébergement. Courses, préparation des repas, loisirs, sont autant de moments privilégiés qui rappellent aux parents tout l'intérêt de prendre le temps d'être avec leurs enfants et d'assumer pleinement leur surveillance. C'est ainsi qu'un petit garçon a fait la cuisine pour la première fois avec son papa grâce aux week-ends en gîte. La participation de tous à l'organisation des repas permet d'apprécier les savoir-faire culinaires de certains parents ou enfants, et de les valoriser.
Ces séjours réguliers permettent également aux parents de rompre l'isolement dans lequel ils peuvent parfois se trouver, et de se recréer une existence sociale indépendamment de la fonction parentale : la soirée est généralement un temps de fête, de jeux de société, de veillée autour d'un feu de cheminée ou simplement de discussions informelles. Souvent, des parents expriment le besoin de confier, en fin de journée, leurs difficultés familiales et préoccupations à l'un des accueillants ou entre pairs.
En fin de week-end, familles et accueillants se retrouvent à la maison «Quart-Monde» où les assistantes familiales et éducateurs viennent récupérer les enfants pour rejoindre leurs structures ou lieux d'accueil.

Qui peut bénéficier de ces week-ends, et comment y avoir accès ?
Un Week-end en gîte dans le cadre du droit d'hébergement peut se mettre en place à la demande du référent de l'Aide sociale à l'enfance, du juge des enfants, ou des familles elles-mêmes. La capacité d'accueil est limitée à deux à quatre familles maximum afin de garantir une bonne qualité d'accueil et d'accompagnement. Afin de soutenir la réélaboration des liens familiaux et d'accompagner les parents dans une évolution, le rythme des week-ends a été fixé à un toute les quatre à cinq semaines.
A noter que cette prestation exclut à ce jour les enfants placés pour motif de maltraitance. Cette orientation nécessiterait en effet le développement de compétences spécifiques au sein de l'équipe associative. Une participation de 2 euros par jour et par personne est demandée aux familles.

Qui sont les accueillants et quel est leur rôle ?
La volonté de ne pas médiatiser ces temps de vie familiale a conduit l'association à privilégier le recrutement d'accueillants n'étant pas des professionnels de la protection de l'enfance. Toutefois, afin de garantir une qualité d'accueil, de sécurité et de compétence tant aux services gardiens des enfants placés qu'aux familles, les accueillants de l'association justifient systématiquement d'une expérience professionnelle auprès d'enfants et de familles en difficultés et participent à une analyse régulière des pratiques avec la coordinatrice et un membre du comité technique de l'association. Une psychologue clinicienne assure une supervision des équipes une fois par mois.

Ainsi, les accueillants ont pour mission de :

• Créer les conditions d'accueil chaleureux permettant la prise en compte des personnes (parents et enfants).
• Créer un climat de confiance au sein du groupe de familles.
• Contenir les dérives (les enfants qui seraient peu respectueux des limites, des parents surpris et "dépassés" par ces comportements, des parents en difficulté psychologique, etc.).
• Favoriser les échanges entre parents, entre familles, pour permettre l'émergence de projets familiaux individuels ou collectifs (loisirs, vacances, vie quotidienne...).
• Laisser prendre la parole, éventuellement aider les parents ou les enfants à expliciter à partir de certains faits, leurs préoccupations éducatives (santé, scolarité, loisirs') ou leurs difficultés familiales (mise en commun de vécu ou de ressenti).
• Restituer la parole du groupe (compte-rendu du groupe lui-même).

Bilan

• Exercice effectif du droit d'hébergement pour des parents d'enfants placés qui ne peuvent l'exercer dans la mesure où ils ne bénéficient pas d'un droit de visite à leur domicile (pas de droit de visite au domicile mais accordé par le juge dans le cadre des week-ends organisés par Espace de vie) ou que leurs conditions matérielles de vie ne leur permettent pas de l'exercer (conditions de logement très difficiles voire absence de logement, instabilité géographique, etc.) !
• Emergence de capacités parentales liée à l'absence de regard professionnel durant ces week-ends.
• Capitalisation de réels moments partagés entre parents et enfants donnant du sens aux rencontres parents-enfants.
• Les référents de l'ASE constatent un apaisement des enfants dans le vécu qu'ils expriment à l'égard de leur placement.

Partenaire(s)

Trois services associatifs d'AEMO de la métropole Lilloise
Un foyer associatif de la métropole Lilloise
Un foyer associatif à Valenciennes
Le mouvement ATD Quart-Monde
Un avocat
Le Conseil général

Moyens

Une coordinatrice
Six ou sept accueillants qui se relaient pour les week-ends
Un temps de supervision de psychologue clinicienne